Les dix petits nègres en mini-série par la BBC
Les dix petits nègres (And Then There Were None en VO) est probablement l’un des ouvrages les plus connus de la romancière britannique Agatha Christie, considéré comme son huis-clos le plus ambitieux et le plus complexe selon l’auteur elle-même.
Ce n’est pas la première et ne sera pas la dernière adaptation de
And Then There Were None (ou Ten Little Niggers selon le titre originel). La BBC se permet de revenir sur le roman policier le plus vendu de tous les temps dans une adaptation contemporaine de ce whodunit culte, diffusés durant trois nuits d’affilée à la suite de Noël.
Violent, sombre, une véritable atmosphère de thriller entoure la nouvelle adaptation de la BBC. Scénarisé par Sarah Phelps, celle qui avait déjà adapté le roman policier de J.K. Rowling Une place à prendre, mais aussi De grandes espérances le classique de Dickens, la voilà qui planche sur Agatha Christie. En tout cas, la nouvelle version des Dix petits nègres donne des frissons tellement les scènes sont brutales. On enquête à des lieux de Miss Marple ou de Hercule Poirot qui prennent leur thé dans le jardin anglais. Non, vous ne reconnaîtrez pas le livre que vous avez dû lire pour l’école au collège, mais en même temps, peut-être qu’au contraire, c’est exactement ce que vous imaginiez du polar d’Agatha Christie dans le fond, quand chaque personnage décède un à un…
And Then There Were None vous prend aux tripes, littéralement, avec un casting de vétérans hors pairs (Charles Dance, Toby Stephens, Maeve Dermody, Burn Gorman, Aidan Turner) qui savent quand leur jeu théâtral aide à amplifier l’effet recherché. Visuellement fascinant, soit sous une faible luminosité toujours éclairée d’une bougie, ou un filtre métallique permanent qui se colore quand ce sont des souvenirs qui remontent à la surface, le spectateur ne peut pas détacher son regard des scènes. On note également les plans rapprochés troublants à la fin de l’épisode 2, qui accroît encore plus l’angoisse ambiante. Le malaise qui se dégage dans ce jeu de mensonges et vérités part rapidement en vrille. En effet, les victimes dans les Agatha Christie connaissent leurs fins dans des sous-entendus, explicites certes, mais sans être graphiquement décrits. Or dans cette nouvelle adaptation, la BBC a opté pour une réalisation quasi cinématographique, avec une décadence et une brutalité qui augmentent au fur et à mesure que la mini-série avance.
Le souci majeur avec les adaptations de classiques, c’est que beaucoup de gens connaissent déjà l’histoire, et donc l’effet de suspens narratif disparait simplement. Même en connaissant les ficelles, And Then There Were None réussit un tour de force en conservant l’aura de mystère de ses meurtres et du coupable et de ses motivations. Le projet ambitieux et très précis de la BBC livre une jolie performance, et Sarah Phelps pourrait bien s’avérer être la nouvelle adaptatrice du genre.
Trois épisodes d’une heure, c’est le temps que vous aurez pour résoudre les meurtres de l’île du Nègre.
(P.S. : Pas fan du genre, et pourtant, impossible de ne pas finir.)