Suite, remake, reboot

La nouvelle interprétation de la légende de Mulan déçoit

Le dernier live action des classiques de Disney vient de sortir, et cette fois-ci, le studio de la Souris s’est attaqué à la légende de Mulan. Verdict ?

Prévu pour sortir ce 25 mars, mais reporté pour cause de confinement, Mulan pourrait atterrir directement sur Disney+. Pour aller droit au but, après un Roi Lion aux images saisissantes et un Aladdin aux chansons modernisées voire améliorées, Mulan le dernier live action en date, fait un plat. Le film de Niki Caro (La femme du gardien de zoo, et qui va également réaliser la prochaine adaptation en série de Daisy & the Six) s’éloigne énormément du dessin animé originel pour tomber dans un film qui se tente d’aventure mais avec une héroïne placide.

Tout le monde connaît l’histoire de Mulan, celle de la fille qui se coupe les cheveux pour prendre la place de son père qui vient d’être réquisitionné par l’armée impériale comme seul homme de la famille à combattre les Huns. Elle est aidée de son fidèle destrier, son petit criquet et bien sûr de l’esprit de sa famille, le dragon Mushu. Sauf que dans le film, déjà elle ne se coupe pas les cheveux, désolée de le dire mais ça restait une scène culte du dessin animé, on ne voit pas Shang qui passe à la trappe et on dit adieu aux chansons (la voix de Lea Salonga manquera) et à Mushu. Bon, pour Mushu, ça peut se comprendre vu qu’on prend vraiment nos distances du dessin animé pour pencher vers une libre interprétation de la légende chinoise de Mulan. Pour Shang, ça prête plus à débat, mais pour l’intérêt de l’histoire ça peut s’expliquer quand même. On est parti avec un phénix au lieu de Mushu pour rejoindre l’armée impériale.

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Hua Mulan (littéralement Fleur Magnolia en chinois) interprétée par Liu Yifei (qui a déjà une belle carrière derrière elle en Chine) est dans le film une jeune femme mono-expressive, qui a grandi en cachant son chi pour éviter d’être prise pour une sorcière par les autres villageois. L’aînée de deux sœurs dans la famille Hua, ses manières « à la garçonne » ne l’aident pas pour trouver un mari. Heureusement au cours du film, par on ne sait quelle magie, elle finit par retrouver sa féminité avec des cheveux qui ondulent parfaitement après avoir passés des jours coiffés en chignon serré. Bien entendu, elle doit se déguiser pour se faire passer pour un homme dans son bataillon. Ses camarades d’armes ne doivent pas avoir plus de deux répliques chacun pour enfoncer encore plus les clichés qu’ils représentent. Et en plus, la majorité parle anglais avec un accent chinois alors qu’ils sont pour la plupart anglo-saxons, allez savoir pourquoi (même si probablement parce que l’actrice est complètement chinoise et parle anglais avec un accent), et parfois en fond sonore quelques phrases en mandarin passent en sourdine.

Bien sûr, Mulan est l’héroïne qui arrive à battre les hommes (on ne sait comment, car au moins dans le dessin animé c’était un peu implicite, dans le film, que dalle) qui réussit à s’intégrer parmi eux mais quand même, c’est dur de mentir alors que les trois piliers de la nature de soldat sont la loyauté, la bravoure et l’honnêteté. Et la culpabilité la ronge de devoir cacher son identité… Ça peut troubler le chi tout ça. Oui, on a compris, il faut être honnête sinon on ne pourra pas vaincre les méchants. Pour moi, la légende fait primer l’obligation familiale bien au-delà du reste. C’est effectivement un thème et un devoir bien plus présents chez les Asiatiques que chez les Américains par exemple. Au-delà de ça, il faut rajouter les thèmes secondaires de la persistance face à l’adversité et que l’union fait la force (团结就是力量 en chinois), Disney brosse quand même bien le peuple chinois dans le sens du poil. On se retrouve avec un empereur tellement sympa et altruiste que j’aurais presque envie de vivre en Chine avec ça et quelques plans de la Cité interdite encore plus grandiose que dans la réalité.

Eh bien après avoir dit tout ça, vous me direz, « ah mais ça doit être un wu xia pian plutôt sympa alors ! » et ce serait plutôt logique vu que c’est plutôt un film d’aventure fantastique avec comme acteur secondaire Donnie Yen (je reviendrais plus tard sur cet unique silver lining). Eh bien pour les amateurs du genre, vous retrouverez deux trois références au chi mais les chorégaphies sont bien pauvres. N’imaginez pas du tout Tigre et Dragon en somme. Personnellement, c’est sur ce point-là que j’ai été le plus déçue. Non pas que je m’attendais à voir Tigre et Dragon avec Mulan, mais au moins à un bel hommage à ce genre. Que nenni, à croire que le chi permet juste de grimper aux murs et aux échafaudages plus facilement. Puis l’actrice principal est censée maîtriser les arts martiaux, vraiment ? Car je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi raide et d’aussi lente dans ses mouvements…

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Pour en revenir à Donnie Yen : le seul point positif dans cet océan de médiocrité. Déjà, c’est le seul à prononcer correctement le prénom de Mulan en chinois et qui l’assume. Ensuite, lui, c’est un vrai maître en arts martiaux et ça se voit dans une scène qui dure 10 secondes. Car autant Gong Li est une immensité dans le cinéma chinois, mais autant elle ne gère pas en arts martiaux. Alors oui, c’est chouette d’avoir un nom pareil, mais encore faut-il s’assurer derrière qu’elle sache faire pour ce à quoi on l’embauche… Pareil pour Jet Li, pourquoi se payer un nom pareil et ne pas en profiter ?

Bilan final, il n’y a aucune alchimie entre personne, avec suffisamment de non-féminisme pour compenser le « ah oui, on peut accepter une héroïne ET une réalisatrice mais quand même, ça fait beaucoup », 0 suspens et des plans pas très propres. Vous pouvez passer votre chemin et regarder à nouveau le dessin animé.

P.S. : pour l’anecdote, le musée de Mulan n’est pas très loin de Wuhan (oui, là où le coronavirus a été décelé, mais également la ville de naissance de Liu Yifei)

Aki

Une énième fangirl de Whedon, obsédée par les comédies musicales, la nourriture et les drames britanniques.

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