La Dame en Noir 2, l’Ange de la Mort : Bad Mama.
Il y a trois ans sortait le film qui marquait la renaissance de la Hammer, et celle de l’ancien Potter Daniel Radcliffe : La Dame en Noir. Terrifiant et original, le film laissait une bonne impression de peur et d’intelligence. Aujourd’hui, la suite sort, sans le cast original ni le réalisateur. Quid du résultat?
Durant la Seconde Guerre Mondiale, un groupe d’enfants accompagnés de deux femmes se réfugient dans une maison perdue dans les landes du Royaume-Uni, à Crythin Glifford. Mais cette maison délabrée dans les marais est toujours abritée par le spectre de la Dame en Noir, avide d’enfants …
Il a été difficile de juger ce film, en tous cas d’émettre un avis noté. En effet, malgré sa note très moyenne, L’Ange de la Mort n’est pas un mauvais film, non. Il est assez effrayant, plutôt bien interprété, convenablement mis en scène, le scénario plaît malgré un fin trop moyenne… Non, le film en lui-même est un bon film. Mais il est aussi absolument inutile en tant que suite.
En effet, pour toute personne qui a déjà visionné La Dame en Noir, on conseillerait presque d‘oublier ce dernier afin de pouvoir pleinement apprécier la suite. Aucune nouvelle information sur notre fantôme, rien de neuf sur la maison, sur la malédiction qui la possède, sur le vrai sort du personnage de Daniel Radcliffe dans le premier film… Non, de nouveaux personnages apparaissent, et leurs découvertes sont tellement similaires à celles du premier opus que l’on pourrait presque crier au remake déguisé. Seulement voilà, le film est supposé faire office de suite, et c’est là que le bât blesse.
Pour en revenir au film en lui-même… comme dit précédemment, sans être transcendant, celui-ci est correct, voir parfois intéressant. La mythologie des nouevaux personnages, en pleine Seconde Guerre Mondiale, est assez intéressante et apporte à cet univers fantastique une dose de réalisme présente sans être écrasante. De la sèche directrice (Hellen – Nymphadora Black – McCrory) au pilote de guerre traumatisé (Jeremy Irvine), en passant par la jeune femme naive et courageuse (Phoebe Fox, très convaincante), tous gardent un lourd secret, et c’est en ce sens que l’intrigue, si elle patauge souvent au niveau du fantastique, propose des choses intéressantes dans son écriture. Le texte est très correct, dans la moyenne des films du genre, et les effets de frayeur sont par ailleurs assez bien amenés pour ne pas faire remplissage, proposant parfois des visions assez hallucinées, bien que souvent reprises du premier film (la scène de la pendaison ? La même, en mieux).
Petit bémol cependant : l’esprit, loin de n’être qu’une ombre angoissante comme sans le premier film, est très, trop souvent présent à l’écran, parfois face caméra. Peu de place pour l’imagination du spectateur, donc, qui voit ses fantasmes gâchés par un fantôme à l’allure quand même un peu numérique, beaucoup moins flippant (paradoxalement, puisqu’il y a plus de travail) qu’une simple silhouette noire vaguement entraperçue. Par ailleurs, le personnage principal, souvent trop hystérique, fait regretter le comportement névrosé, terrifié mais silencieux de Radcliffe, remplacé par moults cris et larmes.
Du point de vue de l’atmosphère, par ailleurs, le réalisateur Tom Harper se contente ici de reprendre sans l’adapter à son style le travail de son prédécesseur James Watkins : brouillard, marais, musique stridente, corbeaux, lumière blafarde et petits enfants morts composent le schéma esthétique du film, décidément peu inspiré, sans volonté de se détacher un peu du premier film, autant du point de vue de l’atmosphère, d’ailleurs, que de la mise en scène, beaucoup trop classique et copié-collée d’autres films du genre pour véritablement plaire.
Sans pour autant se fourvoyer complètement, les studios de la Hammer inquiètent donc un peu avec ce film : peut-être devraient-ils proposer de nouveaux monstres et esprits avant de commencer les séquelles, ce nouveau film passant, presque, pour un aveu d’un manque cruel d’inspiration.
A.M.D