Théâtre

Coup de Sangria : le théâtre de boulevard comme il se doit ?

Coup de Sangria est jouée au théâtre de la Michodière depuis le 12 septembre dernier. La pièce rassemble le trio à succès Jean-Luc Moreau à la mise en scène, Stewart Vaughan, Jean Christophe Barc (Impair et PèreStationnement Alterné, Chat et Souris et A Deux Lits du Délit). Au-delà de la pièce, c’est le théâtre de boulevard quie st au centre des débats.

Les deux compères, Frédéric Van Den Driessche et Jean-Luc Porraz, se retrouvent cette fois-ci dans une villa espagnole avec leurs compagnes respectives et une sombre histoire de sac rempli d’argent… Une pièce qui, sans faire rire aux éclats, fait sourire tout le long. De bons gags de théâtre de boulevard comme on les aime, et une équipe de comédiens super attachants.

Daniel et Sylvie viennent d’arriver dans la jolie villa espagnole où ils passeront leurs vacances. Daniel a eu une année difficile et Sylvie a profité de la disponibilité de la villa de son patron… Sans réellement prévenir le patron en question… Mais bon, a priori, il ne devrait pas y avoir de souci ! C’est sans compter l’arrivée de Christian Sarrazin, ex-vedette d’une série télé à succès quelques années auparavant, accompagné de sa jeune compagne Julie. Eux aussi souhaitaient profiter de la villa inoccupée… Pour ne rien arranger, Daniel s’est trompé de sac de voyage à l’aéroport et se retrouve avec pas mal de billets de banque… Mais à qui est donc ce sac ? Et si Daniel et Sylvie prenaient cet échange de sac comme la chance de leur vie, suite à cette année difficile qu’ils viennent de passer ? Entre doutes, surprises, prises de conscience et rebondissements inattendus, ils ne s’en sortiront pas aussi facilement… Surtout que la police s’en mêle et recherche Loup-Loup le fou, dangereux psychopathe probablement à la recherche de son sac de billets, qui rôde sans doute déjà autour de la villa…

Pour tout vous dire, j’allais voir Coup de Sangria sans a-prioris, ni positif, ni négatif. J’ai toujours apprécié le théâtre de boulevard ; je m’attendais à éventuellement rire de gags simples mais efficaces, et c’est ce qu’il s’est passé. L’histoire a beau être basique et ne reposer que sur l’échange des sacs et le squattage raté de la villa, les rebondissments se suivent et ne se ressemblent pas. Frédéric Van Den Driessche mène clairement la troupe et fait un excellent Christian Sarrazin, acteur déchu qui a beaucoup de mal à gérer sa perte de popularité (gros fou rire pendant la scène du « collant »). Les autres comédiens le suivent dans ses délires, et ils finissent tous par former une chouette équipe à laquelle on s’attache sans peine. Le décor est vraiment sympa et permet les nombreux jeux d’arrivées et de départs des personnages. L’apparition du psychopathe fait doucement frissonner, efficace passage du rire à l’appréhension pas toujours simple à gérer au théâtre, surtout quand on est dans le genre comique.

Coup de Sangria / "La scène du collant"
Coup de Sangria / « La scène du collant »

Un Coup de Sangria qui vaut le coup si on a envie d’une soirée sans prise de tête. Les surprises fusent, les acteurs sont très motivés, un certain suspens est ménagé jusqu’à la fin. J’ai passé un bon moment.

Théâtre de boulevard : un genre qui s ‘endort ?

Juste un petit aparté concernant le théâtre de boulevard, dont je vois le public aller doucement vers le 100% troisième âge depuis quelques années. Petit rappel : à la base, les théâtres de boulevard portaient bien leurs noms car avaient été construits sur les boulevards parisiens. Les spectacles étaient réservés à la bourgeoisie et en suivra l’évolution : populaire et naïf pendant la Révolution, un peu plus dense sous le Second Empire, et depuis 1914, se généralise à toutes les classes sociales et se vulgarise. Au fil des années, le théâtre de boulevard a fait évoluer notamment l’ancien Vaudeville vers la comédie de mœurs ou le comique de situation (source Universalis.fr). Populaire, il ne l’est plus franchement. De la vulgarisation y est faite, certes, mais les pièces même mettent en scène désormais presque uniquement les personnages reflet de leur public : les 45-65 ans qui ont les moyens d’aller au théâtre. Les places en premières catégories sont vraiment chères et referment clairement l’accès à certaines classes sociales. Toutes les catégories ne sont pas au même prix, bien sûr, et les dernières restent abordables, mais le théâtre de boulevard souffre pour moi d’une mauvaise communication faite autour de lui. Cela tend à s’améliorer notamment grâce au bouche à oreille : on se conseille de plus en plus de pièces dans les tranches d’âges de 20 à 35 ans. Malgré tout, aller au théâtre est loin d’être un réflexe pour notre génération. Cela reste une sortie exceptionnelle. J’aurais bien quelques idées… En attendant je continuerais à traquer les bons plans et me serrer la ceinture pour pouvoir en profiter…

Coup de Sangria / Les comédiens saluent / ©Claire Lois
Coup de Sangria / Les comédiens saluent / ©Claire Lois

Coup de Sangria au théâtre de la Michodière, à 20h30 du mardi au samedi, à 17h00 le samedi, à 15h le dimanche. Durée : 1h40 (01 47 42 95 22).

Plus d’infos et réservation sur le site du théâtre de la Michodière

Claire

Rédactrice / Responsable de la section "Livres"

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