L’Etrange Festival 2013 : Resurrection of A Bastard, sur un arbre perché…
Que se passe-t-il après qu’un salaud ait droit à un retour de manivelle? Beaucoup de films peuvent se terminer ainsi. Guido van Driel choisit de s’intéresser à l’ « après », en adaptant son propre roman graphique éponyme,Resurrection of A Bastard.
Le film s’ouvre donc sur un Ronnie ( Yorick van Wageningen) silencieux, dans sa voiture roulant aux alentours de Dokkum, une des provinces hollandaises. Pendant que son chauffeur et ex-associé déblatère une logorrhée sexiste et raciste impromptue, Ronnie est bloqué par une minerve et a le regard ailleurs. A l’extérieur, même. Où quelqu’un s’apprête à faire brûler un tas de fumier, et il accourt alors même qu’il prend feu accidentellement. Un don de prescience qui nous dit que Ronnie est transfiguré.
En alternant les séquences entre le « vieux » et le « nouveau » Ronnie, van Driel nous empêche de ressentir une quelconque sympathie, ni un quelconque amusement de la violence et du caractère vil du personnage. Son passage à tabac d’une mère de famille sous les yeux de son enfant achève de rendre le tableau glaçant, et nous avertit que « Resurrection Of A Bastard » n’est pas une comédie noire, loin s’en faut. Dès lors, la quête de rédemption de Ronnie nous paraît vaine, bien emballée par l’incompréhension de ses anciens partenaires et son interaction avec l’employée de l’auberge où il trouve refuge. Mais, comme dans tout polar, son passé est trop lourd pour ne pas le rattraper, même de façon karmique.
« Resurrection Of A Bastard », utilisant le monteur de « Bullhead« , est un film contemplatif au point de l’entêtement, nous présentant une galerie de petites frappes somme toute banale, dont le spleen nous est assené par petites touches. Van Driel ne choisit pas de tourner en dérision la quête de rédemption et de zen de Ronnie ; mais il ne parvient pas non plus à nous proposer un univers suffisamment original pour maintenir l’intérêt. Peu importe cette séquence de bravoure où on nous présente le chef de Ronnie, sorte de Dick Rivers de salle des fêtes s’exprimant en anglais.
Un pataquès métaphysique
L’intrigue secondaire de Resurrection Of A Bastard est la plus problématique et absconne du film, au point qu’un spectateur a demandé une clarification après la séance, lors de sa présentation à l’Etrange Festival. Eduardo (Goua Robert Grovogui) est un immigré angolais qui travaille dans une exploitation agricole. Son passé n’est abordé que par petites touches, et son parcours laisse songeur quant au lien métaphysique qui l’unit à Ronnie. La description de son traumatisme, et de ses écarts comportementaux, rendent Eduardo attachants mais tellement déconnecté de l’ensemble qu’on a l’impression qu’il est dans un autre film. C’est là où van Driel s’enfonce dans la prétention. Dommage : le sens du cadrage et l’exécution visuelle des tableaux visuels le rendent prometteur – mention spéciale au final littéralement crépusculaire. Mais en pervertissant les attentes du spectateur, Resurrection Of A Bastard reste perché dans son arbre, hors de portée.