Critiques de films

The Substance : un esprit pas sain dans un corps pas sain

Prix du scénario à Cannes, le film de Coralie Fargeat, The Substance, met à mal les corps, les hommes, les médias. Mais est-ce que c’est réussi tout ce bazar bizarre ?

 Il y a une règle dans les films : quand on expose des règles, c’est qu’on va les transgresser. Et The Substance démarre sur l’Etoile du Walk of Fame d’Hollywood estampillée au nom d’Elisabeth Sparkle (Demi Moore), ancienne gloire du cinéma qui est devenue star du fitness à la télévision. Mais les années ont passé, le public veut du sang neuf. Son producteur, joué par Dennis Quaid, souhaite la remplacer par une femme plus jeune.

The Substance part d’un bon postulat.

Elisabeth découvre l’existence de la substance, un produit miracle qui crée une version parfaite de vous, qui pourra, à coup sûr, vous aidez à mieux vivre. Mais il y a 3 règles. Il faut se cloner une seule fois, se stabiliser tous les jours avec un produit et permuter toutes les semaines.

Oui, car si son clone est actif, son modèle ne l’est pas, et inversement.

Et là, on se dit : mais qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? Sauf qu’on se dit surtout : quand est-ce que ça va mal tourner ?

The Substance est un film réalisé par Coralie Fargeat avec Demi Moore, Margaret Qualley.

Son clone est joué par Margaret Qualley (fille de l’actrice Andie MacDowell). Elle se donne le nom de Sue. Jeune, corps parfait (Qualley était d’ailleurs pimpée par des faux seins), Sue va donc réussir à se remplacer elle-même à la tête de l’émission de fitness.

Aucune des deux n’a de souvenirs de ce que l’autre fait. Chacune vit sa vie comme elle le souhaite. Mais l’appel de la jeunesse, de la réussite pousse le retour à la normale vers la sortie. Forcément, ça tourne mal, les règles ne sont plus respectées.

Partant du principe qu’on sait par quels moyens tout va mal tourner, on cherche alors d’autres intérêts. C’est bien filmé, avec des grand-angles, des couleurs flashy rappellent les années 90. On est d’ailleurs dans un Hollywood alternatif où on se sent dans les années 90 avec la technologie d’aujourd’hui. Fargeat aime filmer les corps de femme, elle aime aussi mettre les hommes dans de sales draps. The Substance ressemble donc à Revenge, son précédent film. C’est de la misandrie un peu crasse (peut-on faire ce qu’on dénonce du coup, même en 2024 ?), de la sexualité décomplexée (les corps sont exposés en bien et en mal) et du bain de sang à outrance.

Sans surprises, vraiment ?

The Substance part d’un postulat digne d’un bon Contes de la Crypte (série d’horreur anthologie des années 90), ou d’un Black Mirror, voire d’un American Horror Stories (la version anthologie par épisode sur Disney+). Sachant que la mécanique va s’enrailler, on ne sera pas trop surpris de la teneur des événements. Et qui dit manque de surprise, dit baisse d’intérêt. Heureusement, c’est dans le timing des rebondissements que le film joue sa carte. Sans faire dans l’originale, le film joue sur la manière d’approcher l’intrigue. On est donc toujours attirés par l’histoire.

The Substance est un film réalisé par Coralie Fargeat avec Demi Moore, Margaret Qualley.

Le film durant 2h20, on avait peur d’une certaine lassitude. Mais c’est oublier un dernier quart qui force le trait. On pense alors que le script échappe à la réalisatrice, qu’elle ne sait plus comment finir son histoire. Il y avait plus simple, plus sobre, plus pertinent que de plonger dans le grotesque, le concret. Ainsi, la monstruosité du propos prend forme et le film devient quelque chose d’assez différent du ton général du film. On est presque surpris de voir que ce qui aurait pu être un cauchemar est la réalité.

The Substance, qui avait commencé comme un bon épisode d’anthologie, finit comme… un mauvais épisode d’anthologie. Et encore, Les Contes de la Crypte adepte du over the top aurait pu très bien faire la même conclusion. Outre la réalisation, le montage très rythmé, les deux actrices assez convaincantes, et l’histoire facile et provocante, The Substance perd juste des points sur son climax.

ATTENTION SPOILERS SUR LA FIN DE THE SUBSTANCE

Les règles sont de plus en plus oubliées, Sue essaye de vivre le plus longtemps possible, et à force de « pomper » l’énergie d’Elizabeth, celle-ci pourrit, se transforme. Elizabeth souhaite arrêter l’expérience. Elle reçoit un produit qui va euthanasier Sue. Mais Elizabeth veut ressusciter Sue une dernière fois. Les deux sont réveillées. Elles se battent et Elizabeth est tuée par Sue.

Sue ne peut plus se stabiliser. Sur le plateau d’une émission, elle commence à voir son corps se dégrader. Elle tente de se cloner, mais c’est une créature difforme qui nait. Cette créature prend le pari de se montrer tout de même aux caméras. Elle arrive à aller sur le plateau. Le public la découvre. Ils sont pris de dégoût mais trouve ça tout de même « normal » d’avoir ce genre de créature devant eux. Mais le corps de la créature est hors de contrôle, elle se disloque, le public se met à hurler. Une panique générale commence. La créature perd un membre et une gerbe de sang recouvre le public et la salle.

La créature arrive à sortir du studio. Elle tombe et s’éclate au sol. La tête de ce qui ressemble à Elizabeth fuit le cadavre. Elle s’arrête sur l’étoile du Walk of Fame. Elle pourrit, se dissout et disparait sous les brosses d’une nettoyeuse.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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