Hindsight : la crise de la quarantaine différemment
La créatrice de la série, Emily Fox, est connue pour une autre série, Jane by Design où elle officiait comme scénariste. Oui, oui, l’une des pires séries de tous les temps. Ce qui est rassurant, c’est que Hindsight ne pouvait pas tomber plus bas.
J’ai lancé le pilote par hasard, sans avoir cherché au préalable à voir de quoi il s’agissait. On se retrouve de nos jours, alors que Becca (Laura Ramsey), la quarantaine, est sur le point de se marier pour une seconde fois. Coincée dans un boulot où elle n’est pas considérée à sa juste valeur, incertaine de la compatibilité avec son futur mari, regrettant amèrement la présence de son ancienne meilleure amie, Rebecca Brady est en pleine crise de la quarantaine. S’ensuit alors la panique pré-matrimoniale où elle ressasse toutes les erreurs de sa vie passée, et ô combien elle ferait tout autrement, et on sent de loin ce qui va se passer. Une seconde chance lui est offerte, elle va retourner dans le passé pour tenter de changer son avenir, enfin présent, enfin son destin quoi. Impossible de ne pas penser à Being Erica (on en parlera plus tard)… Du coup, je me frottais les mains en espérant que ce soit le nouveau Being Erica. Mais à part le saut temporel, les similarités s’arrêtent là, car Erica ne voyage que sporadiquement dans le passé alors que Becca semble bien partie pour revivre son premier mariage !
De là, avec le « recul » (tadam, hindsight !) nécessaire, elle va prendre exactement les choix opposés à sa première vie, ce que je trouve un peu dommage, de penser parce qu’au jour d’aujourd’hui sa vie ne lui plait pas, ça découle forcément des choix passés qui étaient tous mauvais… Je doute que ce soit vraiment ça, la vie. Il y a forcément des moments cocasses, avec non seulement les anachronismes, les petits clins d’œil aux années 90 (un lecteur cassette ! AOL ! Patrick Dempsey moche !), mais l’ensemble reste un peu léger. Toutes ces références sont balancées au spectateur qui sourit de temps en temps, mais n’a rien d’autre à se mettre sous la dent, l’histoire est réchauffée, les personnages sont peu travaillés, et je sens que l’héroïne va partir dans des introspections tirées par les cheveux. A un moment ou un autre, on aura droit à la morale « certaines choses sont inéluctables » couplée d’un « tout finit par arriver » avec quelques déviations au passage.
Bon choix narratif quand même, en faisant de la meilleure amie confidente (Sarah Goldberg, probablement le personnage le plus attachant), la personne qui soit au courant de sa situation de suite, et pas après X épisodes. Au niveau des caractères, Becca et Lolly sont le ying et le yang, et c’est comme ça qu’on atteint un équilibre de BFF. Oh, Lolly entretient également une relation secrète avec le frère (John Patrick Amedori) de sa meilleure amie, ce qui va le plonger dans une spirale dépressive dont Becca va sans doute essayer de l’en sortir puisqu’elle est au courant… En même temps, elle va renouer avec son premier pas tout à fait mari (l’Australien Craig Horner vu dans Legend of the Seeker), on sait juste qu’ils ne sont plus ensemble mais on ignore les contours de leur histoire, et ça va sans doute être l’un des points sur lequel la série va se concentrer. Le second presque mari appartient également au passé de Becca puisqu’il s’agit d’un de ses amis d’enfance, avec un charisme d’huître, qui pourrait pourtant être l’homme de sa vie.
Vh1, une chaîne principalement musicale, n’a pas énormément de scripted series à son actif, on peut compter Single Ladies, Hit The Floor et désormais, Hindsight. En fait, c’est une petite dramédie qui aurait sa place sur Lifetime ou Bravo. A la base, elle avait été développée pour NBC quand même. Bref, on sait qu’il n’y a pas beaucoup de moyens, les acteurs sont recyclés ou inconnus, en gros, si Nostalgie avait sa propre série TV, ce serait probablement une qui ressemblerait à celle-ci.
(P.S. : Pour revenir sur Being Erica, l’héroïne était beaucoup plus fraîche qu’ici. On avait vraiment l’impression qu’elle méritait de changer la direction de sa vie, et ça marchait en plus. Alors que là, on dirait une petite fille gâtée qui est victime d’un heureux hasard et qui réfléchit trop à refaire sa vie…)