FIVE : trafic de rires
Le premier film d’Igor Gotesman réunit la bande CASTING(S) : Pierre Niney, François Civil et le même Igor. Version longue de son court-métrage du même nom, Five est une comédie bluffante de naturel portée par des comédiens au taquet.
Julia, Vadim, Nestor et Timothée ont Samuel comme référence : il a réussi sa vie et leur a dégoté la coloc de leur rêve. Mais après un coup du sort, Samuel doit tenter de faire croire qu’il est toujours le pilier du groupe financièrement.
Les teasers fonctionnaient à merveille. Par dialogues funs et décomplexés, Five partait déjà avec un fort capital sympathie. Ce qui fait toute la différence avec d’autres comédies françaises (citons Arrête ton cinéma!), c’est que Five apparaît comme un film qui ne cherche pas à prétendre à quelque chose, à être un film qu’il n’est pas. Gotesman écrit et réalise son premier film et propose un scénario qui tient la route sur toute la longueur du film. Jusqu’à la dernière minute, il se passe quelque chose, le rythme est d’une gestion exemplaire. On sent un ensemble maîtrisé avec un récit qui se construit vraiment de scènes en scènes. Nous ne sommes pas devant un film qui part d’un postulat qui ne tient que 30 minutes et qui ensuite, tente de le faire survivre. Five se permet du character-driven et du plot-driven sans cannibalisation de l’un sur l’autre.
Niney ne cannibalise pas non plus toutes les attentions même s’il est la figure de proue du film. Il est d’un naturel déconcertant, proclamant ses répliques avec un rythme et une aisance monstrueuse. Il repousse les limites du rôle de composition pour transformer un personnage en personne. Ce mec est génial. Reste qu’autour de lui, les personnages savent vivre par eux-mêmes François Civil est un très bon sidekick avec un personnage haut en couleurs. La troupe est aussi supportée par des personnages secondaires bien campés et bien délimités. Ils ne sont jamais abandonnés au fil du film, ce qui crée une vraie cohérence d’univers filmique et narratif.
Mais est-ce que le film est drôle ? Oui ! Le film est bien plus drôle que les teasers du film qui n’ont dévoilé qu’une mince partie des gags / vannes / situations de Five. Le naturel des dialogues et la répartie magique de chaque personnage font que Five contrôle son genre à merveille. Reste que comme dans toutes les comédies françaises, la partie dramatique sonne un poil faux. Si dans Five, la fausseté est très légère c’est en partie due à un rebondissement un peu facile qui tend vers une situation dramaturgique accessoire. Dommage aussi de se laisser aller à la morale en voix-off qui plombe un peu l’effet rafraîchissant du film.
Au-delà de ça, Five est une vraie réussite formelle, musicale, narrative et ne travestit pas son genre comme Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Intouchables, les Ch’tis, ce ne sont aps des comédies réussies mais des films populaires. Five est une comédie de qualité, petite soeur de Comme des Frères et de Radiostars et qui rappelle que les meilleures comédies ne sont pas celles qui auront le plus gros cast mais celle qui respire la sincérité. N’oublions pas les films oubliés, massacrés injustement comme Libre et assoupi par exemple.