Demain est un autre jour – Reprendre sa vie en main
A l’occasion de la sortie de son deuxième ouvrage Un doux pardon, retour sur la première publication de Lori Nelson Spielman, Demain est un autre jour (Life List en VO).
À la mort de sa mère, Brett Bohlinger pense qu elle va hériter de l’empire de cosmétique familial. Mais, à sa grande surprise, elle ne reçoit qu’un vieux papier jauni et chiffonné : la liste des choses qu’elle voulait vivre, rédigée lorsqu’elle avait 14 ans. Pour toucher sa part d’héritage, elle aura un an pour réaliser tous les objectifs de cette liste… Mais la Brett d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la jeune fille de l’époque, et ses rêves d’adultes sont bien différents.
L’histoire est belle, car elle se veut utopique. Le sentiment de découvrir une aventure parfaite se concrétise au fil des pages. Brett pourrait être n’importe qui, une jeune femme un peu déçue par sa carrière professionnelle, entretenant une relation quasi fusionnelle avec sa mère qui s’écroule lors de son décès, se contentant de la monotonie quotidienne avec son homme, bref, elle ne dégage pas la joie. Pourtant, en lisant ce livre, on reprend espoir, et malgré les quelques larmes, le lecteur (enfin, avouons-le, la lectrice principalement) sort de sa lecture avec le cœur plus léger. Demain est un autre jour synthétise un pur produit de chick-lit anglo-saxonne, une histoire aux allures banales qui en devient extraordinaire, une héroïne sympathique un peu malchanceuse qui voudrait reprendre sa vie en main, un bouleversement dans sa vie qui va enclencher les changements.
Cette liste d’objectifs représente tous les rêves d’une enfant de 14 ans, cette « bucket-list » que tout le monde a rédigé un jour. Toutefois, acheter un cheval ne figurait certainement pas sur la mienne. Remplir ces objectifs pour mettre la main sur la fortune (potentielle, car on ne sait pas exactement de quoi il en retourne) de sa mère défunte devient le nouvel objectif de Brett à 34 ans mais au fur et à mesure, elle dépasse ce simple but et commence à retrouver son caractère d’avant, une femme optimiste et battante. L’histoire est touchante, celle de cette mère qui connait si bien sa fille que même de l’au-delà elle va s’assurer qu’elle atteigne le bonheur. Tout un aspect du livre m’a laissé de glace, la quête de l’amour qui joue sur les penchants niaiseux du public de chick-lit, mais toute la partie sur l’enseignement, elle se résume en une expérience superbe. Pleine d’humanité, d’humilité, et d’espoir. Comme quoi nos rêves ne sont jamais perdus et que parfois, ça vaut le coup de retrouver son âme d’enfant pour les réaliser sans se contenter d’une vie médiocre. Lori Nelson Spielman accorde à Brett une seconde chance, celle que nous aimerions tous avoir et réussit à rendre ses choix attachants.
Les relations décrites dans le roman au sein de la famille rescapée manquent un peu de consistance et les personnages secondaires ne bénéficient jamais d’un réel approfondissement, ce qui est dommage. En revanche, celle qui se noue entre Brad (dans une interview, l’auteure précise que dans son premier jet, il était gay) et Brett attire la sympathie. Quelques réserves sur l’épilogue, trop rapidement expédié à mon goût et sans véritable dénouement. Le style fluide se lit sans se prendre la tête, le sujet du livre prête facilement à l’introspection plutôt qu’à une analyse littéraire. Spielman a déjà vendu les droits d’adaptation de son roman à la FOX, donc tenez-vous prêt pour le prochain Mange, prie, aime, tandis que son deuxième ouvrage, Un doux pardon vient de paraître au début du mois.
Tu as dû être bien perplexe aujourd’hui quand tes frères ont reçu leur héritage et pas toi. Et je peux imaginer ta fureur lorsque le poste de PDG a été attribué à Catherine. Crois-moi. Je sais ce que je fais et je le fais pour ton bien. Un jour, il y a presque vingt ans, je vidais ta corbeille à l’effigie de Beverly Hills 90210 quand j’y ai trouvé une feuille de papier chiffonnée. Bien évidemment, j’étais trop curieuse pour ne pas regarder. Tu peux imaginer mon ravissement quand j’ai découvert en la dépliant que tu avais rédigé une liste d’objectifs pour ta vie future. Je ne sais pas exactement ce qui t’a poussée à la jeter, parce qu’elle était adorable. Je t’en ai parlé le soir même, tu t’en souviens ?
(P.S. : En refaisant une bucket list aujourd’hui, c’est malheureux de voir combien elle serait différente de celle d’antan…)