Lucy : 5% grand maximum
« Lucy », le nouveau Luc Besson (« Le Cinquième Élément », « A.N.G.E.L.A », « Malavita »…), , doit beaucoup, par son postulat, à « Limitless » (Neil Burger) sorti en 2011. Qu’adviendrait-il si une personne utilisait son cerveau au maximum de ses capacités? Ici, c’est Scarlett Johansson qui s’y colle: son personnage, après avoir été plus ou moins accidentellement exposée a une drogue futuriste, se retrouve dotée de ce pouvoir terrifiant.
Si le concept est amusant, le constat est là: le film n’a scientifiquement aucun fondement, se contentant d’expliquer vainement le fait qu’une telle ouverture d’esprit (à prendre ici au sens propre) apporte à l’humain super-pouvoirs. Empli de stéréotypes faussement scientifiques et philosophiques (déblatérés comme de bien entendu par Morgan Freeman, dont le récent « Insaisissables » avait pourtant prouvé sa capacité à jouer autre chose qu’un gentil moralisateur), le film tente de noyer le spectateur de scènes d’action (d’une violence vraiment gratuite, autant en ce qui concerne les actes des « bons » que ceux des « mauvais ») pour éviter qu’il ne réfléchisse trop sur l’inanité du propos.
Visuellement assez banal, le film a cette particularité d’être principalement composé d’images de synthèse, pas franchement bluffantes si l’on est habitué aux blockbusteurs d’aujourd’hui et à leurs prouesses techniques (Matrix, 15 ans plus tôt, offrait des scènes d’action d’une qualité similaire, et le visuel des scènes d' »ouverture d’esprit » n’a rien de bien impressionnant). On se demande un peu où est parti le budget, dit par Europacorp comme le plus gros qu’elle ait jamais dépensé pour un film. Sans doute dans la (très longue) scène de poursuite en voiture. Ou dans le casting.
Dans le rôle titre, Scarlett Johansson est égale à elle même. Si son omniprésence à l’écran ces deux dernières années commence un peu à fatiguer, elle offre toutefois comme d’habitude un jeu de qualité, un peu altéré par les poncifs Besson (ce fameux regard sur le côté…). On a déjà évoqué Morgan Freeman, lui aussi égal à lui même mais pour d’autres raisons, les autres acteurs sont quant à eux assez transparents, sans être vraiment mauvais.
L’ensemble est certes divertissant. Mais il manque à ce blockbuster ce qu’il manque à la plupart des productions Besson, à savoir une âme propre. Le film pourrait avoir été réalisé par n’importe qui de par son absence totale de point de vue ou d’originalité, ne serait-ce que dans la manière de filmer. Bien sûr, on s’amuse bien, mais Besson a t’il vraiment déjà eu des choses à dire…?
A.M.D