Critiques de films

My (Swedish) Skinny Sister

Au cas où vous l’ignoriez, cette semaine est sorti un film assez indépendant intitulé Star Wars : Le réveil de la force. Vous avez pu passer à côté, et on vous l’excusera, mais bien entendu, vous attendiez tous avec impatience la sortie du blockbuster My Skinny Sister, film suédois par excellence.

Stella est à cet âge où la parole de sa sœur à qui elle veut ressembler est hautement divine. Elle l’admire et l’aime profondément, alors le jour où elle va découvrir que sa sœur parfaite ne l’est peut-être pas tant que ça car elle cache un trouble alimentaire, garder le secret va l’affecter durement… Le tout sur une douce musique et le paysage suédois.

Honnêtement, les fins d’années proposent toujours de meilleurs films, bien sûr, avec ceux qui veulent courir derrière les récompenses notamment, mais pour d’autres où le timing est moins calculé, ils me semblent aussi meilleurs. My Skinny Sister a été présenté dans de nombreux festival européens dans notre pays aussi, mais surtout à la Berlinale cette année, et il est enfin sorti cette semaine sur une poignée d’écrans nationaux. Qu’on se mette d’accord, NON, il ne s’agit pas du Little Miss Sunshine suédois, tout simplement parce qu’il s’agit d’une gamine rousse un peu grassouillette. Stella (Rebecka Josephson) envie sa sœur Katja (Amy Deasismont), belle, douée en patinage, la prend comme modèle absolu jusqu’au jour où elle la surprend en train de manger en douche, avant de se faire vomir. En plus de son quotidien à l’école, de ses expériences dans les sentiments amoureux, Stella doit faire face à la vie dans l’ombre de sa sœur. Pourtant, ce n’est pas la rancune qui se manifeste, mais bel et bien l’adoration qui se ressent. Par conséquent, sa loyauté va l’empêcher de révéler sa découverte à ses parents…

©UrbanDistribution
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Déjà, le film touche de par son thème. L’anorexie, la boulimie ou n’importe quel désordre alimentaire reste encore un sujet assez tabou, et les films qui en traitent se comptent sur les doigts d’une main, et encore, quand ce ne sont pas des téléfilms de Lifetime. My Skinny Sister est écrit et réalisé par Sanna Lenken qui se sert de l’histoire comme d’une méthode cathartique à sa propre vie. En effet, elle a souffert d’anorexie durant sa jeunesse, l’a déjà abordé dans un court-métrage en 2013 par la voix de la victime, et a décidé cette fois-ci de parler de cette pathologie à travers les yeux d’une enfant de 12 ans. Logiquement, elle livre une vision très personnelle de l’impact de l’anorexie au sein d’une famille. Et on le voit bien, l’incompréhension s’installe, mais également l’inquiétude. L’inquiétude d’assister à l’avancée de la maladie, celle de savoir pertinemment que cacher la situation est quelque chose de mal, mais en même temps, ce n’est pas son rôle de dénoncer un tel comportement car c’est sa grande sœur, en qui elle place une confiance folle. Les scènes entre elles font sourire et pleurer, et les deux actrices délivrent une performance touchante et innocente, surtout pour la petite, d’une sensibilité rare.
Le personnage de Katja subit la transformation, son comportement change et ça se remarque. Les personnes touchées de troubles alimentaires montrent les symptômes des obsessionnels compulsifs très souvent, et Katja le prouve. Ses mouvements incessants de la jambe, ses sautes d’humeur, son obsession avec son entraînement… Oui, généralement, c’est plus que le mal-être avec l’image de soi qui déclenche l’anorexie, il est fréquemment accompagné d’un but obsessionnel, dans son cas, remporter les éliminations de patinage artistique. Le plus décevant dans ce film, c’est l’approche des parents. Non, la maladie ne disparait pas avec juste de la bonne volonté…

©UrbanDistribution
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Ce premier long-métrage se caractérise vraiment par sa nationalité. L’école ? Les élèves se lèvent quand ils veulent pour aller aux toilettes et la maîtresse a une coupe de cheveux hipster. Et personne ne cille. La cellule familiale ? Les parents n’élèvent jamais la voix pour réprimander leurs progénitures et le père fait office de cuisinier. Oui, on a envie de le baffer parfois tellement il représente l’archétype du père moderne qui laisse les filles faire tout ce qu’elles veulent. L’anglais ? A 12 ans, la gamine parle comme une bilingue ou quasi. Le pire c’est qu’on sait pertinemment que My Skinny Sister correspond bien à la réalité. Et c’est ce qui ajoute cette touche d’authenticité au drame. Ça pourrait être n’importe qui.

(P.S. : Pfffiou, vraiment, les Suédois, ils savent en faire des choses.)

Aki

Une énième fangirl de Whedon, obsédée par les comédies musicales, la nourriture et les drames britanniques.

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