Prison Break saison 5 : sans spoilers, on vous le dit, c’était pas trop honteux
7 ans après la fin de la série, Prison Break fait son retour pour une mini-saison de 9 épisodes. Le temps fait-il oublier les déceptions ?
Evidemment, on vous spoile la fin de la série régulière et sa saison 4.
On avait laissé Michael Scofield pour mort. Et pour ceux qui avaient tenté l’épisode bonus que la production avait tourné « pour le plaisir », la raison de sa mort était différente et moins forte. Altruiste au possible, Scofield se permettait la phrase de Gandhi sur sa tombe « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». En martyr, Scofield devenait une icône de l’héroïsme dans les séries. Si la saison 1 avait été un immense plébiscite, les autres saisons ont eu des fortunes diverses. Entre grève de scénaristes et intrigues téléphonées, la série alternait entre le bon divertissement et le plaisir coupable.
C’est dubitatif que nous apprenions qu’une saison « revival » a été commandée par FOX. Quelles stratagèmes allait-on découvrir pour justifier la résurrection de Michael ? Nous étions déjà peu surpris de voir par quelle pirouette les scénaristes avaient justifier la non-mort de Sara qui était pourtant morte décapitée… Alors bon.
On peut dire que cette saison 5 comporte à peu près tous les ingrédients que la série a proposés. Nous avons une saison ramassée où la prison, l’évasion, la poursuite et le complot sont réunis. Et comble de malchance, nous avons aussi les qualités et défauts des 4 saisons. L’efficacité du plan de Michael de la saison 1 est là, l’ambiance de la prison de la saison 3 est là, le complot et les manigances et les coups bas que nous a amené la saison 4 sont présents et évidemment la fuite de la saison 2 n’est pas oubliée. Ainsi la sensation d’être devant quelque chose de pensé et d’écrit n’est pas surprenant. On sent que les scénaristes ont un plan sur les 9 épisodes. Le rythme est alors soutenu, sans grosses fausses notes durant les 4/5 premiers épisodes. ON pardonne aisément les grosses ficelles comme les plans toujours bancals de Michael ou les fausses bonnes idées du bourru Lincoln, lourdeau au possible.
C’est en milieu de saison que l’on comprend qu’il faudra être un peu moins pointilleux sur la cohérence des événements puisque rien ne tiendra debout au niveau montage, intrigues et même doublage (un des personnages est clairement en post-synchro, on ne le voit que rarement face à nous et quand c’est le cas, c’est une cata). On sent de grosses lacunes au niveau de la gestion du temps, Sara fait un aller-retour de 2x12h sans que l’intrigue n’y prête attention. En montage, une scène de kidnapping arrive avant une scène où le personnage est encore là… Et on terminera par un ultime rebondissement qui fera date dans l’histoire des rebondissements dans les séries TV, la fameuse HRSTV.
La saison est plombée aussi par un manque de budget significatif dans la seconde moitié puisque après la très bonne reconstitution du Yémen, les explosions ou autres accidents sont montrés hors-champ par la suite. Navrant.
Côté personnages, outre les deux frères, C-Note joue un rôle charnière mais finalement peu important alors que Sucre et T-Bag ne sont que des faire-valoirs. Mais il faut avouer que voir T-Bag appeler 911 est cocasse. Et ce personnage que Robert Knepper tient bien n’aura pas une intrigue des plus flamboyantes… Kellerman est sacrifié par manque de disponibilité de l’acteur et les ajouts sont plutôt anecdotiques. Les bad guys n’ont aucune prestance et sont transparents comme le fameux équivalent au grand chef de Daesh qui se fait tout de même avoir comme un bleu. Inbar Lavi (Imposters) nous gratifie de sa présence dans un rôle qui aurait mérité une meilleure écriture. On sent clairement son évolution future apparaître en deux scènes.
Et si l’histoire d’amour entre Sara et Michael pouvait ressembler à quelque chose en début de série, ici aucune émotion ne vient transparaître. Leurs scènes en commun n’ont aucune imagination et rien n’en ressort.
Et c’est quasi sans surprise que la saison se déroule. Même si on est happés par le rythme efficace, les intrigues et les rebondissement peinent à maintenir le plaisir. On sent de la souffrance dans l’écriture d’épisode en épisode et la conclusion s’avère libératrice à plusieurs niveaux. Cette longue quête de Michael Scofield qui aura duré 12 ans trouve une conclusion qui peut clairement servir de porte fermée. Il y a certaines séries qui ne peuvent pas faire subir plus que ça à son personnage central. L’aura du personnage gagne même quelques points par rapport à sa « sortie » de saison 4.
Clairement cette saison 5 n’est pas un retour aux sources mais on ressent une belle énergie, et pour ceux qui ont suivi la série jusqu’au bout avec encore un peu de plaisir (coupable peut-être en saison 4), c’est un très honnête appendice. Pour ceux qui ne croient qu’en la saison 1, passez votre chemin, vous pleurerez des barreaux de prison.
M6 diffuse la saison 5 dès le jeudi 15 juin. Le premier épisode est disponible gratuitement sur 6play.