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House of Cards saison 2, une transition vers l’apothéose d’Underwood

En moins de 24 heures, j’ai regardé toute la saison 2 de « House of Cards ». S’il y a bien une série pour laquelle on peut oublier toute vie sociale pour un week-end ou presque, c’est bien celle-ci. Il faut dire que Netflix la joue fine en dévoilant tous les épisodes d’un coup.

C’est presque à celui qui viendra à bout des 13 épisodes le premier, pour éviter de se faire spoiler, et ce même si Barack Obama s’y oppose. Mais il y a aussi le plaisir de plonger à nouveau dans l’atmosphère sombre et étouffante du Washington de Frank Underwood, celle qui m’avait tellement plu pendant la première saison.

Alors que penser de cette deuxième saison ? Que sont devenus Frank Underwood, Claire, Doug, Zoe, Rachel ou même Christina ? Qu’est devenu le Congrès ou la Maison Blanche ? Jusqu’où est allé Frank dans sa quête du pouvoir ? Une chose est sûre, en une saison et 13 épisodes, cette saison 2 aura changé leur vie à jamais.

[ATTENTION, SPOILERS MEGA VIOLENTS !]

© Netflix
© Netflix

 Les montagnes russes émotionnelles

L’épisode le plus surprenant reste selon moi le premier épisode. Tout simplement parce qu’on y voit disparaître l’un des personnages les plus importants de la série, celle qui pouvait s’opposer à Frank Underwood et  le faire tomber : Zoe Barnes. Mais avec cette mort, les scénaristes de « House of Cards » nous montrent, et d’une manière rapide et efficace, que Frank Underwood est un rapace implacable, prêt à tout pour protéger ses arrières… Et surtout, ils nous ont prouvé qu’ils pouvaient garder un secret. Oh, comme j’aime à me rappeler la promotion de la série, avec Kevin Spacey et Robin Wright, le « power-couple » du show, mais aussi Kate Mara, l’atout charme et impertinent avec ses hashtags #GoZoe. Hop, la voilà écartée avant même la fin du premier épisode, et ce par un rapide « accident » de métro. Si « Game of Thrones » est connue pour ne pas être juste, on peut dire que « House of Cards » vient de prouver qu’elle pouvait être, de son côté, très cruelle.

Le réalisateur de « House of Cards » nous montre aussi à quel point la vie d’un homme peut changer, et cela en très peu de temps. Bien évidemment, pour les besoins de la série, qui ne peut durer 30 épisodes, les choses sont un peu accélérées, mais regardez la rapide déchéance de Freddy à l’épisode 9. La mise en scène de l’épisode est parfaite : On le suit de sa maison jusqu’au travail au début de l’épisode, et on termine les 50 minutes de show en le regardant s’éloigner de son lieu de travail, de toute sa vie. Et une autre victime des Underwood, une ! Freddy, un homme si humble, détruit en un sel épisode…

Mais le changement peut aussi aller dans l’autre sens. Tandis qu’on compte les victimes de Frank, celui-ci s’élève encore d’un rang. Nouveau vice-président au début de la saison, il la termine en tant que… président. Difficile de faire plus alléchant comme cliffhanger n’est-ce pas ? Et pourtant, on peut se demander dans quelle direction ira la saison 3…

Zoe n'a jamais eu aussi tort. © Netflix
Zoe n’a jamais eu aussi tort. © Netflix

 Des promesses tenues, ou presque

Mais malgré le génie de cette deuxième saison, il reste quelques points négatifs à aborder… Tout d’abord, les problèmes de Frank Underwood ont tendance à se régler trop facilement et trop rapidement. Est-ce parce qu’on regarde tous les épisodes à la suite, sans avoir à attendre une longue semaine avant de savoir qui gagne ou perd une bataille ? Je ne sais pas, mais une fois Zoe tuée, les quelques coups de bâton dans l’eau de son petit ami Lucas ne semblent inquiéter personne et une fois en prison, on finit même par ne plus en parler. Idem avec le fameux photographe, Adam Holloway, l’ancien amant de Claire, qui se fait promener comme une marionnette entre Tusk et Underwood, pour finir comme un moins de rien qu’on oublie rapidement. Frank Underwood est puissant, mais doit-il tout réussir ?

Les premières critiques américaines, qui se basaient sur les quatre premiers épisodes du show (qu’ils ont pu voir en avance), regrettaient que Frank Underwood n’ait pas de nemesis à la hauteur. Effectivement, en début de saison, il n’y a personne pour se battre vraiment contre lui… Même le président, censé être l’homme le plus puissant, se laisse berner. Vers la fin de la saison, Raymond Tusk semble presque réussir à battre Underwood à son propre jeu, et le fera même trembler. Même Claire le remarque : « Tu as l’air d’avoir peur. » Et pourtant, comme toujours, Tusk sera balayé et servira même les plans de Frank Underwood, le menant tout droit au Bureau Ovale.

Autre aspect du show qui m’a fait tiquer : les personnages qui ne sont pas utilisés à leur juste valeur. Le personnage de Christina, très important selon moi dans la saison 1, perd beaucoup de valeur dans cette saison 2. Même le garde du corps, Meechum, semble mis en avant et creusé par les scénaristes, seulement pour finir en invité surprise d’un drôle de plan à trois… Et l’on revient encore à Lucas, qu’on laisse moisir en prison, ou encore l’ex-associée de Claire. Finalement, quand les Underwood écartent un personnage de leur vie, ils le font carrément disparaître !

Heureusement et inversement, on découvre aussi de nouveaux personnages prometteurs, comme Jacqueline Sharp (Molly Parker), qui oscille entre force incroyable et faiblesse et que les scénaristes semblent vouloir sculpter en la prochaine ennemie d’Underwood, ou encore l’étrange hacker et son cochon d’Inde Cashew, qui gagnerait à être moins caricatural (les pirates informatiques écoutent-ils vraiment du métal à fond ?).

© Netflix
© Netflix

Une saison 2 qui arrive à nous surprendre

Au-delà des personnages de la série, intéressons-nous maintenant à la construction narrative de « House of Cards ». Certes, il y a des schémas rassurants. Tous ces projets de lois à faire voter, tous ces votes à rassembler. Encore et toujours, il faut « whip the vote » et on a droit au classique décompte. Plus que 6, 5, puis 4 personnes à faire changer de camp. Mais la série aime aussi détruire les habitudes qui la rendaient un minimum rassurante. À commencer par le duo Frank-Doug, qui s’éloigne petit à petit l’un de l’autre. Quand Rachel, la call-girl qui pourrait faire tomber Underwood, prend la place de l’alcool dans la vie de Doug, celui-ci perd le contrôle… Il le perd à tel point qu’il est bientôt mis en compétition contre Seth, petit nouveau au casting. Les scénaristes de « House of Cards » aiment déstabiliser, changer nos habitudes. Et pourquoi pas ? Mais c’était finalement pour mieux nous surprendre en éliminant un autre personnage du casting : Doug. Je ne pleure pas vraiment sa perte, pour être honnête, car je trouvais qu’il s’enfonçait dans une routine agaçante. Au contraire, la fuite de Rachel va peut-être relancer l’enquête sur la mort de Peter Russo puis de Zoe Barnes… Après tout, Underwood y a échappé en tant que vice-président, mais la chute serait d’autant plus spectaculaire maintenant qu’il est président…

Et pendant qu’on craint pour Underwood (ou qu’on espère sa chute, à vous de voir), on apprécie le fait que le personnage de Claire (joué par Robin Wright) soit plus mis en avant. On la croit d’abord plus froide et déterminée que dans la première saison, mais voilà que de temps en temps, la carapace se craquelle pour laisser échapper quelques larmes. Mais une chose est sûre : cette fois, elle ne met plus de bâtons dans les roues de son mari. Après tout, au bout du chemin l’attend le rôle de Première Dame ! Peut-être l’occasion pour elle de faire enfin bouger les choses !

Outch ! © Netflix
Outch ! © Netflix

Entre politique et secrets de famille…

D’ailleurs, durant cette saison on distingue encore bien les questions politiques abordées, en filigrane ou en premier plan. Les tensions avec la Chine par exemple, l’âge de la retraite (tiens, on a tous les mêmes problèmes finalement), mais aussi la reconnaissance des agressions sexuelles en général, et surtout dans l’armée. Des sujets délicats, mais que les scénaristes semblent manipuler avec précaution, même si à la fin (et comme dans la vraie vie ?), tout ne se finit pas comme on l’espérait. Le plus triste exemple est sûrement le projet de loi sur les agressions sexuelles, qui est presque enterré pour emmener Frank Underwood au sommet de sa gloire. J’ai un petit goût amer dans la bouche en me demandant si cela se passe comme ça en politique…

Enfin, cette saison nous permet de nous plonger un peu plus dans le passé des personnages, qu’on savait sombre, mais pas à ce point. Il y a le viol de Claire, mais aussi ses trois fausses couches, et le sacrifice qu’elle a fait en n’ayant pas d’enfants. Et puis il y a Frank Underwood, qui finit par en apprendre autant que le spectateur sur le passé de sa famille, lors d’une reconstitution historique, avant de nous révéler les contours flous d’une enfance triste. Mais alors qu’on a de la peine pour Claire en apprenant ce qu’elle a dû subir, on a tendance à rester indifférent devant Frank, qui nous a habitué à sa cruauté. La saison 3 nous montrera-t-elle le moment où tout a basculé pour lui ?

*

Alors cette saison 2, égale ou mieux que la saison 2 ? Si après le générique de fin, j’étais très enthousiaste, quelques jours après (le temps que l’ambiance s’efface et s’effrite), je suis plus réservée. On a encore du très bon niveau avec cette création Netflix, ces personnages cruels à souhait et ces machinations sordides, mais j’ai tendance à voir dans cette saison 2 une excellente transition entre la saison 1 et le Frank qu’on découvrait, et la saison 3 dans laquelle il va pouvoir (enfin) montrer toute sa cruauté maintenant qu’il a les pleins pouvoirs. J’ai aussi hâte de voir Claire s’épanouir dans son nouveau rôle de Première Dame et qui sait, s’opposer à son mari pour certains projets ?

© Netflix
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