Kill Your Friends : British Psycho
Kill Your Friends, adaptation du roman éponyme écrit par l’écrivain John Niven et adapté au cinéma par ce dernier, est le premier long métrage du Britannique Owen Harris (Misfits, Black Mirror). Une satire frénétique sur l’industrie de la musique dans les années 1990 lors de l’explosion de la Britpop en Angleterre.
Londres 1997 : Les groupes pop comme Blur, Oasis et Radiohead règnent en maître sur les ondes. Steven Stelfox (Nicholas Hoult), 27 ans, producteur de musique et chasseur de talents, écrase tout sur son chemin. Poussé par sa cupidité, son ambition et une quantité inhumaine de drogues, il recherche le prochain tube. A mesure que les tubes se font de plus en plus rares, il tente désespérément de sauver sa carrière…
Pour un premier film, le réalisateur, habitué aux séries télévisées, s’en sort admirablement. Il nous sert une mise-en-scène très rythmée par les sons, les dialogues, les musiques et n’a pas peur d’en mettre plein les yeux et les oreilles. Il arrive à certains passages à prendre le spectateur au dépourvu mais surtout il ose sans contrainte. Cela grâce à un scénario qui tient parfaitement la route : l’auteur-scénariste connait son sujet et cela se ressent. En effet, nous obtenons une vision critique, certes poussive dans ses idées mais pas dénuée de sens ni de vérité, d’un monde qu’il a côtoyé (Niven était producteur de musique durant dix ans) et qu’il rejette aujourd’hui. Au lieu d’en faire un long métrage froid et déprimant sur un monde corrompu par l’argent et l’ambition, il nous dévoile une pure comédie noire – so British – qui touche à plusieurs genres tels que le thriller. Cela donne quelques scènes chocs où violence et drogues sont de mises – ce n’est pas sans nous rappeler le film de Marjane Satrapi, The Voices sorti en mars dernier qui jouait également sur la comédie et le thriller violent. Nous avons affaire à des dialogues savoureux, un humour des plus sarcastiques, le tout bercé par une bande son éclectique (de Radiohead à The Prodigy) signée par le compositeur Junkie XL qui a récemment travaillé sur Mad Max : Fury Road et prochainement sur Batman V Superman.
L’histoire nous accroche de bout en bout, on se plait à détester cet homme, Steven, sans scrupule qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. Comme mentionné un peu plus haut, bien que le film pousse la barre assez haute en matière de détermination (chantage et violence) on ne peut qu’y voir une certaine vérité sur notre condition actuelle dans une société où il faut être le meilleur pour être vu. L’un des producteurs Gregor Cameron y voit là une comparaison avec Le Loup de Wall Street, ces deux films ont quelques similitudes et nous exposent la cupidité et l’excès en tout genre dans le monde du travail. De plus, là où c’est intéressant, c’est qu’il rend le spectateur témoin et complice des faits et gestes du protagoniste – nous sommes constamment avec lui, à chaque scène. Ce qui nous amène à parler de l’interprétation de Nicholas Hoult, charismatique. Un rôle taillé pour lui tant il parvient naturellement à nous faire passer du rire au dégoût. On en viendrait presque à avoir peur qu’il finisse mal. Le reste du casting n’est pas en reste, tous très bons. Nous retenons notamment le jeune Craig Roberts (rôle principal de Submarine) qui devient un acteur à suivre, Joseph Mawle (vu brièvement dans Game of Thrones), le génial Ed Hogg dans le rôle d’un inspecteur aussi niais que cupide et un James Corden (Into The Woods) méconnaissable, pour n’en citer qu’une partie.
Un premier long métrage de qualité qui ne manque pas de charme et qui assume tout ce qu’il entreprend. Dans les salles dès le 2 décembre, à consommer sans modération !