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La saga 1Q84 d'Haruki Murakami

L »histoire, en bref

Tokyo, dans une salle d »école vide, deux enfants se donnent la main puis se perdent de vue, liés malgré tout pour l »éternité.

Vingt ans plus tard, Tengo, professeur de mathématiques, passe son temps libre à écrire sans jamais parvenir à être édité. Travaillant occasionnellement pour une revue littéraire, il se voit confier la mission de remanier un manuscrit intitulé La Chrysalide de l »air, envoyé par une jeune lycéenne à l »écriture maladroite, afin d »en faire un best-seller.

Aomamé, coach sportive, élevée dans la communauté des témoins de Jéhovah jusqu »à l »âge de 11 ans, se révèle être une tueuse à gage sous la coupe d »une vieille dame riche, protectrice de femmes battues.

Bloquée sur l »autoroute qui la mène vers sa prochaine intervention, elle sort du taxi sur les conseils du chauffeur et emprunte une échelle de secours pour arriver à temps. Mais il la prévient : « Il ne faut pas se laisser abuser par les apparences ».

La voilà aspirée dans le monde de 1Q84. Un monde où, sans qu »elle le sache, Tengo l »attend.

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Divisé en trois tomes, le récit alterne entre le point de vue des deux personnages.

Le Livre 1 – Avril-Juin introduit Tengo qui vit à travers ce texte qu »il découvre et s »approprie. Il fait rapidement de cette Chrysalide de l »air un succès. Mais entre une secte qui veille au grain et l »apparition des Little People, sorte d »entité omnisciente qui n »est pas sans rappeler le fameux Big Brother d »Orwell, Tengo se surprend à ne plus discerner les histoires de la jeune fille de la réalité.

En parlant de Big Brother, et si vous aviez encore un doute, je vous confirme que c »est du 1984 d »Orwell que vient le titre de la saga : en effet, au Japon, le « Q » se prononce de la même manière que le 9.

Aomamé, qui laissait présager une lecture plus mouvementée de par sa double vie, reste pour l »heure dans le constat. Le monde est toujours identique, exceptés quelques éléments : l »uniforme et les armes de la police, elle en est sûre, ont changé du jour au lendemain. En faisant des recherches, elle découvre qu »elle est la seule à ignorer cette modification, provoqué par un événement qui n »a en fait jamais eu lieu dans sa réalité.

Et tout à coup brillent désormais deux lunes dans le ciel.

Le Livre 2 – Juillet-Septembre met en scène des évènements majeurs pour chacun des deux personnages. Il les lie et les rapproche jusqu »à les faire quasiment se CROISER. Parce qu »on le comprend, le réel intérêt de cette trilogie, c »est l »attente que les deux destins se réunissent enfin.

Attente que développe le Livre 3 – Octobre-Décembre, enfermant chaque personnage (dont un nouveau, vaguement évoqué dans le deuxième, qui va devenir une voix principale) dans un huit-clos, une casino online ode à la solitude, une attente mortelle. L »une attend l »autre qui est surveillé par le troisième dans un triangle sans fin.

Haruki Murakami
Haruki Murakami

Ce qui saute aux yeux à la fin de cette lecture, c »est d »abord une impression de simplicité abusive. Mais si la fin reste celle à laquelle on pouvait casino online le plus s »attendre, la déception première devient rapidement une admiration à s »être laissé mener en bateau.

« Tout ça pour ça ? » se diront certains. Peut-être. Mais l »auteur semble s »être creusé la tête au maximum pour rendre le online slots plus compliqué possible le synopsis le plus simple : la réunification d »un amour absolu. Et cela reste incroyable.

L »intelligence du récit n »est pas cette fin, qui est une évidence à la limite d »être dévoilée en résumé du premier tome, mais la manière de nous y mener. Et on se plaît à se laisser porter, perdu par l »auteur qui sème par ci par là des phrases clés, mises en avant en italique, tantôt utiles à la compréhension, mais souvent anecdotiques. Voire hélas répétitives.

Car s »il y a une chose qui dérange clairement la lecture, c »est la redondance omniprésente dans l »ensemble de l »œuvre. Chacun des fameux « élément clé », important ou pas, est répété un nombre casino online incalculable de fois. Il  n »est donc pas rare de lire environ six fois la même phrase, ni de connaître en détail chaque marque de chaque vêtement que porte tel ou tel personnage.

Effectivement, le livre nous plonge dans un monde où tout n »est que répétition, attente et incompréhension. Et on s »efforcera de ressentir cette manière d »écrire comme une volonté de nous transmettre l »état des personnages, perdus dans un monde de doutes, dont chaque chose a besoin d »être répétée pour devenir une réalité intégrée.

Mais pour ma part, la sensation que l »auteur a été poussé à faire tenir en trois tomes une histoire qui aurait très bien pu n »en faire qu »un et demi est devenue bien trop présente. Et si l »on ne peut effectivement que respecter la réussite de l »auteur à entremêler bon nombre d »éléments du livre pour en former une logique, on déplorera le côté « inachevé » de l »œuvre.

Le récit, à base de science-fiction, se veut enveloppé de mystères (à commener par la prononciation française du titre, mais je vais vous aider un peu, il s »agit de « un-Q-quatre-vingt-quatre »).

Évidemment, une histoire n »est pas toujours faite pour être expliquée. Mais pourquoi décrire si longuement autant d »éléments finalement sans importance ? Quel rôle jouent les Little People et que veulent-ils vraiment ? Pourquoi les chrysalides de l »air ?

1Q84

Alors si la lecture de ces 3 tomes reste fluide et agréable, on ne cessera d »avoir en tête le quatrième de couverture, annonçant avec fierté « un événement éditorial sans précédent ».

Quand on sait que le succès de 1Q84 repose en grande partie sur celui de son auteur, on ne peut s »empêcher malgré tout de se demander si sa volonté première était de malicieusement nous perdre en simplicité et fioriture, ou si celui-ci ne s »est pas simplement reposé sur ses lauriers.

 « Dans le ciel brillaient deux lunes. Une petit et une grande. Deux lunes se côtoyaient. La grande était la lune de toujours. Presque pleine, de couleur jaune. Mais à côté il y en avait une autre. Une lune au contour inhabituel. Légèrement déformée. Et d »un vert tendre comme des jeunes mousses. »

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