Infinity Train: la série Cartoon Network entre H2G2 et Cube (critique sans spoilers)
Il y a des jours où on suit les conseils de Stéphane (@Serieseater) qui nous dit qu’Infinity Train est à voir car ça justifie encore le fait qu’il aime les dessins animés.
Infinity Train est une série d’Owen Dennis qui a bossé sur Regular Show. Après une idée couchée sur papier en 2010, Dennis a produit et créé un premier épisode que Cartoon Network a diffusé en ligne en 2016. Plus de 4 millions de vues plus tard, la série est enfin en diffusion.
Un point de départ original
Infinity train raconte les aventures de Tulip Olsen, codeuse amatrice, qui va rejoindre un camp spécialisé dans le gaming. Mais son père ne peut l’amener à temps. Elle décide d’y aller seule et se retrouve, en pleine forêt, devant un train qui va vers sa destination. Elle embarque et se retrouve dans un paysage enneigé… qui est en fait un wagon. Chaque wagon est un univers différent avec une entrée et une sortie. Elle est dans un train infini.
Tulip rencontre One-One, petit robot sphérique à la double personnalité (Glad-One et Sad-one) et Atticus, un chien corgi, roi de son peuple.
Elle voit aussi apparaître un nombre sur sa main droite qui semble être un compte à rebours.
Il y a déjà un sacré univers implanté là. Et ce n’est pas fini.
Chaque épisode (il n ‘y en a que 10 de 11 minutes) nous en apprend un peu plus sur le train, ses occupants, ce qui donne une sensation de… film découpé. Quasi 120 minutes d’une histoire presque bouclée en binge, on est vraiment dans les mêmes conditions que devant un film.
Une histoire maîtrisée
Alors, ce n’est pas négatif tant l’histoire est prenante. C’est d’ailleurs la marque d’une belle maîtrise des scripts. Pourtant, on pourrait vite lâcher l’affaire tellement la série propose des choses improbables sans grande cohérence. L’impression de voir des idées de brouillons mises ça et là se fait ressentir souvent. Les aventures sont mouvementées, ne se ressemblent jamais et sont tout bonnement sortis de nulle part ! On s’attend à tout et on est toujours surpris par les choix graphiques et narratifs.
Prenons, le premier épisode, avec ce wagon où toutes les surfaces sont des petits carrés qui, quand ils sont touchés, libèrent un cube. Visuellement et artistiquement, on est déjà dans quelque chose de fou.
D’ailleurs, petite mention sur le logo, que je trouve parfait avec ce symbole de l’infini qui fait le I, le T et le profil d’un train.
Généralement, les dessins animés ont une patte, un trait reconnaissable, un univers identifiable. Dans Infinity Train, on peut voir sortir de nulle part des idées qui se semblent pas coller à l’univers. Prenez le monstre qui ressemble au Sans Visage du Voyage de Chihiro couplé avec les mécha de Matrix ou encore One-One, formidable robot (avec des répliques très drôles) qui rappelle furieusement Marvin, l’androïde dépressif du film de 2005, Le Guide Du Voyageur Intergalactique, ou prenez simplement un chat qui souhaite s’enfuir à bord d’un globe étrange, qui fait ami avec une goutte d’eau géante, des VHS magiques… bref, Infinity Train est la marque d’un esprit inventif qui montre, peut-être, un manque de règles claires. A l’instar de Gravity Falls, on accepte ce postulat où l’univers peut s’étendre à l’infini.
On n’oublie pas Tulip Olsen, jeune fille qui doit son nom à une naissance difficile, qui fuit un foyer familial divisé, avec des rêves qui semblent impossibles. L’épisode où elle doit combattre son double est un modèle d’écriture (et d’idées graphiques). On n’est pas loin de l’inventivité de Rick and Morty. C’est un univers déjà très identifié, on sent les cosplays venir rapidement et une fanbase se constituer.
Côté voix, on retrouve Ashley Johnson pour Tulip. Elle jouait la petite Chrissy dans Quoi de neuf, Docteur dans les années 80 ! Mais surtout, elle jouait Ellie dans le jeu vidéo The Last Of Us ou Gwen dans Ben 10. Ernie Hudson (Ghostbusters) interprète un excellent Atticus, on retrouve Rhys Dharby (Wrecked) ou Ron Funches (Undateable) en guest vocals.
Il y a un peu de Snowpiercer dedans, de Sliders même dans ces wagons qu’on aperçoit en début d’épisode comme des mondes traversés pendant un temps indéfini. Il y a surtout un beau travail sur l’émotion avec Tulip qui survit à la séparation de ses parents, un passé qui transpirait peu mais qui montre une certaine solitude, des amitiés forcées mais fortes… bref il y a tout ce qui fait un très bon dessin animé dans Infinity Train.
Infinity Train a vu sa saison diffusée en quelques jours sur Cartoon Network mais le succès d’audiences était là et une saison 2 est prévue. La saison 1 boucle son intrigue mais ouvre des perspectives intéressantes.
Et n’oubliez pas notre podcast Serial Causeurs sur les séries animées.