Chicago PD : la violence gratuite ne paie pas
Première nouveauté de 2014 pour la chaîne NBC : « Chicago PD », show créé par Dick Wolf, le papa des séries multi-déclinées « Law & Order ». Une série policière pas plus originale qu’une autre, mais qui espère pouvoir compter sur les fans de « Chicago Fire », dont elle est le spin-off, pour se faire une place dans nos plannings séries TV. Mais malgré un démarrage plutôt réussi, je doute que cette série ait un vrai potentiel…
S’il y a bien un truc que les chaînes américaines aiment plus que faire des remakes… c’est faire des spin-offs. Du coup pour le début de l’année 2014, la chaîne NBC ne s’est pas foulée et a dévoilé « Chicago PD », spin-off de la série « Chicago Fire ». Tu gardes la ville de Chicago, mais à la place des pompiers, tu mets des policiers (de préférence un peu ripoux et aimant la baston). Ensuite tu embauches un max d’acteurs plus ou moins connus, puis tu changes d’avis, t’en vires deux, et au final tu te retrouves avec un groupe assez hétérogène mais dont personne n’émerge vraiment. C’est pas grave, si l’histoire tient la route, alors le reste suivra et on finira bien par s’attacher aux personnages…
Sauf que l’histoire, elle est vue, revue et archi vue. On découvre en fait une brigade chargée de réprimer le crime organisé et les trafics de drogue… par tous les moyens possibles. Le chef de cette joyeuse bande n’a qu’une règle (ou presque) : que rien ne sorte de la brigade. Un moyen de se la jouer « bad cop » sans craindre les supérieurs. Ce chef tordu, c’est le Sergent Hank Voight, le flic ripoux au passé brumeux, qui a moisi en prison (les fans de « Chicago Fire » comprendront) et pourrait bien y retourner vu les trafics douteux qu’il fait avec ses indics. Le sale type bien détestable, qui malheureusement surjoue son rôle jusqu’à la caricature. On dit toujours que ce sont les méchants qui ont le plus de fans, mais pour Voight (joué par Jason Beghe), j’ai du mal à l’imaginer. Et ça tombe mal, puisque c’est le personnage principal !
Heureusement, il est toujours temps de se pencher sur les autres policiers de la brigade : après tout, un pilote de séries sert à planter le décor et présenter les personnages. Et « Chicago PD » a bien fait son travail, puisqu’on retrouve tous les caractères clefs de ce genre de show : le flic beau gosse un peu trop à cran, la fille canon mais badass, la mère de famille attentive, le flic prêt à déraper, le bleu qui débarque, le vétéran qui a de l’expérience… Des caractères bien formatés et survolés, qui ne donnent donc pas envie de se pencher plus sur la question.
Mais sans histoire et sans personnages forts, qu’espère « Chicago PD » ? Sûrement attirer les fans de violence gratuite. Dealers décapités, gamins violemment tabassés, fusils d’assauts à gogo : pour eux, être flic, c’est ne pas respecter la loi. Tout un concept. D’ailleurs, même la policière de l’accueil est plus que suspecte… Et vous croyez que j’exagère ? Regardez donc certains trailers promotionnels : dans l’un d’entre eux, on découvre des extraits du deuxième épisode, pendant lequel le Sergent prend quasiment son pied en voyant son collègue énucléer un suspect. À croire que pour faire de l’audience, il faut jouer la surrenchère du dégoût et de la violence. Personne n’a compris que le drama porté par un « dirty cop » ça commençait à faire usé, même avec l’annulation d' »Ironside » ? Sans les deux gros rebondissements de fin de pilote, je pense qu’aucun des 8,6 millions de téléspectateurs (mieux que le pilote de « Chicago Fire » en 2012, avec 6,61 millions) ne considèreraient de voir la suite.
Des policiers qui sortent parfois des sentiers battus et prennent quelques libertés, oui. Des gros bourrins qui détruisent tout sur leur passage juste parce qu’ils en ont les moyens, non. Même la jolie Sophia Bush (celle qui m’a convaincu de regarder le pilote d’une série que je savais d’avance condamnée pour moi) ne parvient pas à apporter la douceur nécessaire pour un bon équilibre. Je ne fais sûrement pas partie de la cible visée par ce show, et certains ont beau dire que c’est « du pur Dick Wolf », moi je n’adhère pas…