Belgica – Plongée musicale décapante
Du même réalisateur que La merditude des choses et Alabama Monroe, le Flamand Felix van Groeningen revient avec Belgica le 2 mars.
Deux frères que tout oppose sauf un lien fraternel profond s’associent pour ouvrir un club. Un club de Ghent qui sera mythique, avec des groupes qui passeront en live et où tout le monde sera le bienvenu.
Jo (Stef Aerts), le benjamin, plus posé et à l’esprit entrepreneur, aime la musique et aspire à se poser. Son frère, Frank (Tom Vermeir), père de famille trop tôt, ne veut pas se résigner à abandonner sa jeunesse et les péripéties nocturnes. Entre drogue, alcool, stroboscopes et musique à gogo, Belgica nous plonge dans une ambiance sous acide. Visuellement, le long-métrage annonce la couleur. Spots colorés, spectacles et concerts chorégraphiés avec des artistes vraiment intéressants et innovants qui créent leur propre univers sur la scène du Belgica, on retrouve un petit monde décalé de la réalité mais très immersif comme sait le faire Felix van Goreningen. Puis la bande-sonore est juste épatante, je doute qu’on puisse en dire du mal.
Quand Alabama Monroe mélangeait à merveille la musique et la sensibilité du réalisateur, Belgica n’arrive pas à ce niveau. A force de se concentrer sur les deux chemins différents que prennent leur vie, ils en oublient de trouver un fil conducteur à leur histoire. Et donc au fur et à mesure, l’intrigue traîne la patte alors qu’on aimerait bien voir une résolution plus rapide. Les cercles vicieux répétitifs lassent, surtout avec Frank à qui on aimerait donner des baffes. En somme, une chute vers les enfers, chacun de leur côté. Les personnages secondaires ne tirent pas trop la couverture sur eux, mais ne font que décrier en plus le comportement des deux frères.
Mine de rien, le film est assez violent aussi. Que ce soit dans la violence physique, mais aussi verbale. Ils se rassurent comme ils peuvent en se raccrochant à ce qu’ils connaissent le mieux : leurs amis et leur style de vie, jusqu’à ce que ça perde leur sens.
Ce qui pêche du coup, c’est le développement des personnages, car si toute la procédure de monter un club n’est pas si facile, et qu’il faut graisser la patte de plusieurs officiels, on l’accepte facilement, mais la lente réalisation que les personnages soient coincés dans leurs stéréotypes, ça frustre dans un film de presque deux heures. En plus, la morale finale qui tente de refléter une image réaliste de la société, ben non, c’est trop. Drame déprimant un peu trop prévisible malheureusement.
(P.S. : très déçue quand même de ce film car j’avais adoré Alabama Monroe, c’est moins tragique et du coup, on s’intéresse beaucoup moins aux héros.)