Lulu Femme Nue : la Vendée, ce triangle des Bermudes
Le nouveau film de Solveig Ampasch (réalisatrice de « Louise Michel, La Rebelle » et « Queen Of Montreuil » s’enlise dans un voyage itinérant aux dialogues iniques et au ton inexistant. Revue des dégâts.
« Lulu Femme Nue »,
c’est l’adaptation d’une BD d’Etienne Davodeau. A la base, il y a Lulu (Karin Viard) qui passe un entretien d’embauche. Qui se passe mal. Plutôt que de rentrer chez elle, elle décide de ne pas retrouver de suite son mari et ses trois enfants, prétextant un ennui temporaire. Au départ, c’est pour une nuit à l’hôtel. Pendant laquelle elle oublie son alliance. Fâcheux. Puis la nuit en devient deux, et finalement une escapade en Vendée va se transformer en multiples rencontres, dont un aimable rescapé de la vie (Bouli Lanners) soutenu par ses deux frères.
« Lulu Femme Nue » est censé être une comédie d’une femme qui décide de se prendre en main, de prendre un peu de recul et de se réconcilier avec elle-même. Dans les faits, l’embarras grandit alors que la fuite en avant et les rixes familiales sont étouffées dans l’oeuf par la distance et une Lulu qui coupe tout contact avec sa famille et fait bloquer sa carte de crédit. Du coup, le tact de Karin Viard, qu’on a vu porter beaucoup de films, n’y fait rien, et on en vient à se demander le véritable intérêt de tout ce cirque.
Solveig Ampasch n’a pas beaucoup d’ambitions avec « Lulu Femme Nue ». Non pas qu’on le lui reproche : la balade ne prend pas des atours fantasmagoriques, et les personnages restent toujours à portée humaine, à extravagance contrôlée (exception faite du tandem des deux frères de Charles, la belle amourette de Lulu, pieds nickelés dont les pitreries sont plus désolantes que désopilantes). Mais les rencontres et tableaux se succèdent à une lenteur incroyable, et les dialogues deviennent de plus en plus désolants. Lulu semble aller et mettre un terme à ses rencontres à son propre gré. Pourquoi? Comme ça, car le scénario le dicte.
Ajoutons à cela une photographie blanchâtre qui nie toute idée de préparation auparavant. Si Ampasch semble s’éclater avec son film de vacances vendéen en automne, elle n’a aucune idée de la manière de transcender son sujet. Du coup, le syndrome « téléfilm de France 3 de seconde catégorie » s’immisce dès l’arrivée de Claude Gensac en Mamie ronchonne au grand coeur et ne quittera plus le spectateur. Et que dire de cette conclusion dramatisante ubuesque, tentant de remettre des enjeux dramatiques dans l’affaire alors que les 70 minutes précédentes relevaient de la comédie sociale mignonette. Et nous passerons par charité sur Corinne Masiero, venant cabotiner en Thénardier plus vraie que nature.