Critiques de films

Semaine Man Of Steel : J-7 – Superman (1978)

Chaque jour jusqu’à mercredi prochain, découvrez un classique de Superman à l’écran. En partenariat avec Man Of Screen.

Version vue : remasterisée de 2000

Le classique du film de superhéros, l’incontournable, le premier vrai film sur Superman, le plus connu et pourtant… On en a entendu des choses sur ce film, sur l’intouchable film de Richard Donner et pourtant…

Je ne porte pas Reeve dans mon cœur pour des raisons purement physiques. Son sourire me rappelle que je ne l’aime pas. Il est impeccable dans le rôle de Superman, il a la stature, le charisme mais il doit rester stoïque. Ses mimiques ne me font guère apprécier l’acteur. De plus, entendre toujours parler de Reeve comme le Superman éternel n’est pas des plus judicieux. En même temps, y’a-t-il eu des concurrents ? Non. Le plus souvent c’était à l’écran de télévision et de vous à moi à part Lois et Clark, citez-moi un acteur qui a joué Superman dans son costume ? Voilà. On ne connait que peu d’incarnations véritables ! Superman Returns a été le seul concurrent officiel et donc il était déjà dans la ligne de mire et pouvait par défaut prétendre à la seconde place.

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©WarnerBros

On reproche beaucoup de choses à Returns mais en voyant Superman The Movie pour la troisième fois de ma vie (et quasiment  depuis 10 ans), j’ai eu une illumination. Ce film n’a rien de plus que l’aura du classique autour de lui, tout le reste est presque contestable. En bref, on critique le scénario de Returns mais celui de The Movie est carrément à la ramasse. Quand on sait les problèmes immenses d’écriture, de réécriture, de production et de tournage, The Movie montre bien les séquelles d’un projet casse-gueule.

Le film commence sur Krypton, les décors sont sobres, paraissent immenses (maquette puis fond noir, certes) et Marlon Brando arrive. Les scènes sur Krypton sont quasi Shakesperiennes, la troupe d’acteurs puise leur intervention et leur jeu dans les grandes tragédies. Brando qui ne voulait pas apprendre ses lignes, met un temps fou à les dire. Krypton explose, la phase 2 du film commence. Le plus drôle c’est qu’on nous présente trois personnages que l’on ne retrouvera pas de tout le métrage alors que les 40 minutes suivantes ne présenteront aucun enjeu formel…
La navette s’écrase devant Jonathan et Martha, en sort un jeune enfant au physique ingrat. Je ne comprends pas comment on a pu choisir ce gosse…

15 ans après on suit Clark ado à Smallville. Tiraillé par les affres de l’adolescence, il est rejeté par ses camarades de lycée. Le film prend alors un rythme effréné, en deux évènements (la mort de Jonathan et l’appel du cristal) Clark décide de quitter la ferme en deux temps trois mouvements. L’aspect dramatique est carrément néant. Aucune scène de trauma, aucune explication sur le cristal, le lien que Clark a avec lui et surtout on éclipse toute implication familiale. Clark ira donc vers le Pôle Nord pour y construire sa Forteresse. Soit. On passe sur le gigantesque plot hole. Devant le fait accompli, le spectateur reste stoïque.

La Forteresse dressée, Clark passera 12 ans à apprendre les rudiments de… la vie. Ses parents n’ont donc pas su l’éduquer correctement. Jor-El lui enseigne ce que la Terre lui offrira. Même des natifs de cette planète n’ont pas réussi à faire de Clark un homme droit ? Curieux. Mettons ça sur le compte du mystère entourant les origines de Clark mais mettre 12 ans pour apprendre à être Superman, il doit y avoir beaucoup de conditions à respecter (et à transgresser en un rien de temps en fin de film)
Sur ses 12 ans, Clark semble avoir découvert, appris et maitrisé ses pouvoirs mais pas un seul mot là-dessus. Clark arrivera à porter son costume et partira de la Forteresse en volant.

Vous appelez ça une introduction carrée ? Les origines ont été beaucoup de fois mises en scène, remaniées, remixées mais clairement, ces origines dans Superman The Movie sont très bancales. Les scènes sont des portraits de situations mais il n’existe quasiment aucun lien tenace entre elles. La suite du film n’est pas en reste. Clark Kent débarque au Daily Planet, Lois est en perdition, Superman vient la sauver, puis décidera de sauver tout le monde en cinq minutes dont un chat. Lois a été le déclic pour exposer son identité, sa force et ses pouvoirs à tout le monde et régler son compte à bon nombre de personnes. Beaucoup de mauvaise foi peut-être dans cet article mais il souligne le sentiment que j’ai eu devant le film qui a beaucoup de faiblesses et de facilités. Le script est superbancal.

Quand Lex menace la ville avec deux missiles pour mettre en péril Superman, il sait déjà tout sur Krypton et la Kryptonite alors que l’entretien de Lois avec Superman n’a duré que le temps de trois questions… dont une sur sa propre lingerie.

[pullquote_left]You’ve got me, who’s got you ? -Lois Lane-[/pullquote_left]Ce qui fait la réputation du film est l’alchimie entre Superman et Lois, l’incarnation des deux acteurs inconnus à l’époque. On oublie un peu trop facilement tout ce qu’il y a autour. La magie des scènes de vols (Beaucoup plus réussies finalement que celles de Returns pour les décollages et atterrissages) ont fait toute la réputation du film. A ce titre, la séquence Can You Read My Mind est un sommet de mauvais gout. Mal écrit, mal mise en scène, mal… faite ? Je ne sais pas, ça sonne faux.

Je compare à Returns mes principaux arguments mais parce qu’on reprochait à Returns un manque cruel d’action alors que le film de 978 ne contient qu’un climax assez mou du genou, peu d’actions. La tension ne concerne finalement qu’un personnage qui n’a d’importance que via sa relation avec Superman. L’enjeu final -sauver la terre- n’est que secondaire. Superman a compris que Luthor était une menace importante alors qu’il n’est qu’un criminel de bas étage vu ses agissements assez pauvres durant le film mis à part les missiles. La faiblesse de son plan n’a d’égal que la faiblesse de sa scène avec Superman où la Kryptonite semble vraiment affaiblir et rendre bête Superman comme jamais.

Je suis trop méchant me direz-vous mais j’ai toujours eu tendance à ramener les classiques à ce qu’ils sont au départ : des simples films. L’aura autour d’eux fausse grandement mon appréhension et je me base donc sur une échelle de valeur différente dès le départ. J’ai beau démonter le culte autour de Superman The Movie, il n’en reste pas moins une interprétation, une mise en scène et un rythme particulièrement exemplaires. Le film propose uns chéma narratif différent de l’époque peut-être puisque le film n’a pas encore fait apparaitre Superman que l’on est déjà à 1h20 de métrage! Il y a cette naïveté du premeir film de superhéros au moment où le premier Star Wars avait envahi les écrans. Oui Superman The Movie est culte mais il n’est pas exempt de bien des défauts qui m’ont profondément géné.

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©WarnerBros

Christopher Reeve, Gene Hackman et Margot Kidder sont formidables dans leurs rôles, ils prennent plaisir à jouer et ça se ressent. Le petit côté léger qui ressort du film rend tout de suite l’entreprise moins bancale. Il manque juste un peu plus d’audace qui semble avoir été annihilée par l’ambition démesurée des producteurs qui ont saboté le projet de bout en bout en voulant trop en faire et en négligeant l’essentiel.

Superman The Movie restera une adaptation essentielle du mythe Superman mais n’a clairement pas ma préférence dans les nombreux autres titres critiqués sur Man Of Screen. Superman II sera déjà quelque chose de nettement mieux abouti alors que curieusement le projet était encore plus bancal.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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