Et si on matait...

Et si on matait… des films avec des requins ?

Sharknado a créé le buzz en fin d’année dernière mais le film de requins est quasi une institution dans le nanar. Passons au crible trois exemples récents du film de requins avec Avalanche Sharks, Ghost Shark et évidemment Sharknado.

Les forces en présence

sharknado Ghost-shark-poster avalanche sharks

 

mecha shark

Killer Shark, de Oscar Boetticher , a été le premier film de requins et il date de 1950. 25 ans plus tard, Steven Spielberg créait le blockbuster avec Les Dents de la Mer, premier chef d’oeuvre du genre. Mais un vrai chef d’oeuvre ! Le reste n’a été que pale copie, films de genre bas du front ou nanars intersidéraux. Le requin dans l’eau, c’est bien, mais ailleurs c’est tout aussi fun. On commença doucement avec des requins géants, des mégalodons, puis des requins préhistoriques, des requins mutants (Sharktopus), des requins à deux têtes puis enfin le must, des requins dans la neige, dans des tornades et dans des conduites d’eau !

En 2013, si Sharknado a fait sensation, c’est avant tout pour l’absurdité de son propos, des requins dans une tornade, qui est finalement très bête mais des producteurs y ont pensé. Ces producteurs, ce sont Asylum, les rois du film fauché, du mockbuster (copie de Blockbuster comme Transmorphers). Asylum est connu pour des films comme I Am Omega (I Am Legend), AE Apocalypse Earth (After Earth), Paranormal Entity (Paranormal Activity) ou Princess of Mars (John Carter). Ils sont aussi derrière la série des Mega Shark qui en est au troisième épisode avec Mega Shark contre Mecha Shark ! Rien que ça.

Ghost Shark est produit par Active Entertainment, responsable de ArachnoquakeAlien Tornado ou encore Twister Apocalypse , bref des films de SF très cheap que NRJ12 ou NT1 achètent en lot.  Avalanche Sharks est produit par Odyssey Media, une boite très très très minuscule. Le point commun de ses trois films à part les requins ? SyFy, qui diffuse et abuse de ses films avec habitude. Quoique j’ai un doute pour Avalanche Sharks mais les deux premiers furent bien relayés par SyFy US.

Le constat va être rapide, les trois films sont très mauvais mais il y a une nuance importante. Deux d’entre eux sont des nanars alors que le troisième est un navet. Quand on met le film dans son lecteur, on s’attend pertinemment à trois choses : des nanas bien roulées et très connes, des mecs très cons et des requins. Ces trois choses créent un phénomène étrange : on souhaite à tout prix que tous les personnages crèvent. On pourrait aussi rajouter que ce genre de films est souvent réalisé et écrit par des tâcherons, quasi incapables d’aligner deux dialogues corrects ou deux plans propres.

sharknado
La scène la plus jouissive du film

Il n’y a qu’à voir Sharknado par exemple. Rappelons l’histoire, une tornade a pris forme au-dessus de l’océan et menace la côte californienne. A son bord ? Des centaines de requins prêts à atterrir sur les pauvres américains. Le manque cruel de budget fait que les scènes de fuites à bord d’une voiture prennent bien la moitié du métrage. Ca ne choquerait pas si c’était bien emballé. Ici, les arrières plans sont vides, blancs, la voiture est secouée, le conducteur fait semblant de conduire et on ressent beaucoup trop l’aspect studio du film. Les rares scènes extérieures sont feignantes. Les plans sont serrés, le suspens et la tension se créent presque par un hors-champ. On incruste deux ou trois effets spéciaux répétés et on a une belle scène d’action. Pour Ghost Shark et Avalanche Sharks, le fait que ce soient des requins qui apparaissent dans des endroits inappropriés minimise grandement les effets. Un aileron qui dépasse de la neige ou d’une flaque d’eau et Spielberg peut retourner se coucher ! A peine, le requin va surgir de la surface pour attraper les pauvres victimes dans des gerbes de sang…

ghost shark
Le requin attaque partout. PARTOUT !

Ces victimes le méritent. Ne cherchons pas des personnages très épais, le plus souvent ce sont de pauvres jeunes gens qui fuient le danger pour essayer ensuite de le combattre. Le jeune beau gosse est accompagné par son groupe d’amis dont deux ou trois bonnasses, un idiot et un benêt qui mourra en premier. Le fameux benêt plutôt sympa, attachant que l’on a presque de la peine à voir dévoré, vous voyez? Toujours est-il que ce genre de films aligne les paires de seins sur pattes (mais couvertes). Qui dit requins, dit plages et été donc les filles sont en bikini. Le schéma est simple, vous avez l’ingénue blonde et l’ingénue brune. La brune est souvent un peu plus intelligente, comprenez moins conne. La bonne amie blonde se fera dévorée après une ultime punchline. Avalanche Sharks est, à ce titre, un nanar jouissif. La VF est tout bonnement incroyable (« –Vous voulez de la chantilly ? – Non je n’aime pas les plats en sauce » ou encore après une scène d’avalanche « -Tu vas bien? -Oui juste un peu décoiffée« ). Sharknado enchaîne les punchlines de personnages prêts à en découdre avec les requins en fin de films, on est proche du badass mais ça reste gentil.

Côté acteurs, l’effort est nul. A peine, verrons-nous des stars du porno ou des playmates côtoyer des anciennes gloires du petit écran… Le principal attrait du navet Ghost Shark n’est-il pas de voir Mackenzie Rosman, vous savez la petite Rosie de  7  à la maison ? Actrice assez mauvaise, elle ne sauve pas Ghost Shark du naufrage. Montage très amateur, réalisation à l’aveugle et scénario audacieux mais raté, Ghost Shark est une infamie. Pas une seule surprise à l’horizon, un humour involontaire ou une scène réussie, rien, absolument rien ! La cohérence du scénario, si on oublie le concept impensable, est nulle. Le requin apparait où bon lui semble et souvent au même endroit que les héros. Piscine, bonbonne d’eau, baignoire ou bouche d’incendie, le requin peut aller partout où il y a de l’eau certes mais il faut garder une certaine gradation et cohérence. Sharknado n’a pas usé de son concept et a simplement utilisé les tornades comme prétexte. Avalanche Sharks a préféré garder son concept également en ne déplaçant jamais son requin des neiges. Il restera au même endroit pendant 1h15 et se déplacera à peine pour le final.

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Je jure avoir vu cette actrice dans le film mais elle disparait après dix minutes et elle n’est même pas bouffée

Avalanche Sharks multiplie les personnages jusqu’à l’indigestion. Des jeunes participent au Springbreak dans les montagnes (on le sait puisque « it’s Springbreak » sera répété toutes les quatre minutes). Ils sont tous chauds comme la braise et veulent absolument baiser tout comme les moniteurs et responsables du camp. On ne sait plus qui est qui derrière leur bonnet et doudounes. Les prénoms fusent, les morts s’enchainent et on a du mal à savoir qui est vraiment le héros. Les scènes sans fond se succèdent à l’aide d’un montage fait en un week-end sûrement par un monteur qui a juste copié les scènes l’une après l’autre. Et je ne parle pas des inserts douteux tels des résidus de scènes salement découpées. Une seconde de plans foirés ou d’inserts dégueulasses pour faire croire à un effet de montage, ça ne fait du film un exemple à suivre. Pourtant la photographie est plutôt propre, on a vraiment devant nous un téléfilm loin d ‘être moche alors que Sharknado abuse d’un sale contraste numérique indigeste.

ghost shark
On boit à une fontaine et voilà le résultat…

Avalanche Sharks est une arnaque de titre puisqu’il n’y a qu’une seule avalanche et que les requins arrivent non pas par ce phénomène mais parce que, tenez-vous bien, une explosion prévenant ces avalanches, a détruit un totem chaman qui empêchait les requins d’apparaître après leur venue sur Terre (oui) puisque les requins ont quitté leur planète mourante. Ce sera l’occasion d’une scène fabuleuse de centaines de requins flottant dans l’espace, MAGIQUE ! Ce côté second degré assumé n’est quasi jamais présent dans Sharknado et encore moins dans Ghost Shark, terriblement premier degré. Sharknado a ce petit côté WTF qui lui donne ce profil de nanar mais Avalanche Sharks est vraiment un beau et joli nanar. Dialogues improbables, montage de manchot, concept fun, Avalanche Sharks est le film à voir à défaut de voir Sharknado.

VERDICT ?

Avalanche Sharks est le nanar absolu, Sharknado est assez fade quand Ghost Shark est vraiment mauvais et sans intérêt

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Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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