Faut-il continuer SUPERGIRL ?
On posait la même question sur Supergirl, il y a deux mois. Avec la pause de Noël, il est temps de faire un premier bilan sans spoiler.
Dans le précédent bilan, je précisais que Supergirl est « léger, pas prise de tête, écrit maladroitement et finalement assez peu engageant malgré les efforts du casting. » Et ça résume encore très bien ces 8 premiers épisodes.
LEGER car les enjeux sont finalement très en deçà de ceux que l’on peut trouver dans Flash par exemple. On se retrouve devant un Ally Mc Beal avec des pouvoirs, à savoir l’histoire d’une jeune fille qui se cherche. L’ambition ne décolle que rarement. Les épisodes sont interchangeables et les rares idées de fils rouges sont peu encourageantes entre un triangle amoureux, une hiérarchie étouffante, un douloureux passé familial, une relation soeur / soeur de base. Tout sent très fort le formula show CBS. Les 8 épisodes montrent une légère progression mais tout semble aller aussi vite que dans le pilote avec une identité secrète mise à mal rapidement, des fils rouge qui ne tiennent pas la longueur (l’affaire du père est déjà réglée) et des finalités ronronnantes.
PAS PRISE DE TETE car c’est très manichéen et traité vraiment pour un public qui ne doit pas avoir une mémoire des épisodes précédents, un savoir encyclopédique. Le côté feuilletonnant reste superficiel et les enjeux restent très stables, ancrés dans des archétypes d’intrigues qui deviennent peu à peu des stéréotypes. Les prétextes s’alignent : l’épisode où Kara n’a plus de pouvoir, l’épisode où la mère revient, l’épisode où le méchant revient, l’épisode où le passé resurgit, l’épisode où elle a une tâche minime qui se transforme en problème (la garde du fils de Cat…). Supergirl a une mission simple, offrir du divertissement tout en brossant le public dans le sens du poil à base de multiples références au modèle Superman, celui qui semble régner sur la série. Il semblerait que la série se débarrasse déjà de sa menace principale pour passer la seconde. Le récit initiatique ne devra(it) pas prendre toute la saison.
ECRIT MALADROITEMENT car il faut l’avouer, le pilote a donné le ton pour ces 7 épisodes suivant. Rien n’est surprenant dans Supergirl. Cette étrange mais sympathique sensation d’être dans une série des années 90 fait presque du bien. Certes, elle est loin d’être aussi fraîche que The Flash mais elle semble satisfaite de sa propre identité. Cependant, on est dans des scripts très balisés à la gestion du scénario prétexte comme cité plus tôt. A une rare occasion, Supergirl a fait un choix osé avec le triste destin d’un terroriste. Mais la série reste un peu héréditaire de Smallville avec des scénarios peu travaillés qui renvoient à un canevas scolaire, des cas d’école, qui ne servent en rien la progression et la psychologie des personnages. Et quand on a une Supergirl qui a un rhume et qui ne l’a plus dès qu’elle a le bras cassé, on sent que le scénariste ne cherche pas plus loin et ne complique pas la vie. La plupart sont dbutants ou ont travaillé sur des séries comme Rizzoli & Isles, Revenge, Degrassi ou encore Under The Dome… Des modèles !
ASSEZ PEU ENGAGEANT ? La série ne délivre aucun moment inoubliable mais les scènes d’action sont plutôt très bien gérés. Faire voler quelqu’un n’est jamais aisé. On se rappelle du Superman des années 50, de Jerry O’Connell qui rusait pour léviter dans Superkid, de Dean Cain sur fond bleu dans Lois et Clark... Avec Smallville, on était déjà dans quelque chose de plus propre… Ici, oui, on ressent le tournage sur fond vert en studio mais c’est assez dynamique et plutôt convaincant. Les scènes nocturnes sont crédibles, du sauvetage de l’avion jusqu’au survol des bureaux de CatCo.
Et que dire de cette scène reprenant plan pour plan le fight de Man Of Steel. Bluffant. Dynamique.
Les différents pouvoirs de Supergirl (pour l’instant superforce, vision X-Ray, souffle) sont bien fichus avec une mention pour la vision X-Ray qui en impose. Couplée avec l’expression de Melissa Benoist, c’est presque mieux retranscrit que dans Man Of Steel et Smallville. La super-vitesse est peu employée comme dans Flash, sûrement pour éviter de cannibaliser le fait que Flash n’a que ce pouvoir.
LES EFFORTS DU CASTING sont appréciables. On avait relevé le joli minois de Melissa Benoist et on peut dire qu’elle assure dans les collants de la Kryptonienne. Elle a les épaules pour tenir son rôle titre. Elle n’est pas ridicule en costume et reste très Girl Next Door en chemisier. Quand elle arrive à creuser un peu plus loin son personnage dans des scènes de colère ou de détresse, elle atteint un niveau plus que raisonnable. Il faut la voir être au bord du gouffre contre le ridicule Red Tornado (le faux pas de la série pour l’instant). La fureur l’élève au-dessus d’un Grant Gustin.
https://www.youtube.com/watch?v=S4QFmUTUkPo
Alors qu’elle peine à dévoiler un peu de son personnage, Calista Flochkart reste campée dans des talons aiguilles trop coincés pour parvenir à ne pas devenir agaçante. Quand elle sort de ce personnage caricatural, on retrouve un peu le talent de Calista. Son personnage ne pourra sûrement jamais sortir de son bureau… à moins que la révélation de l’épisode 8 arrive à décoller la pulpe du fond de Cat. Concernant Jimmy, Finn ou Alex Danvers, ils n’ont aucun background suffisant pour offrir de l’épaisseur. Les acteurs font le job mais n’essaient jamais d’aller plus loin.
Le verdict est mitigé en lisant ces lignes mais il y a un vrai attachement à l’univers entier. Si les audiences se stabilisent autour de 7 millions, difficile de voir à long terme. Il y a une seule surprise qui peut élever la série : l’identité de Henshaw. Tout ce qui a été oublié dans Smallville et Lois et Clark pourrait se retrouver dans la série et permettre d’être un simili Superman en série. Si même Lucy Lane est là et si même Clark Kent jeune apparaîtra en flashbacks… difficile alors de ne pas juger Supergirl comme une série vitrine plutôt qu’une adaptation.