Booksmart: Olivia Wilde signe un premier film très attachant
Dans la catégorie teen-movie, Booksmart se démarque en intégrant un sentiment de coming-of-age permanent et s’écartant peu à peu d’un genre moribond.
Olivia Wilde qu’on a connu dans House et qui multiplie les petits projets, semble devenir, comme Jonah Hill avec 90’s, des acteurs / réalisateurs qui ont un regard sur la jeunesse pertinent et juste.
Booksmart raconte le dernier jour de Molly et Amy, les têtes de l’école, avant les grandes vacances d’été. Elles se rendent compte qu’elles ont passé leur année dans les bouquins sans profiter pleinement. Surtout quand elles découvrent que les plus fêtards ont réussi à se trouver un avenir.
On a eu peur pendant 20 minutes devant Booksmart tellement le film plongeait tête la première dans des caricatures un peu rincées. Entre la figure du gay cliché, le lycée sans règles et les rapports entre lycéens grossiers, on pensait que Booksmart allait être une énième tentative de raconter la période fofolle de la fin du lycée.
Au final, Booksmart se révèle petit à petit, délaissant les stéréotypes, partant sur des archétypes, construisant son récit et son identité de scènes en scènes. Olivia Wilde, sur un script plusieurs fois réécrit, nous offre un film qui pourra devenir un classique du genre.
Il reste des points litigieux comme l’utilisation systématique à de la musique à des moments plus ou moins opportuns. On se retrouve vite avec un flot incessants de chansons. Si la playlist est très bonne, sa pertinence est à revoir. Elle donne un aspect un peu factice aux scènes et perd de sa portée.
Reste que Booksmart joue à fond sur l’alchimie palpable entre Molly et Amy, jouées par Beanie Feldstein (Nos Pires Voisins 2, soeur de Jonah Hill) et Kaitlyn Dever (l’oublié Men, Women and Children, States of Grace). Les deux jeunes filles brillent par leur présence solaire. On sent une vraie complicité. Elles sont aidées par une géniale Billie Lourd (American Horror Story, fille de Carrie Fisher) totalement déjantée qui a les scènes les plus drôles, Skyler Gisondo (Santa Clarita Diet, Vive les Vacances) joue toujours l’idiot de service mais il le fait bien.
On notera aussi la présence de Jason Sudeikis (monsieur Wilde à la ville), le trop rare Will Forte (Last Man On Earth) et Lisa Kudrow (Friends).
Netflix a proposé un tout autre exercice avec The Last Summer qui se voulait introspectif mais qui se rate tout du long. Booksmart brille par son aura, suit un script classique mais qui sert son propos. On pourrait dire que le propos peine à convaincre mais on sent une telle générosité à filmer une histoire banale avec une maîtrise et une implication qu’on pardonne cet écart. Wilde se permet même des séquences originales comme celle du trip ou la scène de danse.
Pour un premier film, Olivia Wilde offre des moments de grâce, un coming-of-age proche d’un Juno que ‘un Lolita Malgré Moi.