Polisse : Le vrai sonne faux
Le problème avec cette sorte de cinéma vérité, c’est qu’il est toujours très juste dans la démonstration mais rarement dans le propos. Polisse n’arrive pas à transmettre des émotions à travers la narration fictive. Seul le montage arrive à produire du sens.
J’ai l’impression de ressortir mes cours de cinéma de fac avec ces termes mais globalement l’idée est là. Le film arrive à raconter quelque chose et à produire du sens mais n’atteint jamais la strate essentielle : le sentiment brut.
Dès que le film frôle la fiction avec la romance ou des rebondissements, il perd beaucoup. Par contre, là où Polisse s’en tire vraiment bien est dans la fluidité de l’histoire, on entre dans le monde de la BPM en un clin d’oeil grâce à des acteurs d’un naturel bluffant. Seule Karin Viard semble être en deçà des autres, notamment au début où elle n’arrive pas à gagner en crédibilité. Cependant, Marina Foïs perd elle sa crédibilité en fin de métrage.
Joey Starr est malheureusement coincé dans son personnage de grande gueule au physique cassé. S’il arrive à être bon dans le registre, il y a toujours ce fossé entre ce qu’il est et ce qu’il doit être. Sa romance avec le personnage joué par Maïwenn (jamais crédible) sonne totalement faux dans sa progression et son évolution.
Dans sa manière d’aborder la vie des personnages, il y a comme une rupture en milieu de film avec une fictionnalisation un peu grosse de certains personnages comme Melissa et Fred (Maïwenn et Joey) ou encore la relation entre Nadine et Iris (Viard et Fois).
Le film enchaîne les scènes pour créer de la narration et on se prend vraiment au jeu. Il manque juste un peu d’empathie de ma part pour les cas. Pour relancer le film, certaines victimes apparaissent pour soutenir le récit (le jeune gymnaste en est le parfait exemple puisqu’il sera là pour conduire le parallèle avec la fin du film). Le cas de la jeune violée qui accouche a été une partie très bien ficelée, très pure, glauque et dure, une grande scène. La partie avec Kiberlain aurait mérité une plus grosse exposition tellement les personnages étaient d’un grand intérêt. Le point faible du film se trouve donc dans l’abandon de cas, il brosse des tranches de vies, des débuts d’affaires sans entrer dans le détail et c’est ce petit manque qui fait perdre des points au film.
Polisse a le cul entre deux chaises à osciller entre du vrai vrai et du faux vrai. Le souci de crédibilité nuit un peu au film mais il reste néanmoins une réussite dans le domaine.