Timbuktu – L’intellectualisme des Césars
Avec 7 César, Timbuktu a mis tout le monde d’accord. Ou presque.
Le bonheur est simple pour Kidane, qui s’occupe tranquillement de ses vaches, passe du temps avec sa femme et sa fille dans les dunes près de Tombouctou, qui a été asservi par les djihadistes et leurs règles. Mais ce bonheur va se briser quand il va tuer accidentellement un pêcheur qui s’en est pris à sa vache préférée…
Timbuktu n’a pas une histoire des plus joyeuses. Son réalisateur, Abderrahmane Sissako, Mauritanien qui a passé son enfance au Mali, y capture l’occupation par les djihadistes d’un petit village non loin de Tombouctou. C’est la réalité qu’il a voulu retranscrire dans son film car il a voulu traiter de ce thème après un fait divers. Un couple qui a eu des enfants en dehors des liens matrimoniaux a été lapidé en place publique. L’histoire du Touareg est également inspirée d’une histoire vraie. Et on se dit que ça arrive encore de nos jours, (enfin, presque, puisque les événements ont démarré en 2012) et on se met à réfléchir.
Je n’ai pas de problème pour avouer qu’il y a des films trop intelligents pour les néophytes en cinéma comme moi. Je suis allée voir Timbuktu car le sujet avait l’air intéressant, que le buzz grandissait, et que j’avais du temps à perdre. Bien entendu, je ne m’attendais ni à un drame hollywoodien ni à un film d’auteur français, mais plutôt à une sorte de docu-fiction. Alors oui, la dénonciation des méthodes des extrémistes est faite très subtilement. A vrai dire, ils sont aussi amateurs que vous et moi. Le spectateur voit bien qu’ils n’ont pas l’habitude d’être organisés, et qu’ils suivent les ordres et tentent de les appliquer tant bien que mal mais sans réellement comprendre le pourquoi de leurs agissements si ce n’est que c’est dicté par la religion. Les symbolismes de grandeur, de liberté, de courage sont omniprésents chez les habitants qui n’ont jamais rien demandé et c’est fort, très fort. Les droits humains existent, et le résistant n’a pas dit son dernier mot dans la défense de sa propre culture. Même si la musique, les rires et même le football leur sont interdits, ils luttent à leur manière contre cette oppression illégitime. La scène qui m’a sûrement le plus marquée est celle du jeu de foot sans ballon. Le plaisir le plus simple leur est enlevé pour une raison injuste.
Mais bon Dieu que c’était lent. Oui, un plan sur la rivière, c’est très beau, mais un plan qui dure trois minutes complètes dans un silence fabriqué, ça lasse. Ah pardon, oui, il y a le petit son de l’eau qui coule. Les acteurs principaux néophytes sont assez bons dans l’ensemble. Du héros Ibrahim Ahmed (un chanteur espagnol connu sous le nom de Pino) à sa femme (une chanteuse repérée en France) en passant par la petite. Et malgré des moments où l’authenticité et surtout la volonté du réalisateur de dénoncer ces faits se font ressentir bien au-delà de l’écran, cela reste vide à d’autres moments parce qu’on ne sait pas trop sur quoi porter notre attention. Je veux bien croire qu’il faut plus de films impliqués comme Timbuktu, mais je ne comprends pas pourquoi des films moins élitistes ne peuvent pas avoir leurs chances aux Césars. Sans doute pour garder cette image d’intellectualisme français ? Mais il faut peut-être se remettre en cause quand la cérémonie est critiquée de toute part de par sa longueur et son manque de sens du spectacle. Il ne suffit pas d’inviter Sean Penn et Charlize Theron pour rendre l’ensemble plus intéressant. Pas étonnant que Le Grand Concours des Animateurs obtienne plus de parts d’audience, et de très loin !
(P.S. : Ça reste malgré tout un beau film, hein, qui va sûrement dépasser le million d’entrées avec son repassage en salles. Mais ça n’empêche pas qu’on peut aussi s’ennuyer.)