Jeanette Winterson – Les oranges ne sont pas les seuls fruits
Trois mois après vous avoir parlé de Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? de Jeanette Winterson, il est temps de vous parler de Les oranges ne sont pas les seuls fruits. Pourquoi être heureux… était véritablement mon coup de coeur de l’année. Mais en 1985, soit 25 ans plus tôt, l’auteure avait rédigé une sorte de première version de ce roman autobiographique. Le sujet de ce livre est donc déjà connu pour ceux qui auront commencé par Pourquoi être heureux… Pourtant, Les oranges… ne manque pas d’intérêt.
A nouveau, le style est souple, fluide. Les pages défilent, glissent. Jeanette Winterson nous emmène dans son enfance. Elle nous raconte ses jeunes années, son père effacé, sa mère obsédée par la religion. On découvre une enfant fascinée par le morbide biblique, perturbée par la folie de sa mère qui veut en faire une missionnaire engagée. Preuve en est, les sermons convainquants qu’elle prononce très tôt déjà.
Si Pourquoi être heureux… couvrait presque toute la vie de l’auteur, Les oranges… est tout particulièrement centré sur l’enfance, et un peu l’adolescence, de Jeanette Winterson. On découvre ces années sous un angle différent de Pourquoi être heureux… , sans doute en version allégée. En effet, lorsque le village découvre l’homosexualité de Jeanette, les plus fervents religieux procèdent à un exorcisme. L’auteure raconte alors comment elle s’est retrouvée enfermée 2 jours sans pouvoir s’alimenter, flirtant parfois avec la folie. Dans Pourquoi être heureux… , on découvre la violence avec laquelle elle a vécu ce moment humiliant et inhumain. Entre les lignes, on comprend qu’en 1985, les plaies n’étaient pas encore cicatrisées. D’où cette version édulcorée et plus romanesque d’une enfance difficile. On ressent les blessures profondes, les tiraillements entre ses véritables envies et son éducation stricte et irrévoquablement tournée vers la religion. Ses amies proches se détournent d’elle par nécessité, pour conserver un semblant de tranquillité dans ce village hostile. D’autres meurent, trop tôt, trop vite alors que Jeanette a encore tant besoin de leur soutien. Pour se sentir moins seule. Jusqu’à ce qu’elle se décide à partir. Très loin.
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Les oranges ne sont pas les seuls fruits a été adapté en film, par Beeban Kidron avec Charlotte Coleman, en octobre 2011.
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