On a terminé

Looking For Alaska (Salto) : longue adaptation d’une courte histoire (avec et sans spoilers)

Adapté du livre de John Green, Qui es-tu Alaska débarque sur la plateforme de streaming française Salto sous la houlette de Josh Schwartz (The O.C., Gossip Girl, Chuck, Runaways).

On attend souvent les adaptations de John Green (Nos Etoiles Contraires, La Face cachée de Margo) et on est toujours déçus. Les livres de John Green sont sans surprise mais sont surtout des livres de chevets de pas mal d’ados US (et du monde).

Evidemment, la critique de la série vaut pour une critique des idées du livre si celle-ci est fidèle.

Looking For Alaska raconte l’histoire de Miles, jeune timide, fan de bouquins et des derniers mots de gens célèbres. Il débarque à Culver Creek, un pensionnat au milieu de la forêt et proche d’un lac, bref une crique où il fait bon vivre et qu’on n’a pas ici à Paris évidemment… Il croise la route de son nouveau colocataire, Chip aka Le Colonel, de Takumi, fidèle ami et d’Alaska, la fille mystérieuse du coin?

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Critique sans spoiler

Le récit commence par un accident de voiture et des intertitres nous révèlent que l’on va découvrir tout ce qu’il s’est passé les jours avant le drame.

Sans surprise, Looking For Alaska déballe son histoire et à la manière d’un Marc Levy, donne beaucoup trop d’indices sur la résolution de l’histoire. L’écriture automatique – ou tout simplement une histoire sans idées ? – suit son cours normal. Un peu trop normal. C’est typiquement le type d’histoires qui nous amène là où on doit aller. Et comme si la fin de l’histoire semblait immuable, on reste dans ses limites, on ne sort pas d’une certaine zone de confort.

Moi qui cherchais un nouveau Dawson avec des images de crique, de nature, une certaine ambiance éthérée, une BO catchy, j’ai été déçu. IL y a tout ça mais ce n’est pas le cœur de la série.

Déçu par le manque cruel d’empathie envers les personnages. La fille mystérieuse est un trope  et comme tout trope, ne sort jamais de son image. Qui dit mystérieuse dit aussi chiante. On ne sait rien d’elle, tout semble acquis sans l’être. Comme pour tout ce qu’il se passe dans Looking For Alaska, il y a l’impression que tout a de l’importance alors que rien ne l’est vraiment. C’est artificiel jusqu’au bout comme cette histoire de « rat », de balance qui prend des proportions impensables ! C’est quasiment le cœur de la série. Il n’y a pas vraiment de petites histoires. Mini-série oblige, l’histoire est découpée en épisode mais ne raconte pas des tranches de vies. Même si la série couvre plusieurs mois, on ne sent pas le temps qui passe (comme dans les films Harry Potter).

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C’est ce manque d’histoires qui ne donne aucune épaisseur aux personnages qui campent sur leur position, qui n’ont aucune nuance. Ce côté artificiel pointe son nez jusqu’au dénouement où le dernier événement semble toucher tout le monde. On nage en pleine hallucination collective? Niveau crédibilité des sentiments, des émotions, on sent que Green voulait faire du dramatique plutôt que de la dramaturgie.

Et si Green persiste encore à montrer des ados fans de littératures, il persiste dans la simplification des sentiments. Il y a une certaine poésie à montrer des personnages qui aiment parler de littérature et de poésie, il y a un cachet irréel, « autre ».

Faire d’Alaska un personnage torturée, est un trop qui n’arrive jamais à se dépasser. Un personnage n’est jamais mystérieux pour rien. Soit l’aura vient des on dit (Virgin Suicides), soit de son comportement (Hidden Palms), et dans Looking For Alaska, c’est Alaska elle-même qui se mue et aucun personnage ne veut savoir pourquoi. Personne ne s’intéresse vraiment aux autres.

Les acteurs sont convaincants (Kristine Froseth en tête) même si Miles semble être un mix entre Paul Dano, Chad Michael Murray et le mec de Boyhood… On sent juste beaucoup plus d’empathie envers Eagle, le « proviseur » qu’envers tout le reste des personnages…

Au final, après ces 8 épisodes d’une heure, Looking For Alaska est une belle chronique adolescente mais qui a beaucoup de manquements. On sent vraiment que ça touche une frange de la population qui va de 10 à 20 ans. Par chance, il y a des moments de grâce, souvent portés par une intention d’atmosphère plutôt que de propos. Cela passe par une mise en scène de décors, de lumière diffuse, de moments Virgin Suicidesque, et de moments cathartiques avec une BO plutôt efficace !

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Critique Spoiler

L’accident qui ouvre la série et l’histoire est celui d’Alaska. On suit donc une descente aux enfers, un voyage sans retour. On sent déjà la fragilité de la jeune fille (magnifique Kristine Froseth, The Society), on se demande vraiment si l’accident ne va pas concerner Miles qui semble vraiment perdu au milieu de ces adolescents. On ne sait rien de lui, il est mou, et par miracle, il sort de son cocon en milieu de saison et devient tout de suite plus actif, plus intéressant.

Mais comme dit plus haut, la priorité de certains fait peur. Tout semble grave quand ça ne doit pas l’être. Certes, l’adolescence est une période où on ressent beaucoup de choses à des degrés divers mais dans Looking For Alaska, il n’y a pas de nuances qui permet de définir au mieux les comportements.

Prenez la mort d’Alaska qui bouleverse tous les étudiants alors qu’ils étaient les premiers à lui jeter la pierre quand elle fait sa balance. D’ailleurs, ce principe de balance qui trompe le code d’honneur de certains est LE drame de ce début de saison. Rien ne serait plus grave que de balancer que deux jeunes vont faire l’amour quelque part. C’est là qu’on comprend que les intrigues de Green ne vole pas haut. Vous vous souvenez du baiser dans le musée d’Anne Frank dans Nos Etoiles Contraires ? Les plus jeunes n’y verront pas l’étrangeté de cette scène. Dans Looking For Alaska, les moins jeunes ne comprendront pas la moitié des scènes tellement la crédibilité est mise à mal.

Il y a en fin de série, une ambiance rappelant 13 Reasons Why avec cette présence morbide, cette mort qui hante Miles. On est en plein drame, on le vit, on sent les émotions.

La série tourne en rond pendant une bonne moitié de saison, la faute, peut-être, à une adaptation un peu trop fleuve d’un roman qui ne mérite pas autant. Les personnages ne sont caractérisés que par leurs parents et leurs passions et non pas leurs qualités et défauts. Il y a une image accolée aux personnages assez forte qui semble davantage venir d’une faiblesse que d’un choix artistique.

En somme, Looking For Alaska aurait pu être la série ado que j’attendais depuis Dawson et Young Americans. Mais le projet tombe à plat, la faute à des personnages qui ne peuvent pas être plus développés que ça, limité par l’adaptation en elle-même et donc, sûrement, par le livre et ses défauts.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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