Mad Max: Fury Road – Retour effréné
Retour en force et réussi pour le réalisateur et scénariste George Miller, à l’origine de la franchise Mad Max en 1979, qui sort ce mois-ci le quatrième volet. Il lui aura fallu une trentaine d’années pour le concrétiser. L’un des films les plus attendus de 2015 qui semble faire l’unanimité.
Hanté par un lourd passé, Max Rockatansky (Tom Hardy) estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d’un véhicule militaire piloté par l’Imperator Furiosa (Charlize Theron). Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne) qui s’est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…
Quel plaisir de retrouver aujourd’hui l’univers complètement déjanté qui a fait la gloire de la trilogie culte Mad Max dans ce nouvel opus fidèle qui parvient à se moderniser et s’ancrer dans notre époque actuelle. Mad Max: Fury Road nous sert des personnages tout aussi délirants, des séquences surprenantes et qui continue de mélanger les genres : western, survival, science-fiction post-apocalyptique. Ici, les femmes sont à l’honneur, représentées par des actrices fortes et convaincantes, à des âges différents. Un film bienvenu dans une période de révolte et de revendication des droits pour l’égalité homme/femme dans le milieu du cinéma et la société en général.
Le film est palpitant et très rythmé servi par une bande son furieuse signée Junkie XL. Depuis son siège, le spectateur ressent la chaleur et la crasse qui s’en dégagent. Il est happé dans cette course poursuite haletante de près de deux heures dirigée magistralement. Cette surenchère d’action impressionne et n’ennuie pas. En effet, le réalisateur se renouvelle et innove pour nous présenter des cascades authentiques tournées avec de vrais véhicules qui s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Il faut saluer la qualité des effets spéciaux et l’esthétique générale qui est sublime : la photographie est lumineuse et les paysages désertiques sont grandioses, notamment le décor de la Citadelle. Une des scènes marquantes de Fury Road reste celle de la tempête de sable… nous n’en dirons pas plus. Nous remarquons que chez Miller, l’image se suffit à elle-même. Nous avons toujours affaire à une violence suggérée mais en comparaison aux deux premiers films, elle reste moindre. On se souvient des coups de boomerang dans Road Warrior par exemple. Non pas que la violence complaisante et assumée face la réussite d’un long métrage, au contraire, mais venant d’un univers tel que celui-ci où tout n’est que chaos, domination et où chacun lutte pour survivre, nous aurions pu nous attendre à plus. Le montage est dynamique et très découpé. Peut-être est-ce là une volonté d’ouvrir la franchise à un public plus large ? Ajoutons que l’utilisation de la 3D reste un procédé très dispensable : elle est remarquable sur un ou deux plans mais cela reste un constat bien faible sur deux heures de film.
Par ailleurs, il nous faut pointer du doigt le « désert » scénaristique. Le long métrage est parfaitement ce qu’il prétend être – de l’action démesurée qui éblouit – cependant, cette action est souvent amenée au détriment de l’histoire. Toujours plus intense, toujours plus vite : ainsi, le scénario contient quelques facilités qui aboutissent à encore plus d’action. Alors certes, nous ne regardons pas ce genre de film pour avoir une réflexion intensive des semaines durant mais il semblerait que ce volet perde un peu de cette réflexion sur un monde sans foi ni loi, en proie à la violence et à la destruction que nous retrouvions dans les anciens. L’histoire démarre d’emblée donnant la sensation de ne pas avoir eu de mise en place. Quelques réponses nous manquent pour véritablement comprendre les enjeux de cette survie et de ce combat. Jusqu’à quel point Immortan Joe est-il cruel envers ses femmes et le peuple ? Pourquoi éloigner ses femmes précisément pendant que la population se meurt ? Nous avons quelques précisions mais enlever une quinzaine de minutes d’action au film pour ajouter une mise en place n’aurait pas fait de mal.
Le charismatique Tom Hardy reprend le rôle de Max, souffrant de mutisme, un type de personnage qu’on lui connait bien et qu’il interprète avec justesse. Rappelons que dans les précédents, le rôle était tenu par l’inoubliable Mel Gibson. La force de l’histoire est, sans conteste, Charlize Theron en Imperator Furiosa qui se démarque admirablement de son égal masculin. Et qui d’autre pour incarner Immortan Joe que le génial Hugh Keays-Byrne, que George Miller retrouve après le premier Mad Max dans lequel il incarnait Toecutter, le méchant originel. Enfin, mention spéciale à Nicholas Hoult qui nous sert un personnage extravagant et totalement givré qu’on se plait à apprécier au fil du temps.
Mad Max: Fury Road comblera les fans de la trilogie initiale et ravira probablement ceux qui découvriront ce monde de Désolation. Bien que la vision des films précédents ne soit pas nécessaire à la compréhension du film, nous ne pouvons que vous les conseiller, notamment le 1 et le 2. A voir et à revoir pour le plaisir !