Suite Française : Faites l’amour, pas la guerre
Suite Française est le troisième long métrage du réalisateur britannique Saul Dibb (The Duchess) et l’adaptation du roman homonyme de Irène Némirovsky écrit en 1942. Le film se concentre sur l’histoire d’amour naissante entre une jeune française et un officier allemand dans la France occupée.
Été 1940. France. Dans l’attente de nouvelles de son mari prisonnier de guerre, Lucile Angellier mène une existence soumise sous l’oeil inquisiteur de sa belle-mère. L’arrivée de l’armée allemande dans leur village contraint les deux femmes à loger chez elles le lieutenant Bruno von Falk. Lucile tente de l’éviter mais ne peut bientôt plus ignorer l’attirance qu’elle éprouve pour l’officier…
L’intrigue se déroule dans un petit village du centre de la France où les habitants, pour survivre, sont contraints d’accueillir l’armée allemande et de coexister avec eux. Certains acceptent et collaborent, d’autres refusent. Le film évite le côté manichéen, facilement atteint, lorsque nous décidons de traiter du sujet inépuisable de la Seconde Guerre Mondiale. De plus, il a le mérite de ne pas se consacrer uniquement à la romance maudite entre la belle Lucile et le beau Bruno, ce qui aurait pu conduire à une surenchère de bons sentiments et de niaiserie. Il s’intéresse également aux conflits inévitables surgissant en ces temps de crise, tels que les dénonciations, les trahisons, etc… mais aussi la résistance, le courage et l’entraide.
La mise-en-scène est des plus classiques et la narration est linéaire racontée à la première personne par la présence du voix-off mais force est de constater une belle reconstitution de l’époque – décors et costumes. Bien que le contexte de la guerre soit omniprésent par l’arrivée des soldats allemands dans le village, nous aurions pu nous attendre à plus de tension dans le film. Peu de moments nous font bondir sur notre siège, nous ne sommes que très rarement secoués, voire pas du tout, et au final peu surpris. Tout y est prévisible et nous n’attachons que peu d’importance au sort des personnages. En effet, nous ressentons à peine le risque que ces deux jeunes gens prennent à s’aimer. Pourtant, le film suit un rythme satisfaisant et nous ne nous ennuyons pas.
Autre point fort du film, la musique signée par le français Alexandre Desplat est un plaisir pour les oreilles, à l’image de ce beau morceau de piano récurrent. Par ailleurs, le casting est porté par le retour de Michelle Williams, qui se fait plus discrète, dans le rôle principal incarné tout en douceur et fragilité qui cache un personnage bien plus fort qu’il n’y parait. L’acteur belge Matthias Schoenaerts lui donne la réplique, il est par ailleurs de plus en plus présent dans le cinéma international, et ça, ça nous fait plaisir. Le couple est naturel et dans la retenue. Dans les rôles secondaires, nous retrouvons la grande Kristin Scott Thomas, Lambert Wilson, Margot Robbie et Sam Riley. Un casting de choix, donc. Cependant, nous regrettons le manque d’authenticité, pour ainsi dire, dans le récit : même si le film se doit de toucher le plus grand nombre, les répliques en anglais dans un village de France devient légèrement irritant, sans pour autant gâcher notre plaisir.
Le film, à défaut d’émouvoir, peut compter sur ses deux interprètes principaux, au jeu très subtil et touchant. A voir, pour la découverte.