Critiques de filmsEtrange Festival

L’Etrange Festival : Northwest, polar nerveux mais convenu

Du 5 au 15 septembre avait lieu l’Etrange Festival au Forum des Images. Pour sa 19è édition, le festival avait encore proposé de l’ecclectisme à outrance. Les polars danois ne sont pas légion à débarquer dans nos salles. On ne peut donc que saluer l’initiative de BAC Films d’exposer, à partir du 9 octobre, « Northwest » (Nordvest en VO) dans les salles françaises. Ce qui m’amène à poser la question : pourquoi soutenir ce film en particulier ?

Déjà, sa grande réussite c’est l’immersion avec laquelle le réalisateur parvient à nous faire partager le vécu de Casper, mec des cités du nord-ouest de Copenhague, 18 ans au compteur. Le quotidien et l’engrenage dans lequel tombent des petits trafiquants donnent lieu à beaucoup de polars urbains européens (on pense notamment à des films britanniques peu connus chez nous, du type « Adulthood »). Il y a une certaine dichotomie dans la « fast life » de Casper : d’un côté, les lieux sont balisés, l’appart, le bar du centre-ville où on donne rendez-vous aux copines ; de l’autre, les arrangements à la sauvette et les petits casses d’appartements luxueux des quartiers pavillonnaires de Copenhague. Le réalisateur parvient à la fois à ne pas abuser des effets « cut » mais à nous projeter dans le quotidien constamment en mouvement.

Northwest
©BAC Films

Un réalisateur prometteur, mais un terrain connu

Malheureusement, on est très loin de sortir des poncifs de ce genre, et le devenir de Casper est balisé de bout en bout. Quittant la bande de Jamal et les petits larcins qu’il commettait pour eux, il va monter en grade et rejoindre Bjorn. Ce proxénète, juste défini vaguement comme un « ex-taulard » au passage, va le prendre sous son aile et le faire monter en grade très vite, en lui confiant le transport de ses filles. De règlements de compte en déflagration de violence, les figures sont connues, les codes tout autant. Mais ils sont étalés comme autant de poncifs, ce qui tend à provoquer par endroits un ennui poli (les séquences initiatiques de Casper en particulier). Encore nous épargne-t-on les références à « Scarface », et personne parmi les proches de Casper n’est un aficionado des cartels siciliens…

Cette ligne droite narrative tire « Northwest » vers le bas,  ce qui est dommage, au vu de la réalisation très nerveuse et caméra au poing de Michael Noer. Le point de référence (qui sera sans doute rappelé à hauteur de promotion du film), c’est bien sûr les films « Pusher » de Windig Refn. Mais là où Mads Mikkelsen est clairement un « badass » en attente d’être lâché, Casper est son pendant plus lambda et débrouillard. Sa relation avec son frère Andy est un point d’orgue du film, une protection qui dérive du fait que Casper a du mal à assumer la responsabilité de son petit frère. Même si le cadrage reste très spontané et documentaire, n’hésitant pas à faire basculer des objets ou personnages dans-le-champ par hasard, Noer arrive à maintenir une fluidité qui évite de donner la gerbe et rend ses intentions lisibles.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *