DuckTales 2017, épisode 1 : Woo-Hoo !
Des années après la fin de DuckTales (La Bande à Picsou), l’équipe tout en plumes est de retour dans une nouvelle mouture, rénovée plastiquement et sur le fond, proposée par Disney XD !
Il y avait tout à craindre de ce projet quant il a été annoncé, tant la nostalgie gangrène Hollywood de plus en plus. Pourtant, DuckTales parvient comme elle l’a toujours fait à rester tout à fait pertinente, ambitieuse et attachante alors que les années ont passé et que les enfants que nous étions à la diffusion de la série ont grandi. Dès la première apparition de Donald, Picsou, Rifi, Fifi et Loulou, on est ramené des années en arrière de la plus belle manière qui soit, mais c’est par la simple joie de revoir ces personnages, dont les traits caractéristiques ont été conservés mais l’histoire et l’apparence physique profondément transformés. Le pari d’équilibriste fait par Disney, entre nostalgie et fraîcheur totale, est admirable et surtout parfaitement exécuté.
Picsou est toujours obsédé par son argent, Rifi, Fifi et Loulou sont toujours de sales gosses (belle idée, d’ailleurs, qu’à ce reboot de choisir la réadaptation des premières apparitions des personnages plutôt que des récentes, qui montraient déjà des enfants plus raisonnables et exemplaires chez les Castors Juniors), Donald a toujours des accès de colère totalement incontrôlables. Mais les liens et les relations ont changé, cette nouvelle version de DuckTales refuse toute redite concernant son récit et ne cesse de prendre des chemins inattendus. Proposer un passé commun d’aventures à Picsou et Donald (et quelqu’un d’autre, d’ailleurs, puisque l’épisode se permet un twist final à la manière des Orphelins Baudelaire – en cela qu’il est imprévisible même pour les fans de l’œuvre papier), faire apparaître des personnages déjà connus dans d’autres circonstances (comme le pilote), mais aussi certains créés de toutes pièces comme la fillette … La prise de risque est totale, la réinvention est exacerbée mais l’épisode est digne de cette ambition folle de réviser sans trahir.
Force est de constater que personne ne sait compter les aventures aussi bien que nos canards et leurs marionnettistes. La culture audiovisuelle d’aujourd’hui fait si rarement la part à l’imaginaire pur, exotique et rocambolesque, si rarement le choix du premier degré total qu’on pourrait être déboussolés qu’après 20 minutes d’introduction efficace à représenter les personnages et chasser des fantômes, la Bande se dirige tout droit vers la conquête d’un joyau caché en pleine Atlantide. Pourtant, on accepte très vite de croire à nouveau à cet imaginaire impossible, absurde mais tellement poétique, chose rarissime quand des films comme Terminator Genysis ou, osons le dire, Star Wars VII ne parvenaient plus à convaincre le chercheur d’imaginaire. Au fond, DuckTales est avec Samurai Jack la preuve que c’est par l’animation, et même la série d’animation que les plus belles perles d’imaginaires, les plus pures, peuvent encore se trouver sans être perverties par du cynisme ou de la manipulation nostalgique mal placée. Le projet, on le sent libre, dès les premières secondes.
Cette liberté est aussi elle du cadre, plus simplement de la méthode formelle utilisée pour conter l’histoire qu’on nous présente. Possible de tiquer devant ce lissage très carré et propre des personnages et des décors, surtout pour les enfants qui ont presque la tête rectangulaire. Mais, très vite, ce que l’on prenait pour une contrainte formelle handicapante, un parti pris visuel malheureux se transforme en témoin d’une personnalité franche et affirmée, quand les visages s’animent et qu’ils se mettent à parler (la série joue très gros, nouveau risque portant ses fruits, sur le doublage pour faire exister et différencier les personnages, plus que sur leur design). L’identité est partout, la création ne va pas sans elle (c’aurait été impossible) et la passion se ressent jusqu’au voix des personnages, toutes franchement déjantées et enthousiastes comme l’étaient déjà leurs interprètes dans leur vidéo de karaoké sur la chanson du générique. David Tennant brille en Picsou, mais DuckTales a (pour une fois), la bonne idée de ne pas trop capitaliser sur la réputation de son acteur fétiche et donne la part belle aux p’tits jeunes.
Résultat : quand des voix enthousiastes déclament un texte hilarant, on ajoute à l’épisode une dernière pierre essentielle et fort bien polie, l’humour. C’est peut-être le morceau le plus classique de tout cet amas de bonnes choses mais c’est aussi souvent le plus efficace. Tous ne sont pas pures créations, certains gags évoquent d’autres références (Donald qui bouche les trous d’eau avec ses bras puis son corps, bonjour l’âge de glace), mais tous fonctionnent puisque l’humour n’est jamais cynique et se paie en plus le luxe d’être parfaitement dosé dans l’intrigue. On rit parfois, on sourit souvent devant DuckTales grâce à cet humour innocent, simple, si caractéristique du genre.
Toutes les cases sont cochées pour ce retour en force de DuckTales. Nostalgie, création pure, humour, poésie … Pourtant, rien n’est mécanique, on sent un amour presque artisanal du travail bien fait. Le générique, une fois l’épisode consommé, est plein de promesses. Qu’est ce que le prochain épisode réinventera ? Qu’est ce que la série fera des bandits Rapetout ? Donald sera-il relégué au second plan comme dans les classiques ou prendra-y-il part à l’aventure. On a hâte de le savoir. Woo-hoo, DuckTales est de retour !
AMD