Ligne d’eau trouble
Ligne d’eau sera en salles demain (14 mai). Second long métrage du réalisateur Tomasz Wasilewski, Ligne d’eau a été compliqué à mener à bien, ainsi qu’à promouvoir en Pologne, la tolérance envers les homosexuels étant très longue à se généraliser.
La Pologne, de nos jours. Kuba est un jeune nageur qui vit chez sa mère avec sa copine Sylwia. Lors d’une soirée, il rencontre Michal, brun et ténébreux. Les deux hommes semblent magnétiquement attirés l’un vers l’autre et commencent à passer beaucoup de temps ensemble.
Ligne d’eau choisit le non-dit. Les scènes sont descriptives. Le scénario très maigre. On observe la relation de Kuba et Sylwia s’effriter, celle de Kuba avec Michal se densifier. On en saura finalement très peu sur chacun des personnages. L’historique même de leur relation reste floue. Kuba et Michal se connaissaient-ils avant ? Une phrase de Sylwia laisse à penser que oui, mais nous n’en serons jamais sûrs.
Comme nous l’explique le réalisateur lui-même, Ligne d’eau se focalise sur la dimension émotionnelle, et pas sociale. Comme une pause effectuée au cœur de ce climat agressif et intolérant. Mais cette intention était-elle la bonne à adopter ? Le choix du réalisateur est à respecter, mais on ne peut s’empêcher de se dire que le film manque du coup de puissance, et de profondeur. La natation semble être au cœur du film, mais ne se révèle n’être en réalité qu’un prétexte. Dommage : il aurait été intéressant de parler de l’homosexualité dans l’univers du sport et de la compétition.
Le sport n’est pas le seul sujet, d’apparence central, à ne pas trouver sa place dans Ligne d’eau. La relation compliqué de Kuba avec sa mère est abordée sans être traitée. Le héros semble hésiter tout le film entre Sylwia (son amie, sa caution morale et sociale) et Michal (son amour) : on a très peu d’éléments pour comprendre ce qui finalement le mènera au choix final. Lorsque les lumières se rallument, on réalise que l’on connaît très mal les personnages. Et ce qui nous perd, en tant que spectateur, c’est cette volonté du réalisateur de ne pas approfondir. Rester en surface, donner à voir et à comprendre par petites touches, et se faire soi-même sa propre opinion, jusqu’à sa propre histoire. Ligne d’eau peut plaire, tout comme il peut perdre.
A la fin de la projection, Tomasz Wasilewski fait part au public des difficultés qu’il a rencontrées lors de la réalisation de Ligne d’eau. On sent une vraie tension, quelques mauvais souvenirs. Le teaser du film a été supprimé, et beaucoup d’acteurs ont renoncé au projet avant l’audition. Néanmoins, la réception du film par les critiques polonais a été très bonne ; il a déjà reçu quelques prix.
Critique positive aux arguments intéressants trouvée sur baz-art.org