Les enfants-zombies par M. R. Carey : Celle qui a tous les dons
La traduction du roman de M. R. Carey, Celle qui a tous les dons, vient de paraître (le 23 octobre) aux éditions de l’Atalante. En anglais, The Girl with all the gifts a bénéficié en Angleterre d’une presse dithyrambique. On comprend vite que Celle qui a tous les dons est un roman extrêmement ambitieux, qui mérite que l’on s’y penche.
Le britannique M. R. Carey, également auteur d’histoires Marvel, aime relever les défis. Il s’attaque ici à un roman d’envergure, très long, très dense. En pas moins de 448 pages, il nous promet des enfants-zombies, une épidémie mondiale et une ambiance à la Walking Dead, saupoudrée d’un peu d’I am a legend.
Il ne faut pas s’arrêter à la couverture de Celle qui a tous les dons, plutôt mal choisie pour un tel thème. J’aurais imaginé quelque chose de plus noir, avec les visages des personnages par exemple, étant donné que le roman devait en premier lieu être un scénario.
Celle qui a tous les dons, c’est l’histoire de Melanie, petite fille enfermée dans une cellule. Les gardiens du centre de recherche dans lequel elle est gardée captive prennent beaucoup de précautions dès qu’ils sont en contact avec elle. Pour la nourrir ou la déplacer. Trimballée en fauteuil auquel elle est attachée, Melanie va en cours tous les jours. Elle adore y aller, surtout quand c’est Mlle Justineau, son professeur préféré, qui fait classe.
M. R. Carey passe de point de vue en point de vue. Après Melanie, on passe au sergent Parks, chargé d’assurer la sécurité au sein de ce centre de recherche, lequel, on le comprend vite, a été mis en place pour étudier ces enfants touchés par l’épidémie dévastatrice. Ils sont devenus des « affams », sorte de monstre se nourrissant de chair humaine. Mais en dehors de cette maladie qui les déforment légèrement physiquement, ils sont de jeunes enfants « comme les autres ». Melanie est d’ailleurs notamment capable de ressentir de l’amour et de la tristesse.
On fait aussi la connaissance de Mlle Justineau, persuadée que ces enfants ne sont pas que des monstres. Elle veut prouver à la redoutable Caroline Caldwell qu’elle doit cesser de les disséquer comme des animaux pour ses recherches.
Mais un jour, le centre est attaqué par un groupe d’affams… affamés. Le sergent Parks, Mlle Justineau, Melanie et quelques autres, parviennent à fuir. Une bonne partie du roman concerne cette fuite vers l’inconnu d’un petit groupe de survivants qui vont essayer de s’apprivoiser dans l’adversité.
Celle qui a tous les dons est dense. Malgré tout le livre comporte des longueurs ainsi que des éléments que l’on aurait voulu éclaircis. Le récit de l’épidémie est assez pauvre, mis en perspective avec la situation dramatique qu’elle a provoqué. Le fait qu’elle soit racontée d’après les souvenirs de Caldwell, la méchante scientifique, est néanmoins intéressant. M. R. Carey fait le choix d’abandonner toute objectivité et de laisser entièrement la parole à ses personnages. Mais si le côté noir des personnages est travaillé, il pourra tout de même sembler un peu artificiel.
Celle qui a tous les dons reste un bon roman d’aventures qui sait nous entraîner dans des scènes mouvementées et opérer des pauses descriptives bienvenues. On s’attache au destin des personnages et on a furieusement envie de connaître la fin. Que vont-ils tous devenir dans ce paysage de fin du monde ?