Que se cache-t-il derrière le succès de Don’t Breathe ? (critique de La Maison des ténèbres)
Don’t Breathe, le nouveau film de Fede Alvarez, réalisateur du remake très efficace de Evil Dead en 2013, arrive sur nos écrans avec une excellente réputation.
Plus de 80 millions de dollars pour ce thriller qui n’a finalement rien de bien horrifique. C’est très tendu mais ça ne frôle jamais les limites de l’insupportable. Alors comment un film sans prétention a pu exploser les scores et les notes ?
Tout commence par un vol par effraction par une bande de petits malfrats désireux de poursuivre une vie plus rose. On y retrouve Dylan Minette (le fils Shepard dans Lost, et le fils dans Awake, série injustement boudée) et Jane Levy (Suburgatory, Evil Dead). La prochaine cible est la demeure d’un aveugle, joué par l’ultra-charismatique Stephen Lang, le bourru d’Avatar.
Mission d’infiltration qui tourne mal, Don’t Breathe suit les codes de l’Home Invasion en se permettant d’user d’un script très malin. La cécité de ce vétéran de guerre est utilisée à bon escient et les rebondissements du film se font toujours en accord avec cet handicap qui apporte beaucoup d’idées de script. Le petit bémol est que la tension n’atteint jamais les firmaments attendus. Si le rythme ne se relâche jamais une seconde, on peine à choisir son camp entre l’attaqué et les attaquants, le volé et les voleurs. Ce n’est qu’à la révélation attendue qu’on bascule dans une sorte de film de vengeance bien senti. Si le film est avare en personnages, il l’est donc aussi en situations. Pour feindre l’ennui, Alvarez relance perpétuellement la quête en utilisant au mieux le décor de cette maison finalement bien grande. On ne tiquera pas sur quelques incohérences (comment le chien est-il rentré alors que les voleurs ont eu une peine monstre à trouver une entrée?) qui gêneront les plus pointilleux des spectateurs et il semblerait que le script facilite grandement la tâche des protagonistes géographiquement parlant…
Les bonnes idées ne manquent pas et prédominent comme la scène en nighshot d’une simplicité redoutable qui apporte encore un peu plus à l’identité forte de Don’t Breathe, injustement appelé La Maison des Ténèbres qui sonne comme un film oublié de Wes Craven. Outre Stephen Lang, il ne faut pas oublier la formidable et méconnue Jane Levy, parfaite en Rocky. C’est un peu plus difficile avec Dylan Minette qui n’arrive toujours pas à sortir une nouvelle expression de son visage. Alvarez se permet une mise en scène d’une fluidité exemplaire, multipliant les angles de caméra ingénieux pour rafraîchir son film. Plan-séquence, caméra virevoltante et angles de prises de vue pertinents, la réalisation est une nouvelle ligne à ajouter à la liste des points plus que positifs. Outre la scène d’ouverture qui annihile un peu le climax du film (arrêtez avec vos scènes flashforwards !), Don’t Breathe use sans abuser de la mécanique des thrillers comme The Collector, Panic Room ou You’re Next et se permet même une incartade audacieuse avec une scène qui frôle le ridicule mais qui est sauvé par un ton juste.
Si nous sortons peu surpris par le film, il reste tout de même une impression très positive. Don’t Breathe reste une réussite formelle qui va encore une fois démontrer tout le talent de Fede Alvarez qui n’aura que peu de temps avant d’être appelé par les sirènes du blockbuster. Les 90 millions de dollars cachent un film efficace qui semble tout de même survendu.
Don’t Breathe, la maison des ténèbres sort le 5 octobre.
4.5