Cet été-là: The (Teenage) Life Aquatic
Derrière The Way, Way Back (Cet été-là en VF) se cachent deux hommes, Nat Faxon et Jim Rash, à la chance assez fluctuante. Sur le petit écran, la série du premier, « Ben & Kate » a été annulée sans cérémonie après une petite quinzaine d’épisodes seulement; celle du second, « Community » voit son destin menacé d’année en année entre audiences assez anémiques et des fans très vocaux et passionnés. Sur le grand écran, en revanche, leur scénario de « The Descendants » a été mis en scène par Alexander Payne et leur ont donné l’Oscar du meilleur scénario adapté. Critique !
Mais c’est avec The Way, Way Back qu’ils font leur entrée dans l’arène en tant que scénaristes et réalisateurs. Le film arrive sur les écrans américains la semaine prochaine, après des projections dans quelques grandes villes depuis début juin. Présenté à Sundance sous les vivas critiques, le film a été acquis par Fox Searchlight qui souhaitent apparemment en faire un succès commercial comme « Little Miss Sunshine« , qui comptait déjà Steve Carell dans sa distribution.
Bouée de sauvetage
The Way, Way Back commence avec Duncan, 14 ans, qui part en vacances dans un recoin du Massachussetts et se fait sévèrement réprimander par Trent (Steve Carell), nouveau copain de sa mère Pam (Toni Collette). Enfermé dans son mutisme et son walkman, il tente de voir sa mère donner une chance à Trent, qu’il déteste cordialement. Son salut va venir d’un parc aquatique, et d »un homme, Owen (Sam Rockwell), qui va l’embaucher en tant qu’employé saisonnier. Un été inoubliable commence pour Duncan…
Cette histoire vous semble ressassée des centaines de fois, et typique d’une certaine frange du cinéma indépendant américain? Oui, oui, et re-oui. Mais malgré un scénario cousu de fil blanc, Rash et Faxon vont vivifier leur scénario avec des longues séquences d’observation de Duncan, et surtout en se reposant sur une distribution hors pair. Allison Janney, la CJ Cregg de « A La Maison Blanche », y est aussi méconnaissable qu’hilarante en Betty, amie de la famille un peu cougarsur les bords et aux réflexions inappropriées. Sam Rockwell va être le catalyseur de The Way, Way Back, entre figure paternelle et éternel ado qui prend Duncan sous son aile. Un charisme de rockstar qui donne un coup de fouet à toutes les scènes, certaines étant partagées avec Jim Rash et Nat Faxon, d’ailleurs.
Tout le film se passe à travers les yeux de Duncan, qui trouve clairement un échappatoire à une vie familiale qui tombe en lambeaux et contre laquelle il ne semble pouvoir s’opposer. Mais l’ado qui va se trouver une gouaille et un répondant grâce à Owen ne tombe pas dans les clichés, ni se sort vraiment de ses travers. Sa relation avec la fille de Bettu, Suzanna, évite les clichés de l’amourette de vacances, et ne se démarque jamais de l’embarras et du malaise que peuvent être les échanges entre ados. The Way, Way Back , c’est une comédie qui fleure bon les vacances, sublimant le petit parc aquatique (réel) à travers une lumière naturelle resplendissante, un peu comme le Hawaïî des « Descendants« . Espérons que sa sortie française, qui intervient fin novembre, sera l’occasion de faire du film un vrai succès commercial. Car même si Rash et Faxon ont l’insolence et le carnet d’adresses des premiers de la classe, ils prouvent avec ce film qu’ils ont un talent pour dépeindre les familles dysfonctionnelles et attachantes.
La séance de The Way, Way Back à laquelle j’ai assisté, au Arclight Hollywood, a été suivie d’une session de questions-réponses avec Nat Faxon et Jim Rash. On y a appris, entre autres:
-que le film s’est monté assez vite en réponse au succès de « The Descendants ». La décision de faire jouer Steve Carell et Sam Rockwell à contre-emploi s’est faite un peu par hasard.
–The Way, Way Back est très écrit, mais beaucoup d’acteurs avaient un talent pour improviser des lignes. Certaines des saillies de Sam Rockwell ont été conservées au montage final.
-Allison Janney était exténuée entre les prises car le personnage de Betty était une source d’énergie épuisante;
-une équipe de techniciens chevronnés ont gardé le budget modeste, sous la barre des 5 millions de dollars. La photographie est assurée par John Bailey, un vétéran responsable des films de James L. Brooks, « Un jour sans fin » ou « Dans la ligne de mire ». Le montage est de Tatiana Riegel (« Lars and The Real Girl »).
-Steve Carell tient à assurer la promotion de The Way, Way Back , même en défendant « Moi Moche et Méchant 2 », dont il assure la voix de Gru en VO.
-l’adolescent qui joue Duncan, Liam James, est venu passer l’audition depuis Toronto. Faxon et Rash n’avaient pas le budget pour faire une recherche intensive du bon acteur, et le côté « old soul » de Duncan leur a beaucoup parlé.