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The Night Of : Bilan de la saison 1

The Night Of, nouvelle série américaine de HBO, s’impose d’ores et déjà comme l’une des valeurs sûres de la télévision en nous proposant une vision implacable du système judiciaire et carcéral. A découvrir de toute urgence. SPOILERS SUR LA SÉRIE !

Créée par les scénaristes Steven Zaillian – à qui l’on doit les scénarios de grands films tels que La Liste de SchindlerMission Impossible ou encore Gangs of New-York – et Richard Price, scénariste du récent Enfant 44, la série se compose de huit épisodes d’une cinquantaine de minutes magistralement dirigés qui nous tiennent en haleine de bout en bout. The Night Of c’est l’histoire tragique de Naz, jeune étudiant d’origine pakistanaise vivant aux Etats-Unis, qui se retrouve accusé de meurtre au lendemain d’une soirée mouvementée en compagnie d’une mystérieuse inconnue parfaitement illustrée dans le premier épisode. Un épisode si alléchant que nous craignions un manque de constance pour la suite – ce qui, heureusement, n’est pas arrivé.

the night of
© HBO

La série parvient à se démarquer des autres innombrables programmes judiciaires en nous proposant de suivre une affaire sur toute une saison accroissant de ce fait son réalisme dans chacune des procédures parcourues par nos protagonistes. Nous suivons, impuissants et en alternance, la cruauté et la corruption du système américain dans un souci du détail très prononcé. Chaque élément compte et nous sommes invités à prendre part à l’enquête en cours, à s’indigner lorsque ceux qui assurent notre protection se liguent contre nous. En effet, à de nombreuses reprises, les instances au pouvoir tentent de dissuader Naz et ses avocats d’aller jusqu’au procès, non pas parce qu’il risque de perdre mais parce que cela coûte trop cher à l’Etat. The Night Of nous décrit un monde, notre monde, où l’argent prévaut sur la vérité sans facilité scénaristique et de manière frontale.

Nous pouvons dire que le scénario se divise en deux parties distinctes : celle de la justice que nous venons d’évoquer, absolument passionnante, qui met en lumière des acteurs au sommet de leurs arts – John Turturro et Jeannie Berlin, interprétant respectivement l’avocat Jack Stone et Helen Weiss, se livrent un duel sans merci où chacun utilise du mieux qu’il peut les armes mises à sa disposition. Le tribunal devenant le haut lieu de la manipulation. N’oublions pas le très bon Bill Camp – vu dernièrement dans Midnight Special de Jeff Nichols – dans le rôle du Sergent Box et Amara Karan dans le rôle de l’acolyte de Stone, l’avocate Chandra.

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© HBO

La deuxième partie composant le scénario de The Night Of est le milieu carcéral dans lequel Naz – formidable Riz Ahmed – est plongé malgré lui. Un sujet que l’on considérerait presque d’usé tant il a été mis en image au cinéma et à la télévision, nous donnant une impression inévitable de déjà-vu. Et pourtant, ici, ce sujet est à nouveau très bien traité et servi grâce aux interprètes – Michael K. Williams dans le rôle de Freddy notamment – et à la qualité de la mise-en-scène. Une mise-en-scène maîtrisée, à la photographie sombre et lugubre sublime, qui parvient à faire monter la tension lors de certaines séquences. Ajoutons à cela la violence psychologique et physique et vous obtenez un cocktail explosif.

Cependant, n’allez pas croire que la série se repose sur ses scènes d’actions – elles sont peu présentes et parsemées. Non, la série prend son temps et sa lenteur est assumée, ce qui permet de creuser les personnages et éviter toute superficialité ou manichéisme. En effet, chacun d’entre eux commet des erreurs et il n’y a ni bon ni mauvais. Prenons en exemple le parcours initiatique de Naz qui se doit d’évoluer pour survivre et devenir ce dont il craignait au départ, le tout nous conduisant vers une fin qui n’édulcore rien – le season finale d’une heure trente est à ce juste titre notre préféré. La froideur de cette série nous frappe au visage, elle nous prend littéralement aux tripes et se permet d’aborder des sujets tout aussi risqués que variés où la chute aurait pu être grande.

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© HBO

Sur fond de de justice, d’égalité, de racisme ou encore de religion – très importante ici – The Night Of met sur la table des problèmes d’actualité, qui nous concernent tous, sans jamais nous épargner. Conçue comme étant une série autonome, y aura-t-il une saison 2 ? Affaire à suivre.

Mélanie Marie

Du Seigneur des Anneaux aux films de Gus Van Sant, le cinéma me donne envie de partager, d'écrire, de débattre au mieux et dans la joie !

2 réflexions sur “The Night Of : Bilan de la saison 1

  • Maxx

    Très mitigé au final, ils ont fait trop de mélanges, ils ont voulu parler de trop de choses et y a que peu d’intrigues qui sont abouties.

    Un de mes plus gros pb avec la série restera le fait qu’il n’y ait pas d’unité de temps, on ne sait pas cb de temps il s’est passé entre le début et la fin de la série, ça empêche un peu d’apprécier la transformation de Nas.

    Mon 2ème gros pb, c’est le traitement des persos féminine qui est très mauvais, beaucoup de personnages fonctionnent en binôme et c’est toujours le personnage féminin qui se retrouve avec le coté négatif, les 2 avocats, john est intouchable, il finit avec son image intact, chandra, elle, cède à ses pulsions, passe de la drogue et finit par se faire virer. Les parents de Nas, le père croit en l’innocence de son fils jusqu’au bout pas la mère. La procureur/le flic le flic a commis des erreurs mais à la fin il s’achète une rédemption en trouvant de nouvelles preuves, à l »inverse la procureur qui semblait sympathique au début, et à 2 doigts de faire condamner Nas, malgré les nouvelles preuves. Et puis aucun des persos féminines n’a la droit à une conclusion contrairement à john ou nas voir le chat.

    Et puis la partie prison est un gros ratage, trop caricatural. C’est dommage par ce que à coté de ça il y a du très bon, à partir du moment où Nas sort de prison toute la fin est réussi les difficultés du retour à la vie normal pour Nas et la vie qui continue pour John. Tout au long de la saison, les scènes de la vie quotidienne ont été les scènes les plus réussies.

    Finalement plutôt que nous avoir montrer une enquête dont on a pas eu la conclusion, j’aurais préféré que l’on saute, en grande partie, la partie prison et procès et qu’on s’intéresse aux conséquences de ce qui s’est passé.

    Pour ce qui est de la réalisation et de la photographie, je les ai souvent trouvé trop neutre. Même chose pour les acteurs en dehors de Turtorro, y a aucune performance qui sort du lot.

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