On a terminé

The Knick – Saison 1

Les séries médicales ont le vent en poupe depuis plusieurs années, que ce soit sur le câble ou les networks ; mais dernièrement, elles se tournent plus sur une thématique précise : ainsi, Masters of Sex étudie les débuts (romancés mais inspirés de faits réels) de la sexologie dans une Amérique puritaine des années 1950. Création de Jack Amiel et Michael Begler, The Knick remonte encore plus loin dans le temps pour nous amener au début du 20e siècle, à une époque où la médecine se modernise mais où l’on opère encore dans des atriums.

Inutile de dire que la nouvelle série de Cinemax (chaîne qui appartient à HBO) était attendue par tous les amateurs du genre pour deux raisons : Steven Soderbergh et Clive Owen tout d’abord, et une ambiance qui s’annonçait assez énorme dans le trailer diffusé en juin dernier. Pour Clive Owen, il s’agissait de son premier passage sur le petit écran, au contraire de Soderbergh, qui avait déjà réalisé et créé quelques séries par le passé, et qui s’est aussi investi dans Red Oaks cette année. Producteur ici, il réalise aussi les dix épisodes de cette saison, ce qui est assez rare pour un cinéaste confirmé ; Fincher ou de Scorsese se sont par exemple contentés d’un ou deux épisodes (House of Cards pour le premier, Boardwalk Empire pour le second) pour prendre des cas récents. Mais loin de figer la série, cette continuité lui offre une vraie montée en puissance, en pleine symbiose avec l’écriture, le jeu des acteurs (excellent) et cette musique, envoûtante et délicieusement anachronique.

L’histoire de base est assez simple : la vie d’un hôpital de New-York, le Knickerbocker, au début du 20e siècle. On suit les médecins, un chirurgien en chef talentueux mais drogué (John Thackery joué donc par Clive Owen), un autre raciste et assez imbu de sa personne, une sorte d’élève qui suit Thackery comme son ombre et à la fin du pilote, un médecin noir. On suit aussi une jeune femme idéaliste, une nonne et un homme de main unis dans les magouilles et des histoires entre le patron du Knick et la mafia locale. Un beau bordel, que l’on a du mal à vraiment démêler au début ; cependant, les personnages prennent de l’épaisseur rapidement, et les dialogues étant de haute volée, on s’y attache très rapidement, surtout quand les ennuis commencent à arriver – et leurs conséquences, inévitables.

the knick
©Cinemax

Mais ce qui fait vraiment tout le sel de The Knick, c’est sa technique. Je ne suis pas un grand fan de Soderbergh, même si j’ai bien aimé la plupart de ses films, mais ici, c’est un tout autre niveau. On est vraiment dans le très haut du panier, avec des plans absolument magnifiques en salle d’opération, des séquences en caméra à l’épaule où l’objectif saute d’un personnage à un autre, un filtre froid qui sied très bien à ce qui se passe, et des plans en courte focale qui rappellent des séquences de certains films de Gilliam. On ajoute à cela une bande-son concoctée par Cliff Martinez, et qui, si elle parait étrange au début, donne une vraie force à l’ensemble une fois que l’on a intégré que de l’électro dans une série qui prend place au début du 20e siècle est chose normale.

Au niveau du casting, on est dans les standards d’HBO : ça joue très bien du rôle principal au plus petit rôle secondaire. Clive Owen est juste décoiffant de justesse et de tension dramatique, vrai boule de nerfs prête à exploser ; Andre Holland et Juliet Rylance sont parfaits, l’un en médecin constamment brimé, l’autre en femme qui se voudrait libre et ouverte mais qui est rattrapée par son monde social ; Jeremy Bobb joue bien l’administrateur endetté jusqu’au cou. Par la suite, d’autres rôles et acteurs s’affirment, comme Eve Hewson (en infirmière qui se rapproche de Thackery) ou encore le duo Chris Sullivan/Cara Seymour. Et leurs rôles sont aussi prenants car la série dépasse le simple cadre hospitalier et développe plusieurs thématiques passionnantes : la recherche médicale toujours plus poussée, le racisme dans la société américaine (l’épisode 7 est d’ailleurs entièrement axé sur ce sujet), la drogue, les questions pratiques auxquelles doit faire face l’hôpital, et surtout le modèle de soin : gratuit ou bien payant, dans un quartier plus riche que celui ou est installé le Knick ? Loin d’être une série sur le passé, The Knick est aussi un miroir de notre société actuelle, et c’est ce qui la rend vraiment profonde et intéressante.

Bref, j’ai assez parlé pour aujourd’hui. The Knick est la meilleure série de l’année, ça ne fait aucun doute. A vous de la voir maintenant.

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