Almost Friends : quand les clichés nous parlent
Troisième long-métrage de Jake Goldberger (après Don MacKay et Life of a King en 2013 avec Cuba Gooding Jr.), Almost Friends est une romance intemporelle sans prétention mais avec pertinence.
Il y a des films qui vous parlent car vous avez vécu des choses similaires, que les personnages vous ressemblent ou tout simplement que la sincérité du propos rappelle une certaine idée de la conception des rapports humains. Almost Friends est à ranger du côté des films qui ne marqueront pas le genre mais qui marqueront certaines personnes. Par la fragilité du casting, par le suejt universel, par le ton résolument juste, Almost Friends parvient sans mal à devenir une des romances à voir.
Le genre comédie romantique / romance est toujours quelque chose de dangereux. On tombe facilement dans le cliché, dans la redite et dans le niais. C’est surtout la romance, moins légère, qui gagne des points depuis quelques années. Des réalisateurs comme Drake Doremus réussissent à poser les bases d’un genre. La romance rose-bonbon n’est plus. Almost Friends ne tombe pas dans l’excès de tragédie ou de pathos, le film parvient juste à retranscrire des états d’âmes concrets.
Charlie (Freddie Highmore, Bates Motel) a eu un plan de carrière tout tracé en tant que cuisinier mais loin d ‘être motivé à l’idée d’embrasser cette voie, il se laisse vivre ne sachant jamais prendre de décision. Quand il croise le regard de Amber (Odeya Rush, The Bachelors), il entreprend la pire chose qui soit : la séduire alors qu’elle est en couple.
Les triangles amoureux sont une manne d’intrigues dans les séries et les films. Mais les triangles où un élément perturbateur est au centre de l’intrigue rend tout de suite la chose plus excitante. Charlie est donc un héros qui tente de mettre le trouble chez Amber. En tant que spectateur, on est du côté du héros même quand il est quelqu’un qui veut briser quelque chose. Comme dans beaucoup d’exemples, le couple établi est rarement apprécié. On aime rarement le petit copain de l’héroïne qui voit le héros s’intéresser à elle. Il est toujours idiot, con ou antipathique. Almost Friends ne dépeint pas Brad, le petit-ami, comme un élément négatif. Il est parfait. La mission d’Almost Friends est donc de rendre appréciable la volonté de Charlie de se rapprocher de Amber.
C’est là que le spectateur doit choisir et que la tagline du film déclare : timing is everything. Veut-on voir Charlie lui déclarer sa flamme ET Amber être réceptive ?
Le film est assez malin pour faire planer le doute. Mais quand vient le tournant du film, la scène est un poil ratée et n’engage plus vraiment autre chose qu’un film qui n’a plus à rien à offrir. L’alchimie entre Rush et Highmore est palpable et les scènes entre eux sauvent cette seconde moitié. On perd un peu de charme comme quand la quête de l’être aimé n’est plus. Comme quand , dans une série, le couple se forme ou s’arrête. La magie est le coeur du film et voir Charlie et Amber dans cette situation n’apporte plus rien. Pourtant le film a de sérieux atouts à commencer par un casting intéressant. Christopher Meloni et Marg Helgenberger forment une cellule parentale intrigante qui sera l’intrigue secondaire du film. Haley Joel Osment est aussi sous utilisé comme pote de Charlie. Cet acteur, actif cette année avec plusieurs projets (X-Files, Future Man, Silicon Valley), respire la sympathie et la justesse. C’est vraiment dommage qu’il ne soit pas plus présent que ça dans la vie du héros assez solitaire. Il y a aussi Rita Volk vue dans Faking It dans un rôle très secondaire.
Sans aller dans des routes dangereuses, dans des prises de risques, Almost Friends parvient sans mal à instaurer une belle atmosphère de chronique douce-amère. Il manque juste ce petit quelque chose pour en faire un film marquant mais il reste quelques scènes savoureuses. Les dialogues sont justes et ouvrent sur de beaux sujets comme la confiance en soi, les choix de vie et le timing des choses.