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L’Etrange Festival 2018 : Luz, Up Among The Stars, Utoya 22 juillet, Diamantino, Meurs monstre meurs et Happiness Avenue

L’Etrange Festival poursuit sa route dans l’antre du Forum des images avec au programme du deuxième et du troisième jour, Luz, Up among the stars, Utoya 22 juillet, Diamantino, Meurs monstre meurs et Happiness Avenue, ainsi que d’autres étrangetés que votre humble rédactrice n’a point de temps de voir – parce qu’elle ne peut encore se dédoubler lors des séances.

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On ouvre le jeudi 6 par Luz de Tilman Singer. Une jeune femme un peu perturbée arrive dans un hôpital. En parallèle, dans un bar à côté, un psychiatre de l’établissement rencontre une étrange femme qui lui fait des avances. Tourné en 16mm scope, autour d’un pitch prometteur, Luz se présente comme un hommage aux films d’horreur des années 70. Malheureusement, à part quelques beaux plans bien composés, on ne retient pas grand-chose d’autre du film, qui repose une vague vengeance amoureuse mâtinée de possession – le tout déployé en quelques minutes, ce qui rend le reste du film plutôt insipide et extrêmement lent pour le spectateur (malgré sa courte durée d’une heure dix). Le sound design se veut oppressant mais est davantage écrasant. Ça ne fonctionne pas plus que les nombreux blasphèmes qui tombent plus comme un cheveu sur la soupe qu’autre chose – nous ne sommes justement plus dans les années 70.

Luz est rediffusé le 11 à 17h45 au Forum des images, toujours dans le cadre de l’Etrange Festival.

La journée se poursuit avec Up among the stars de Zoe Berriatuà, de l’écurie Alex de la Iglesia.  Depuis la mort de sa femme, Victor, ancien cinéaste et amoureux des effets spéciaux d’antan, ne parvient ni à se défaire de son alcoolisme, ni à garder un travail ou encore même à terminer les petits films amateurs qu’il réalise avec son fils Ingmar. Jolie surprise espagnole, Up among the stars semble traiter, au-delà de son drame mignon mais un peu trop convenu (aux défauts d’un premier film alors qu’il s’agit d’un deuxième long-métrage), de la crise qui touche le cinéma de son pays. Il est d’ailleurs produit par la société de production d’Alex de la Iglesia, qui est lui-même victime de cette crise. Bourré de références – toujours justifiées et très ludique, le film est une déclaration d’amour mélancolique au cinéma qu’il faut tenter de vivre et de faire vivre.

Up among the stars est rediffusé le 11 à 15h30.

C’est ensuite au tour d’Utoya, 22 juillet, présenté à Berlin et sur lequel plane déjà l’étiquette de film choc mais son horreur est loin d’être celle d’une agréable fiction divertissante. Le 22 juillet 2011, la Norvège est touchée par deux attentats menés par des personnes d’extrême-droite. Sur l’île d’Utoya, les jeunes venus participer au camp d’été du parti travailliste apprennent, un peu inquiets, qu’une bombe vient d’exploser à Oslo. Mais ils mangent des gaufres et se sentent en sécurité sur leur île, loin de se douter qu’Andres Behring Breivik s’apprête à commettre une fusillade dont ils seront la cible. Utoya, 22 juillet se distingue d’abord par son sujet extrêmement difficile, celui de l’attentat d’Utoya, encore trop frais dans les mémoires européennes mais surtout norvégiennes. Filmé en un seul plan séquence, sa forme s’avère rapidement judicieuse puisqu’elle pousse le spectateur, par le biais du personnage de Kaja, au cœur de l’horreur, ne lui proposant aucune échappatoire. C’est là tout le principe du film : sensibiliser le spectateur au danger intérieur.

Après un démarrage un peu trop cousu et répété, Utoya, 22 juillet laisse place à une excellente démonstration du traumatisme : de la peur aux larmes, du choc qui laisse silencieux au rire nerveux… La suite n’est pas montrée, on laisse le spectateur, encore tremblant, se faire une idée de la difficulté que représente ce souvenir pour les survivants. De manière générale, la gestion de la violence est assez admirable : on vit plus le traumatisme des jeunes tapis derrière un arbre que l’on voit de corps qui s’effondrent touchés par des balles. Cette pudeur était aussi judicieuse que nécessaire.

Le film repasse le samedi 15 à 19h15 au Forum des images et sort en salles le 22 décembre, distribué par Potemkine.

Grand prix de la semaine de la critique cette année à Cannes, Diamantino, réalisé par Daniel Schmidt et Gabriel Abrantes raconte l’histoire d’un footballeur très populaire, aussi gentil que naïf et ignorant sur les mauvaises intentions du monde qui l’entoure. Une agente secrète, Aisha, arrive alors chez lui, persuadée qu’il possède des comptes offshores, en se faisant passer pour un adolescent refugié. Aussi farfelu que généreux et intelligent, Diamantino propose une fabuleuse déconstruction de l’image de l’homme viril de publicités et s’afflige des paradis fiscaux comme de la montée de l’extrême droite en Europe à travers les péripéties de son héros bien trop compatissant. Une jolie découverte en ce vendredi 8 septembre – cette nuit on rêvera de chiots poilus géants. Le film était en hors-compétition, dans la sélection Mondovision de l’Etrange Festival.

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Votre humble rédactrice sort quelques minutes de la salle mais ce n’est que pour aller faire la queue pour le film suivant : Meurs, monstre, meurs de Alejandro Fadel, qui était d’ailleurs aussi présent à Cannes, dans la section Un certain regard. Dans une région reculée de la Cordillère des Andes, Cruz, officier de police, mène l’enquête après que l’on ait retrouvé le corps d’une femme décapitée. Très vite, Cruz soupçonne le mari de son amante d’être le coupable. Ce dernier souffre de ce qui semble être de la schizophrénie et ne cesse d’évoquer les actes d’un monstre. Petit à petit, Cruz est embrigadé dans le délire… Meurs, monstre, meurs dispose quelques fois d’excellentes scènes (l’ouverture est un parfait exemple) et de plans édifiants. La réalisation ne semble pas vouloir se repose sur ses lauriers, malheureusement le tout n’est pas très bien articulé. Le film – cette fois en compétition, est rediffusé le 15 septembre à 16h00 au Forum des images.

Et enfin, le vendredi se clôture dans l’antre de l’antre, la salle 100 du Forum des images, avec Happiness Avenue de Katsuyuki Hirano, pour la sélection « 8mm Hachimiri Madness » (la fameuse rétro « punk japonais). C’est une bizarre comédie dramatique japonaise de 1986 dans laquelle, après un échec amoureux, un jeune homme tente de rejoindre une communauté queer dans laquelle tout le monde semble être en happening constant. On notera la présence d’un jeune Sono Sion (dont un de ses premiers films, l’expérimental A man’s flower road avait été diffusé lors de la séance précédente) en acteur.

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