On a terminé

Aftermath, saison 1 : catastrophiquement bon

La saison 1 d’Aftermath s’est terminée il y a peu et il est temps de revenir sur cette expérience télé surréaliste.

On en avait parlé après avoir vu le premier épisode, mais Aftermath est une série qui est devenu un plaisir coupable. Oui c’était très bancal, mais oui, c’était tout de même divertissant.
Et en continuant et finissant la saison, on ne peut que souligner tout ce que nous avions remarqué au début d’Aftermath, c’est écrit avec les pieds. Après 13 épisodes, on ne comprend toujours pas les tenants et aboutissants de la série. La famille Copeland menée par Anne Heche et James Tupper (le duo de la série Men In Trees et duo dans la vie) ne fuit rien puisque l’Apocalypse est partout. Elle est juste dans son camping-car roulant sans but véritable, rencontrant des gens qui ne seront présents qu’un seul épisode, fuyant des menaces qu’elle est la seule à combattre.

A chaque épisode, on pense que la série commence un arc, mais c’est mal connaître la non-cohérence de la série qui se permet d’anéantir toute ambition en quelques minutes. Prenons l’épisode 1×07 What the Thunder Said où le personnage du Moine, habité par Michael Rogers, débarque de nulle part et attire tous les regards. Charismatique, ce personnage ne servira proprement à rien si ce n’est à guider un personnage vers un lieu mystique sans grand intérêt. Pourquoi proposer un personnage énigmatique, plutôt bien campé et intéressant pour rien, pas même un mini arc narratif ? Il y avait un fort potentiel qui aurait utilisé un peu le potentiel mythologique de ce personnage. Il n’en est rien. D’ailleurs la partie mystique va plomber beaucoup d’épisodes dans la seconde partie de la saison.

L’épisode 10 marque le début d’une phase mystique énervante et facile. Dans les séries, il y a toujours un épisode où un personnage tombe dans une sorte de phase étrange où il divague dans un monde incompréhensible. Facile à écrire, immédiatement assimilé à une forme de narration abstraite qui a du sens, ce genre de scènes est tout bonnement à bannir de toute série ! Ca n’avance à rien et quand on ne s’intéresse pas au personnage, c’est pire. Et dans Aftermath, les personnages n’existent pas. Les parents sont tous sauf attirants, les enfants changent de psychologie à chaque épisode et les personnages secondaires sont inexistants.

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« Aidez-moi, je suis coincée dans une série de merde » ©Syfy

Il faut parler de cette psychologie étrange qui aurait pu trouver une explication couillue. Les deux filles se trouvent chacune un amoureux. En un épisode, c’est déjà l’amour fou, l’extase, la révélation. On se croirait dans un mauvais soap. SPOILER à la fin de la saison, l’un des personnages évoque la possibilité que le temps se dilate, qu’il se mélange et que ça expliquerait le rapide attachement des couples, comme si on pensait que les jours étaient des mois. FIN SPOILER. Le pire dans tout ça est qu’on assiste tout de même à l’histoire d’amour entre une ado de 16 ans et un adulte de 25/26 ans. C’est suffisamment rare pour le souligner. A priori, ça n’a choqué personne dans la presse spécialisée. Concrètement, les relations dans la série sont écrites maladroitement et on s’attache plus à la cohérence encore une fois qu’aux événements. Croyez- le ou non, on ne croit pas du tout au couple vedette….
Quand l’une des filles rencontre une sorte d’Amish, on sait de suite que l’histoire d’amour aura lieu et c’est au détour de dialogues navrants que tout commence. Il y a un vrai problème de rigueur scénaristique.

Chaque épisode semble écrit sans que le scénariste ne sache ce que le précédent a développé. Ceci explique les personnages secondaires inexistants, le manque de suivi psychologique, les idées abandonnées en cours de route ou tout simplement et, c’est grave, l’absence de but précis. Partie pour éviter l’apocalypse, la famille se retrouve à tenter de l’empêcher. A vrai dire, c’est le pitch de quelques blockbusters mais ici, aucun épisode ne s’inscrit dans une série d’étapes. Chaque épisode propose un nouveau personnage à sauver d’une menace nouvellement arrivée. Il y a bien un semblant de mythologie propre à la série – d’ailleurs plutôt intéressante – mais sans base solide.

Des shapeshifters, des créatures volantes, des trous noirs, des comètes, des volcans, toute menace est bonne à prendre pour offrir un spectacle divertissant. Car il faut l’avouer, Aftermath n’est jamais vide d’événements. Elle est simplement vide de sens. Et la série s’emploie même, à cause d’un manque de tenue,  à renouveler sans cesse son devoir de divertir. Une nouvelle fois, elle y arrive non sans défaut.

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Jeu : trouvez ce qui effraye la famille?
©Syfy

Ce n’est pas le manque de moyens qui plombe Aftermath. La réalisation est plutôt bonne avec des plans assez beaux, graphiquement pertinents. Les effets spéciaux sont d’une qualité honorable sans  production design très recherchée cependant. Ce qui pèche est que tout ce qui arrive ne surprend les personnages que par les limites du cadre de l’image. C’est surprenant de voir qu’ils ne sont interpellés par les choses que quand elles arrivent à l’image. Une météorite, un gigantesque trou noir, un personnage venu de nulle part ne sont vu que si le personnage le voit à l’écran. Impensable. Exemple concret, dans une scène, deux personnages entendent des bruits. D’un coup, la caméra fait un plan large et on voit une zone grillagée avec des infectés. Elle était à deux mètres d’eux mais seulement quand le plan large est là, les personnages se rendent compte de la présence de cette zone. Plusieurs fois dans la série, cela se reproduira. Le plus impensable est quand leur camping-car s’arrête net devant quelqu’un qui apparaît sur la route alors qu’il était visible à des dizaines de mètres. Cette sensation que les personnages sont protégés par les bords du cadre est assez amusante.

Tous ses défauts n’entachent que peu la série au final. Cette étrange sensation d’être devant une mauvaise série nous plaît. Et de mauvaise série, Aftermath devient alors un plaisir coupable. C’est bourré de choses insupportables, bancales mais on reste devant. Le personnage badass et ridicule de Anne Heche, l’inutilité du père, les rebondissements idiots, le manque global de narration; tout pointe vers un projet catastrophique. Un fourre-tout narratif jouissif se dresse devant vos yeux. Et quoi de mieux de finir la saison sur une scène cliffhanger et une voix rajoutée en post-synchro qui donne à la scène un aspect très étrange ? Rien de mieux. Regardez Aftermath, votre quota de guilty pleasure sera rempli. Et on attend aussi la saison 2 !

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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