The Bachelors : la force des émotions
La plateforme e-cinéma a ouvert ses portes et déjà elle propose un film indépendant assez touchant avec un casting très plaisant, The Bachelors.
Un père est au chevet de son fils et lui dit « il faut partir d’ici ». C’est à partir de cette première scène que le long travail de deuil va être exposé pour ces deux hommes à qui la mort a pris la seule femme du foyer.
Bill (J.K. Simmons) et son fils Wes de 17 ans déménage d’une petite ville à la grande ville pour un nouveau départ. Chacun va vivre une romance qui va l’éloigner de l’autre afin de mieux se rapprocher par la suite.
A travers le portrait de ces deux hommes, The Bachelors va aller chercher les mécanismes du deuil. Entre le mari veuf qui cherche à retrouver des émotions et le fils qui cherche à les camoufler, la paire aura des difficultés à reprendre le fil normal de leur vie.
Bill est professeur de maths et sa rencontre avec Carine (Julie Delpy), prof de français, va lui redonner un peu d’activité. Mais comment passer à autre chose quand le souvenir est omniprésent ? Wes rencontre Lacy, la fille un peu étrange du lycée, (Odeya Rush, sosie de Mila Kunis, à suivre), il va l’aider en français et découvrir qu’elle n’est pas celle qu’on croit.
Dans ces deux schémas, rien n’est surprenant. C’est surtout dans la sincérité du propos que The Bachelors trouvera sa force. Si le script ne surprend jamais par ses choix, il arrive à proposer une belle gradation de l’empathie et de la dramaturgie. Il y a une belle pudeur dans la démonstration des sentiments qui force le respect. Bill ne sera jamais maître des événements. Lui qui croule sous les médicaments, il est contraint de survivre plutôt que d’essayer de vivre. Idem pour Wes qui voit en Lacy, une curiosité. En cherchant à la comprendre, il se force à oublier son deuil. On n’évite pas les scènes un peu mélo sauf que The Bachelors ne va jamais trop loin et s’arrête vraiment pour laisser au spectateur le temps de penser et réfléchir aux émotions qu’il faut. Et le climax dramatique ose quelque chose d’assez poignant.
Les romances modernes doivent inscrire des petites subtilités pour subsister dans le temps. The Bachelors a donc l’idée de donner à Wes un siège monté à l’envers sur sa voiture, histoire de créer une identité. C’est louable puisque la comédie romantique avec Daniel Radcliffe, Et (beaucoup) plus d’affinités était dans un classicisme absolu mais se permettait un gimmick avec les animations à l’écran. Si ces ajouts peuvent inscrire les films dans la mémoire, on ne va pas douter de la bonne intention.
The Bachelors arrive à émouvoir en fin d’histoire. Les personnages sont suffisamment bien campés et définis pour qu’on ne se détache jamais de leurs ressentis. Pour un premier film, Kurt Voelker a réussi à réunir un beau casting autour d’une belle histoire aux thématiques fortes. C’est donc un beau film? A vous de juger sur e-cinéma.