Critiques de films

Boyhood : Big As Life

Autant le dire tout de suite, Richard Linklater n’a pas choisi la facilité en réalisant Boyhood, projet pour le moins ambitieux, puisque le tournage s’est prolongé sur 12 ans. Le but était clair: suivre l’évolution d’un garçon de 6 à 18 ans, non pas de manière documentaire mais bien en restant dans le domaine de la fiction, de sorte que tous les personnages sont bien des acteurs et pas des humains filmés en temps réel, d’où la durée du film, 2h45.

Pourtant, l’illusion est presque parfaite. L’évolution des personnages est bien celle de la vie, et ne s’embarrasse pas de ressorts scénaristiques compliqués. C’est sans doute sur ce point que le film divisera: à la manière d’un « Tree Of Life », sans doute les spectateurs seront de deux groupes, ceux qui trouvent que rien ne se passe et ceux qui se laissent bercer par le rythme du film, bien celui de la vie. Pour ma part, je me situe dans la seconde catégorie de spectateurs. L’habile technique de Richard Linklater (la trilogie Before…)pour montrer les bonds dans le temps y est bien sûr pour quelque chose: pas d’habituels cartons « 8ans après » ici, mais bien des changements de coiffure, vieillissement de la peau, changements de comportements… Le mouvement dans le temps est aussi montré de par le mise en scène: au fur et à mesure des années, Britney Spears est changée en Lady Gaga sur la radio de la soeur du héros, on passe de la sortie du second Harry Potter à celle du sixième… Tous ces détails favorisent bien plus l’immersion qu’un simple carton noir! Le film est d’ailleurs techniquement irréprochable, on regrette un peu cependant le manque d’originalité du point de vue de la manière de filmer, plutôt conventionnelle. Le choix de tourner le film en 35mm, quand à lui, ne change pas grand chose au film, même si on comprend bien que du point de vue logique il s’agissait seul choix possible (selon les dires du réalisateur, il s’agissait de conserver une unité malgré l’évolution du métrage). La mise en scène est tout de même assez conformiste, donc, ce qui déprécie un peu le long-métrage.

boyhood
©Diaphana

Du point de vue des acteurs, c’est également réussi: tandis que Patricia Arquette nous émeut en mère stricte mais aimante, Ethan Hawke est un père rebelle parfait. Les jeunes sont troublant de naturel, surtout le personnage principal, interprété par Ellar Coltrane, qui devient au fil des séquences notre fils à tous. La seconde qualité du film est la sensation de légèreté qui s’en dégage. Bien sûr, tout n’est pas rose dans la vie de ce jeune homme, certaines séquences sont même éprouvantes (la colère du second mari alcoolique, la douloureuse scène de séparation), mais le message, comme il est prononcé avant la clôture du film, est bien dans nos esprits: il s’agit de profiter de l’instant présent, car « maintenant, c’est tout le temps ».

Le film sort le 30 juillet chez nous.


Boyhood – Bande Annonce par AficiaInfo

Adrien Myers Delarue

Résidant à Paris, A.M.D est fan de Rob Zombie, de David Lynch et des bons films d'horreurs bien taillés. Sériephile modéré, il est fan de cultes comme X-Files, Lost, ou DrHouse, ou d'actualités comme Daredevil ou Bates Motel.

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