Avant d’Aller Dormir : ou à un autre moment
Adapté du roman éponyme, Avant d’Aller Dormir réalisé par Rowan Joffe est un thriller mettant en scène un trio d’acteurs prestigieux – Nicole Kidman, Colin Firth et Mark Strong – pour un résultat mitigé.
Christine Lucas (Kidman), amnésique à la suite d’un accident, se réveille chaque matin sans souvenir de sa vie passée. Son mari Ben (Firth), toujours présent à ses côtés, lui rappelle chaque jour ce qu’ils ont construit ensemble. Mais c’est avec l’aide du Docteur Nash (Strong) que Christine va tenter de comprendre ce qui lui est arrivée…
Un des points forts de cette adaptation n’est autre que Nicole Kidman qui porte littéralement le film sur ses épaules. Charismatique, talentueuse mais surtout très juste dans son rôle, elle ne tombe pas dans la caricature. Suivre l’histoire de son point de vue était la meilleure chose à faire, en effet, la mise-en-scène épurée mais efficace nous confronte directement à tout ce que subit son personnage – des plans en vue subjective aux scènes de cauchemars, en passant par les effets de répétitions (plans similaires, dialogues récurrents) – tout y est pour que nous nous sentions prisonniers avec elle de sa conscience. Ces scènes où elle commence à se souvenir de son passé font parties des plus intenses. Cependant, à plusieurs reprises, l’intrigue se révèle être un peu désordonnée. Le spectateur risque de se perdre dans tous ces revirements de situation. Le récit paraît souvent très vide, contenant quelques bonnes idées sous exploitées bien que la tension soit croissante tout au long du métrage. On regrette, par moment, le manque de vraies scènes d’émotions. Les plans semblent se couper dès qu’elle devient palpable. Par conséquent, nous avons la sensation que les acteurs peinent à s’exprimer.
De cette envie de faire bien avec le personnage féminin, le réalisateur en oublie les rôles masculins. Colin Firth, très grand acteur, arrive à de rares occasions à nous glacer le sang – cette gifle qu’il inflige à Kidman est inattendue et violente -. Quant à Mark Strong, il reste en retrait, presque effacé, gardant la même expression durant une heure et demi. Ce qui est navrant étant donné que son personnage est important dans l’avancée de l’intrigue. Les deux relations Kidman/Firth et Kidman/Strong auraient tiré avantage à être mieux traîtées. Le film se déroule et s’enchaîne jusqu’au dénouement dont on ne sait même plus s’il nous importe. Il se conclut rapidement laissant un sentiment amer de travail inachevé.
Avant d’Aller Dormir est un film divertissant, sans prétention, mais qui ne décolle jamais bien haut. Toute la réalisation semble avoir été faite dans la retenue jusqu’à une fin qui se laisse prévoir. Nous étions en droit d’en attendre plus.