Conjuring : 40 ans d’épouvante nous contemplent
Après Saw, Dead Silence et Insidious, James Wan confirme son gout pour le cinéma d’épouvante moderne. The Conjuring est la quatrième réalisation horrifique de l’australien avant de s’atteler à la suite de Insidious 2 et… Fast And Furious 7.
Tiré d’une histoire vraie, celle du couple Warren, ancêtres des frères Winchester ou de Mulder et Scully, The Conjuring est un peu le film concluant dix ans d’épouvante redondante. On ne compte plus les films au premier degré comme Esther, L’Exorcisme D’Emily Rose, Sinister, The Bay, The Purge, Mamà qui surfent sur le succès croisant du film de genre et qui tentent d’être original avec des thèmes ni faits ni à faire. Le constat n’est pourtant pas qualitativement positif, le genre est en forme quantitativement mais ronronne dangereusement. Beaucoup d’œuvres surfent sur les clichés ronflants du genre et ne parviennent jamais à être vraiment portés sur des idées pertinentes si ce n’est, au pire, sur une originalité. Ne trouvant que rarement chaussure à mon pied niveau épouvante depuis l’invasion des chinois à cheveux gras de The Ring et autres clones, je dois dire qu’enfin, The Conjuring arrive à maintenir mon intérêt. The Conjuring est le film somme de 40 ans d’épouvante.
Porte qui grince, boite à musique, poupée, rires d’enfants, placard inquiétant, exorcisme, apparitions, maison hantée, enregistrements terrifiants et même un hommage au found footage, The Conjuring conjugue ce qu’on juge comme faisant partie des gimmicks historiques du film d‘épouvante d’une manière efficace. Tous les clichés ou ingrédients, pour ne pas être pessimiste, sont là. Pour le reste, James Wan et son talent font le travail. La preuve en est avec l’utilisation d’un drap blanc dans une scène d’une beauté fantomatique folle. Wan a cette touche audacieuse de transformer sa caméra en sorte de spectre spectatoriel qui suit les héros du film et regardent en même temps que lui les recoins sombres de cette maison au milieu de nulle part.
La bande-annonce est plutôt réussie et met de suite dans l’ambiance !
Vous l’aurez compris, l’histoire n’a rien de bien originale, une famille s’installe dans une maison loin de tout et les phénomènes étranges commencent. Pourtant, si le chien ne veut pas rentrer dans la maison c’est qu’il y a un souci non ? Pourtant la famille tente de se construire une nouvelle vie dans une maison bien trop grande pour nous mais assez pour ces parents et leurs 5 filles ! Ron Livingston (Band Of Brothers) joue un père perdu au milieu d’événements qu’il ne contrôle pas, Lili Taylor (X-Files, Public Enemies), peu crédible en femme de Livingston, a toujours la tête de l’emploi et le casting des fillettes est plutôt bon. Restent Wilson (Insidious) et Farmiga (Source Code)impeccables en couple Warren.
Jouant sur les codes connus et reconnus du film d’épouvante, The Conjuring arrive pourtant à proposer quelque chose de posé, carré et se démarque par une délicatesse dans l’utilisation de ces codes justement. Le long plan dans un couloir où s’avance le personnage, le placard qui bouge, la musique croissante sont autant de scènes attendus par le public et le film arrive à détourner la conclusion attendue par des idées pas plus intelligentes que les autres mais bienvenues. On s’attend à ce que quelque chose tombe mais c’est un objet qui est lancé, on s’attend à ce que le personnage soit happé, il y a juste deux mains d’enfants qui viennent se claquer. The Conjuring propose quelque chose de frais en recyclant les bases du genre.
Pourtant il y a des choses un peu bancales comme cette fameuse poupée qui n’a finalement que peu de poids dans l’histoire et qui a un rôle bien hors sujet. La petite fille est également mal utilisée puisqu’elle n’est qu’une pâle copie de toutes les petites filles vues dans une tripotée de films du genre. Ni inquiétante, ni inintéressante, ce personnage n’apporte pas grand-chose. On passe sur une conclusion un peu trop détachée du reste dans le ton et des ajouts humoristiques avec un personnage arrivant dans le second tiers qui étonne mais c’est déjà moins raté que dans Insidious.
Commençant doucement mais avec une maîtrise rare, The Conjuring met en place une tension croissante jusqu’à un final volontiers épouvantable dans le bon sens du terme. Réussi, The Conjuring confirme la maîtrise du genre de James Wan, le charisme de Patrick Wilson et conclut presque un pan du cinéma d’épouvante.