Suite, remake, reboot

Premier Contact : communication comme unification

Arrival / Premier Contact est le nouveau film de Denis Villeneuve, l’un des réalisateurs les plus réputés de ces 10 dernières années. Il touche à la science-fiction avec ce film mettant en scène Amy Adams et Jeremy Renner.

Louise Banks est linguiste à l’université, Ian Donnelly est physicien. Tous les deux sont appelés par le gouvernement pour pénétrer l’un des 12 vaisseaux en état stationnaire qui sont apparus à travers le monde.

Basé sur une nouvelle de Ted Chiand intitulée Story of Your Life, Premier Contact brosse avec brio la part essentielle qu’a le langage dans notre monde et dans notre relation à l’autre. De l’humain à l’humain, d’une nation à une autre, la communication reste le nerf… de la guerre. D’ailleurs, comme mentionné dans le film, le mot guerre en sanskrit est synonyme de conflit et c’est là que se pose la base du film. Les conflits d’intérêt, les conflits de compréhension… en bref, comment deux individus, deux entités parviennent à communiquer quand elles n’ont pas le même langage?

Premier Contact arrive avec pertinence à nous expliquer d’une manière très fluide comment la barrière du langage, de l’expression peut déformer tout propos. A ce titre, la scène où Louise se présente comme Humain, peut prêter à confusion : comment savoir que Humain ou Louise est le genre et le prénom du personnage pour un alien qui ne comprend pas ? Ce point n’a pas été abordé mais peut-être là se trouve une question plus grande que l’intrigue principale du film.

Le côté didactique du film est bluffant. Louise (Amy Adams) raconte l’anecdote suivante: Lorsque les anglais sont arrivés en Australie ils ont demandé à des aborigènes comment ils appelaient cet animal étrange qui sautait. Ceux-ci auraient répondu: « Kangourou! » ce qui, en langue aborigène signifierait: « Je ne sais pas… ». Cette légende résume en tout point l’intrigue du film. Et par le biais de retour incessant entre les deux seuls décors du film (la base et le vaisseau, un peu triste tout de même, surtout que tout est grisâtre), Premier Contact nous montre comment un échange évolue en une compréhension de plus en plus concrète. Parallèlement, le film prend son sens à mesure que Louise progresse. La compréhension se joue sur le tableau de la fiction et de la réception par le spectateur. Brillant.

Les scènes avec la fille de Louise sont parfois un peu dérangeantes, plombant le film par un désir (qui est faussé au final) de rendre le personnage plus humain. Pendant 1h30, on peut se demander si tout ça n’est pas un peu trop Mallick-ien pour être honnête, un peu trop métaphysique de comptoir. Il n’en est rien. Le propos du film prend tout son sens (rendez-vous dans la section tout en bas pour expliquer la fin) et le film bascule vers une identité plus organique, à une narration plus complexe, à un film qui devient oeuvre.

premier contact critique

On retiendra deux petits bémols. La musique, en premier lieu, qui n’arrive à instaurer autre chose qu’un climat de malaise. Entre bruits et musique concrète, la bande originale parait trop viscérale pour appuyer un quelconque propos. Le second point qui peut déranger est la fin qui perd cet aspect très maîtrisé pour un épilogue un poil trop mélodramatique, trop brutale dans ses choix artistiques.
La conclusion amène aussi un questionnement utile : pourra-t-on revoir le film quand toute l’immersion du film se retrouve dans le jeu de non-dit ? Peut-on encore trouver du plaisir dans une fiction qui perd beaucoup de substance une fois le puzzle narratif résolu ?

Loin d’être complexe par sa structure, Premier Contact est rendu indispensable par son pouvoir d’immersion. La science-fiction a un nouveau beau représentant sans tambour ni trompette, le film est sobre et efficace. On ressort un peu fracassés de ce film tant le propos final, le message est dur : puisque nous sommes perdus quoiqu’on fasse, comprenons-nous. Entre espoir et pessimisme, Premier Contact ouvre le débat.

[wc_toggle title= »Explications sur la fin de Premier Contact (et donc spoilers !): » layout= »box »]


Le film base son intrigue sur la communication et la compréhension entre les êtres. Plusieurs fois, les scènes sont entrecoupées de moments entre Louise et sa fille. Ces interludes deviennent de plus en plus concrets à mesure que Louise décrypte le langage alien. Au détour d’une scène, l’alien lui apprend que la langue permet de faire tomber les limites du temps. Et à mesure que Louise comprend, arrive à parler la langue de l’heptopode, les moments avec sa fille deviennent des révélations. Ce n’est pas son passé mais son avenir. En comprenant la langue alien, elle a fait tomber les barrières du temps et sait désormais comment naviguer à travers son passé et son avenir. De ce fait, le présent et l’avenir s’entrechoquent et se répondent. Elle arrive à avoir le numéro privé du président Chinois en se rappelant du futur déjà écrit. Les deux timelines se répondent alors, puisant dans chacun la solution à l’autre. Il n’y a plus de temps, et la nouvelle ligne chronologique se construit en direct. Louise sait qu’elle a réussi à déchiffrer la langue ce qui lui permet d’à nouveau la déchiffrer avant que les gouvernements n’attaquent les vaisseaux.

[/wc_toggle]

 

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *