Battlestar Galactica – So Say We All
Peu de séries peuvent se targuer d’avoir eu autant d’ambition que Battlestar Galactica. Seules certaines séries HBO – comme Rome ou Game of Thrones, arrivent à sa hauteur d’un point de vue technique. Mais BSG est tellement plus que cela…
Une fresque épique, remake de la série de 1978, qui s’étale sur 4 saisons, 73 épisodes auxquels on additionne un pilote de 3 heures, deux films – Razor et The Plan – et une bonne trentaine de webisodes. Une série où l’on parle de politique, de survie de la race humaine et de religion sans qu’elle ne tombe dans le ridicule. Un mythe.
Pourtant, il y a de quoi être perplexe lorsque l’on commence la série. Le pilote de 3 heures est certes très bon, mais la série est très dense et paraît très hermétique au premier contact. Il faut assimiler des tonnes d’informations en peu de temps, que ce soit au niveau des personnages ou des enjeux, sachant que les scénaristes se font une joie de jouer avec nous, en faisant apparaître ce qui sera le centre de la série, à savoir le duo Gaius-Caprica Six.
Mais avant d’aller plus loin, un petit résumé me semble nécessaire. BSG prend place dans un futur où les êtres humains ont colonisé un groupe de planètes appelé les Douze Colonies. Quarante ans auparavant, les Cylons – des robots créés par l’Homme – se révoltent et partent sans laisser de trace. Jusqu’au jour où ils attaquent par surprise la race humaine, commettant ainsi un holocauste nucléaire. Après cette attaque, la race humaine n’est plus constituée que de 50 000 membres et doit survivre tant bien que mal dans l’espace, protégé par le Battlestar Galactica, le seul vaisseau de guerre à avoir survécu à l’attaque.
On pourrait penser qu’avec un tel scénario, la série se contenterait de montrer le conflit entre Cylons et Humains, mais il n’en est rien. Ronald Dowl Moore et la trouzaine de scénaristes bossant sur le projet se sont plutôt orientés vers le drame, avec peu de scène de batailles au final. Bien sûr, la menace cylon est toujours présente, telle une épée de Damoclès, mais on se rend vite compte que le pire ennemi de ce qui reste de l’humanité est l’Homme. Capable de trahir, de se mutiner, de faire des erreurs de jugement ou d’être faible ; BSG se concentre quasi-exclusivement sur la vie de la flotte, et notamment à l’intérieur du Galactica, vieux tas de ferraille qui se trouve être essentiel pour la survie de ce qui reste. Et la série traite un large panel de thématiques : politique, religieux, militaire, la vie quotidienne,… Cela peut faire peur au début, et parfois on se sent comme impuissant face à tous ces éléments ; mais si vous rentrez dedans, non seulement on s’y fait, mais on en redemande encore plus. Une vraie drogue dure.
Car la série recèle d’éléments passionnants et qui arrivent à tenir le spectateur en haleine. Déjà, dès le pilote, Bill Adama, le commandant du Galactica, annonce ce qui sera le but ultime de la série : retrouver la Terre pour fonder une nouvelle humanité. Peu originale dans la SF – les deux derniers tomes de Fondation exploraient déjà cette idée, cette quête des origines a le mérite de donner un but à la série et devient une énigme : existe ou n’existe pas ? Autour de cet enjeu, plusieurs autres mystères s’épaississent : sachant que les Cylons ont évolué et créé des modèles cylons à l’identique des humains, qui est humain et qui est cylon ? Ensuite, pourquoi donc Gaius Balthar, le scientifique à l’accent so british, voit-il son amante sur Caprica, une Cylon, sans que personne d’autre ne la voit ? Et enfin, quel est donc ce plan dont elle parle sans cesse ? Tels sont les mystères posés d’emblée, et dont d’autres viendront s’ajouter par la suite.
La série a énormément de détracteurs concernant sa dernière saison, qui serait rempli d’incohérences et d’improvisations. Il est vrai que la série se tourne de plus en plus vers la religion et les prophéties, mais elle n’oublie pas de parler de ces hommes et de ces femmes qui font tout le sel de BSG. Bill Adama, commandant puis amiral de la flotte, Laura Roslin, présidente par défaut mais qui assume son poste, Lee Adama, Starbuck, Chief Tyrol, Saul Tigh, Gaius Balthar, Athena et Helo,… Il faudrait tous les citer tellement ils sont attachants et très bien écrits. La distribution de la série est une merveille et chaque acteur est impliqué à 100% dans son rôle, même le plus petit ; mais si il fallait en ressortir trois, mon choix se porterait sur Edward James Olmos – le spécialiste des origami dans Blade Runner – qui est charismatique à souhait dans le rôle de Bill Adama, James Callis – qui campe un fascinant Gaius Balthar – et Katee Sackhoff en Starbuck tête brûlée et charismatique aussi – performance assez incroyable quand on sait qu’elle n’avait que 23 ans lors du pilote. Mention spéciale aux acteurs/trices jouant les Cylons, et qui doivent jouer plusieurs rôles suivant le caractère des modèles – mais comme je n’ai pas envie de spoiler ceux qui n’ont pas encore vu la série, je tairais leurs noms.
Si certains ont peur de voir une série ayant mal vieilli, ne vous en faites pas, c’est toujours aussi beau. Caméra dynamique, effets spéciaux la plupart du temps très bons – il n’y a que les centurions cylons qui sont trop rigides pour que l’on y croit ; la série a une réalisation digne du cinéma. D’ailleurs, certains plans de batailles spatiales font beaucoup penser aux nouveaux Star Trek de J.J. Abrams, preuve que cette mise en scène est excellente. Le seul défaut technique pour moi se situe lors des séquences au sol, sur les planètes : des filtres sont utilisés, notamment un filtre jaune sur Caprica, et il faut avouer que c’est assez laid. Sinon c’est du très lourd, notamment au niveau de la bande-son qui réserve des thèmes absolument magiques – et qui se révèle exceptionnelle lors de la saison 3.
J’ai sans doute oublié des tonnes de choses, mais il est compliqué de résumer une telle fresque. Série de SF dramatique, pas vraiment space-opera, Battlestar Galactica brille par ses dialogues, ses thématiques, ses acteurs et sa réalisation. Une série immense qui se bonifie au fil du visionnage – la saison 3 est un sommet de dramaturgie, qui reste cohérente dans son scénario et qui s’apprécie pleinement une fois la série terminée. Et qui s’apprécie encore davantage lors d’un revisionnage, la série étant remplie de sous-entendus et de non-dits. Suivez le chemin, et accomplissez vous aussi le plan de Dieu. S’il existe.
So Say We All.
PS : pour ceux n’ayant pas vu la série, sachez qu’il existe un ordre de visionnage optimal concernant les films et les webisodes, différents de leurs dates de sortie. Voici un petit récapitulatif, qui pourra aussi servir aux autres, au cas où :
– Razor se regarde entre les épisodes 17 et 18 de la saison 2 ;
– The Plan se regarde à la fin de la série si c’est votre premier visionnage, à la fin de la saison 2 si vous recommencez la série ;
– Les webisodes « The Resistance » se passent entre les saisons 2 et 3 ;
– Les webisodes « The Face of the Enemy » prennent place entre les épisodes 11 et 12 de la saison 4.
Hello, si je puis me permettre, il manque une composante importante de la série : la musique de Bear McCreary.. Elle complète très bien l’ambiance de la série et nous laisse quelques morceaux épiques. Et les combats spatiaux rythmés par des Taikos, c’est juste enorme!!
Frak, je me disais bien que j’oubliais quelque chose, merci de m’y avoir fait penser 🙂