Parks and Recreation : Treat Yo Self
La sitcom, le genre casse-gueule par excellence. Faire rire n’est pas chose aisée : il n’y a qu’à voir le nombre élevé de séries ou de films qui échouent lamentablement à nous arracher ne serait-ce qu’un sourire. Mais heureusement, tout n’est pas noir, et il existe du bon, voire du très bon en sitcom ; rien que sur ces vingt dernières années, il y a moyen de trouver son compte. Néanmoins, on a tous un chouchou que l’on met en avant par rapport aux autres, une série que l’on considère comme le top de sa catégorie. Et mon Graal comique prend place dans l’Indiana, à Pawnee.
Parks and Recreation a des défauts bien sûr. Qui n’en a pas, hein ? Sa première saison est molle, trop timide dans son écriture, certaines situations ne font pas toujours rire, Tom fait toujours les mêmes mimiques… Non en fait, je ne vais pas faire semblant plus longtemps. Parks and Rec a des défauts, mais je m’en fiche. Tout le monde en a. Car il est dur de ne pas avoir de défauts en 6 saisons. Mais vous savez ce qui est encore plus difficile ? De savoir se réinventer quand l’on a une centaine d’épisodes derrière soi. Pour une sitcom, c’est crucial. Combien de shows sont tombés dans ce cercle vicieux après quelques bonnes premières saisons ? How I Met Your Mother a tenu 3 saisons avant de commencer à décliner (vraiment à partir de la 6) ; The Big Bang Theory, 4 ; Même Friends, Seinfeld ou Community récemment ont eu des trous noirs. Plus une sitcom est longue, plus faire rire est compliqué. Les personnages commencent à avoir du vécu, et il est facile d’écrire des épisodes basés sur une réplique ou une connerie d’un personnage. C’est rapide et comme l’audience sera au rendez-vous, pourquoi se fouler ?
Parks and Rec a certes eu son trou noir, cette fameuse première saison, mais elle n’a cessé de monter en puissance depuis. Pas de grandes révolutions, mais des petites touches apportées ici et là, assez suffisantes pour ne pas basculer vers l’ennui poli. Comme Archer, il y a toujours une blague qui te fait marrer, une situation hilarante. Ou même un moment touchant. Car oui, Parks and Rec est une série qui sait être touchante et faire vivre ses personnages, les rendre humains. Ça compte, même dans une sitcom. De Ron Swanson – best character ever – à Leslie Knope, on a affaire à des vrais êtres humains, pas que de simples stéréotypes.
Si l’écriture de la série est excellente – ça serait trop long de citer la tonne de scénaristes, dont les comédiens eux-mêmes parfois, Parks and Rec ne serait pas aussi drôle sans une bonne distribution. Nick Offerman, Amy Poehler, Aubrey Plaza, Rashida Jones, Chris Pratt, Adam Scott, Rob Lowe, Jim O’Heir, Retta, Aziz Ansari : si la série est une vraie tuerie, c’est aussi grâce à eux. Ce qui est vraiment intéressant, c’est que chacun apporte sa touche personnelle à l’édifice : Nick Offerman campe un libertarien fonctionnaire maître dans l’art de déclamer des punchlines ravageuses, tout le contraire d’un Rob Lowe qui a cependant le même rôle ici ; Aziz Ansari est plus dans la bêtise pure, comme Chris Pratt ; Aubrey Plaza est méchante par plaisir ; Amy Poehler, Rashida Jones et Adam Scott apportent de la stabilité au tout, en étant plus dans l’émotion du fait de leurs rôles ; quant à Jim O’Heir, c’est un running gag à lui tout seul.
Mais outre le rire, les répliques de Nick Offerman ou les bêtises de Pratt, la série se démarque aussi par son ton et ses thèmes. On évoque le travail de fonctionnaire, l’ambition politique d’une femme dans un monde masculin, les responsabilités envers les citoyens, les coupes budgétaires… Tout ceci est certes traité sous l’angle de l’humour, il n’en reste pas moins que la série est quand même assez désabusé dans son ton, loin de tracer une route droite à Leslie Knope. Mais sans tomber dans le pessimisme, car une déception peut rapidement être suivie d’une réussite – ce que montre la fin de la saison 6.
Alors, après ce long pavé rempli d’amour, il est temps de se poser la question qui tue : Parks and Rec est-elle la meilleure sitcom de tous les temps ?
Ce à quoi je répondrais : dans son genre, oui. Mais c’est avant tout un énorme coup de cœur. Comme certains adorent Friends, d’autres ne jurent que par Seinfeld ; certains aiment le The Office anglais, d’autres l’américain. Il est compliqué de comparer des sitcoms n’ayant pas grand-chose à voir au final. La seule chose qui compte, c’est ce que l’on en pense. Et je pense que Parks and Recreation est la meilleure sitcom jamais sortie à ce jour.
Faites-vous plaisir, regardez Parks and Rec. Vous ne le regretterez pas.