On a terminé

Désenchantée, partie 1: Groening offre autre chose

Beaucoup de critiques négatives pour Désenchantée, la dernière production Groening, le papa des Simpson.

Alors que les Simpsons se portent bien en trente ans d’existence, Matt Groening s’en éloigne un peu (il n’a jamais été vraiment dans l’écriture de toute façon, avec seulement 4 scripts, d’ailleurs on vous conseille l’épisode sur lui de Parlons Simpson) avec Désenchantée, nouvelle série animée Netflix qui parodie les codes les plus éculés des contes de fées et de la SF traditionnelle. Pour quel résultat ?

Dans le royaume de Dreamland, la fille du Roi refuse d’entrer dans le moule. Au lieu d’être la belle princesse prête à marier, elle jure, boit comme un trou et résiste à sa manière à l’écrou d’un destin qu’elle n’a pas choisi. Sa rencontre avec un Elfe et un petit démon ne va pas arranger les choses, alors qu’elle se lance dans des aventures rocambolesques…

Les critiques américaines et françaises ont accueilli assez froidement Désenchantée, dont l’humour est certes pour beaucoup, en tous cas en début de saison, rebattu jusque dans nos frontières avec des fictions comme Shrek ou Naheubleuk. Difficile pour un créateur de se faire sa place dans cet univers aux codes exigeants et déjà trop moqués par une bonne part de la fiction parodique, et la série doit faire valoir un attachement et des éléments qui font son originalité.

L’attachement est bien sûr presque immédiat, le créateur des Simpson est passé maître dans l’art d’écrire des personnages détestables par bien des biais et pourtant instantanément irrésistibles, même pour les plus odieux d’entre eux. Si la princesse pêche un peu dans son aspect archétypal, voir steréotypé (une princesse qui ne s’aime pas dans son rôle ? Du jamais vu, sauf dans Rebelle, Raiponce…), ses sidekicks sont hilarants et développés, entre l’Elfe à la fois insupporté qu’on le ramène toujours à sa taille d’enfant, mais qui en joue également pour obtenir des faveurs affectives, et le démon en forme de chat offrant les meilleures répliques de la série, toutes cyniques et hilarantes. La noirceur de cet objet sériel est aussi réjouissante qu’insoupçonnée.

désenchantée

Du point de vue de la pure adaptation, Désenchantée est si bien menée qu’elle tire toute sa force de ce qu’elle fait de ces histoires vues et revues. Toutes les batailles, conquêtes, croisades sont des non-évènements dans la série, des toiles de fond qui influent à peine sur l’intrigue, toute centrée sur les interactions personnelles des individus qu’on suit. En l’espèce, nous est donc proposé une sorte d’avant goût avant un hypothétique Shrek 5, dont les meilleurs opus étaient déjà entrés sur les individualités plutôt que sur des situations épiques d’ensemble. De plus, la saison est déjà loin de se reposer sur ses gags et ses épisodes manquant au départ d’interconnexion. Un fil rouge sur fond de trahison et de faux-semblants se forme à l’insu du spectateur qui observe, médusé, lors de sa révélation, la richesse thématique de la série. Au fond, comme – excusez la comparaison – The Good Wife avant elle, Désenchantée se cache maladroitement à ses débuts derrière une carapace de simplisme et de facilité pour offrir en fait, une fois la saison parcourue, une vraie proposition narrative. Dans sa forme comme dans son sujet, les apparences y sont trompeuses et bien mal prendrait au spectateur comme aux personnages de s’en contenter.

Sur la forme, Désenchantée n’a rien d’autre pour elle que de grands espaces bien définis et des faciès rappelant souvent certains personnages de Springfield. Rien de très original, donc, même si cette animation à l’ancienne très soignée reste bien sûr plaisante et très fonctionnelle. De plus, elle est handicapée par un format assez absurde, dix épisodes d’une demi heure, pas assez pour débroussailler les tenants et aboutissants des intrigues individuelles mais trop pour sa contenter de simplicité … La maladresse se fait ressentir dans une bonne moitié de la saison et personne ne sera étonné de voir que les meilleurs épisodes sont ceux découpés en deux parties.

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On s’étonne de ce format narratif qui semble imposé et ne permet pas de juger la série sur le fond avant que la saison soit terminée… dans un monde où le spectateur est de plus en plus impatient et sur-sollicité par les créations sérielles. On se demanderait presque si Désenchantée n’est pas déjà dépassée dans sa structure lente et son développement progressif.

Mais, pour peu qu’on s’y intéresse vraiment, la série vaut le coup d’œil. Il faut simplement accepter d’aller la chercher, quand bien d’autres nous cueillent d’elles-mêmes …

Désenchantée est disponible sur Netflix.

AMD

Adrien Myers Delarue

Résidant à Paris, A.M.D est fan de Rob Zombie, de David Lynch et des bons films d'horreurs bien taillés. Sériephile modéré, il est fan de cultes comme X-Files, Lost, ou DrHouse, ou d'actualités comme Daredevil ou Bates Motel.

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