On a testé

The Bastard Executioner : qu’en penser ?

Kurt Sutter ne sera pas resté éloigné très longtemps du petit écran. Après la fin de Sons of Anarchy en fin d’année dernière, il revient sur FX pour présenter un projet qu’il développe depuis 2013 : l’histoire d’un ancien soldat de l’armée d’Édouard Ier d’Angleterre au début du 14e siècle dans un pays de Galles à peine conquis, et qui se retrouve rattrapé par la violence de son époque. Car oui, The Bastard Executioner est une série historique.

The Bastard Executioner est plutôt ambitieuse par ailleurs sur le papier. Car au lieu de s’intéresser aux « grands » – nobles et rois/reines – Sutter filme un bout de baronnie dans le Pays de Galles en pleine ébullition révolutionnaire avec ses paysans, ses soldats, ses rebelles, et son baron dans son château. Une base loin de celle de GoT et consorts, plus proche d’un Flesh+Blood de Paul Verhoeven. D’ailleurs, je m’attendais clairement à retrouver l’ambiance du film du néerlandais dans The Bastard Executioner : du sang, un Moyen-âge filmé sans pincettes et une partie drame forte et épique. Après avoir vu le double épisode diffusé le 15 septembre, il ressort clairement que si les deux premiers éléments sont respectés, le troisième est clairement en retrait.

Commençons d’abord par le positif : l’univers créé par Sutter a de la gueule. Un village a été construit, à l’ouest de Cardiff, et le tournage s’effectue sur place ; forcément, niveau authenticité et beauté des décors on est dans le haut du panier. Quant aux combats, préparez-vous à voir le sang gicler et les corps transpercés par des épées, parce qu’il y en a à la pelle. Sutter et les scénaristes ont voulu bâtir un Moyen-âge le plus crédible possible, et c’est plutôt réussi – même si on n’échappe pas à la caricature paysans gentils/nobles méchants. Clairement, ce Pays de Galles médiéval semble être le cadre idéal pour une fresque historique shakespearienne. Sauf que c’est là où le bât blesse pour ces deux premiers épisodes de The Bastard Executioner.

The Bastard Executioner

Car ce double épisode inaugural est mal rythmé et mal filmé. Mal rythmé, car là où il faudrait densifier la narration et la rendre dramatique et pleine d’enjeu, la série se contente pour le moment de filmer des dialogues explicatifs et plutôt clichés – en plus d’insérer des scènes de sexe qui ne servent à rien à part montrer des scènes de sexe. Mal filmé parce que Paris Barclay – qui s’occupait aussi de la réalisation de Sons of Anarchy – ne sait apparemment pas bien tenir une caméra sur 90 minutes. Les lens flares aveuglent, les plans serrés sont une horreur, l’action est souvent confuse… On ajoute à cela une OST plutôt aléatoire (du rock bien gras, des choeurs médiévaux, de la musique traditionnelle), une écriture trop classique, une foule de personnages qui ne se présentent pas (pratique pour savoir qui est qui) ou encore un jeu d’acteur parfois proche du cabotinage (ou complètement fade comme Lee Jones), et cela donne un double épisode qui peine à prendre aux tripes comme cela aurait dû être le cas. Heureusement, certaines séquences relèvent le niveau, comme l’attaque du village, mais c’est trop peu.

On sent que Sutter a voulu poser les bases de son monde pour le rendre crédible, sans pour autant savoir vraiment comment l’exploiter entièrement : montrer de la boue, du sang et même des excréments (oui oui) ne suffit pas à faire une série historique prenante, il faut des enjeux dramatiques et des personnages forts en gueule. Au vue de ce double épisode, Sutter semble prendre le pari de ne pas donner un antagoniste à son personnage principal mais d’en faire un pion qui doit composer avec une violence qu’il ne veut pas (au départ) revivre et qui le rattrape. Une histoire classique qui peut être passionnante comme être vide et ennuyante. A The Bastard Executioner de nous montrer de quoi son récit est vraiment capable, et qu’il n’est pas juste une coquille jolie mais vide.

The Bastard Executioner, 10 épisodes, débutée le 15/09 (FX).

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