PIFFF 2013 : Byzantium, les liens du sang
Parmi les avant-premières du PIFFF, le dernier film de Neil Jordan, « Byzantium » était présenté jeudi dernier. Une relation mère-fille gothique et dérangeante et un vrai coup de coeur.
Au vu des retours de plus en plus menus sur l’exploitation des films en salle, en particulier des films de genre, il n’est pas forcément étonnant que le dernier opus de l’Irlandais Neil Jordan, «Byzantium », fasse l’objet d’une exploitation DVD/Blu-Ray par Seven 7. Mais sa projection au PIFFF, jeudi dernier, ne laissait aucun doute quant à la qualité du film et sa capacité à mériter les honneurs du grand écran. « Byzantium » est donc un direct-to-DVD uniquement par défaut, pâtissant de l’absence de stars : Gemma Arterton n’est pas vraiment devenue une star internationale avec « Prince Of Persia », et Saoirse Ronan a quelques performances remarquées mais certainement pas les honneurs d’une tête d’affiche.
Trêve de lamentations : intéressons-nous à ce qui rend le film. Sur le papier, rien de très nouveau dans l’univers vampirique proposé, ici, une mère et sa fille sont vampires, l’une par choix contre l’avis d’une confrérie de vampires masculine et n’acceptant pas de femme, l’autre par volonté de sa mère de sauver son seul espoir dans une existence rythmée par les perpétuelles fugues et les passes passagères. Gemma Arterton offre une composition sensuelle, mais aussi marquée par une étude psychologique dérangeante chez quelqu’un qui mène une existence de vice depuis deux siècles. Mais à vrai dire, avec la confrérie perpétuellement à ses trousses, elle a tout sauf le temps ou l’envie de communiquer avec sa fille, devenue immortelle à 16 ans et perpétuellement sur le point de s’en séparer pour de bon. Saoirse Ronan livre une autre performance aussi intense que « Maintenant c’est Ma Vie » (à l’affiche en février, dont on va reparler très vite), en vieille âme qui va trouver quelqu’un en qui se confier.
Byzantium – International TRAILER #2 VO|HD720p]par Lyricis
Un romantisme poisseux parcourt « Byzantium », mais Jordan ne fait jamais dans le trash malgré l’occupation de Clara et sa propension à manipuler très vite les hommes qui se dressent sur son passage. Clara tombe sur un client dont la mère est récemment décédée, et va transformer sa vieille maison de la région de Cork en maison close, la bien-nommée Byzantium. Le tout sous les yeux de plus en plus las d’Eleanor. Les flashbacks nous détaillant la vie de Clara, et comment elle est parvenue à l’immortalité, sont marqués par des figures masculines méprisables, au point qu’on peut supputer que Jordan nous les met en scène comme les vrais vampires du film. La mythologie autour de l’immortalité nous donne lieu à des scènes très baroques et gothiques. Au fur et à mesure qu’Eleanor sort de sa carapace, Clara se fait plus impitoyable. Mais toutes les clés nous sont données pour comprendre les motivations de l’une et de l’autre. En privilégiant l’émotion et le spectaculaire, et en ajoutant de belles scènes de poésie torturée, portée par des compositions envoûtantes signées Javier Navarrete, l’opulence de « Byzantium » se révèle une vraie réussite, destinée à passer inaperçue. Gageons que quelques amateurs éclairés sauront lui donner justice de manière rétrospective.